Drogue : 38 % des Français seulement considèrent le cannabis dangereux, 71 % pour l’alcool

Les Français sont-ils dans le déni par rapport à la dangerosité des drogues ? Le cannabis et la cocaïne sont perçus comme de moins en moins menaçants au fil des années, selon une enquête publiée jeudi par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT). Alors qu’à l’inverse, le tabac et l’alcool sont vus comme plus dangereux aujourd’hui qu’en 1999.
L’enquête sur les représentations, opinions et perceptions sur les psychotropes (EROPP) a été réalisée au cours de l’année 2023 sur le territoire hexagonal, sur un échantillon représentatif de 2.718 personnes âgées de 18 à 75 ans.
« Le tabac et l’alcool sont désormais plus souvent perçus comme dangereux, y compris à faible dose », précise l’étude qui montre que 27 % des sondés jugent le tabac dangereux « dès l’expérimentation », contre 22 % en 1999.
Le cannabis considéré de moins en moins dangereux
Pour l’alcool, la part de ceux qui estiment qu’il ne présente de danger « qu’à partir d’une consommation quotidienne » est passée de 84 % à 71 % sur la même période.
À l’inverse, « la dangerosité perçue du cannabis diminue sensiblement » : 38 % des Français le considèrent dangereux dès l’expérimentation, contre 54 % en 1999. Au contraire, la proportion de ceux estimant qu’il ne devient dangereux qu’en cas d’usage quotidien progresse de 28 % à 44 %, précise l’étude.
« En 2023, et pour la première fois depuis la première édition de EROPP, il y a davantage d’adultes qui considèrent que le cannabis est dangereux à partir d’une consommation quotidienne que d’adultes qui pensent que le cannabis est dangereux dès l’expérimentation », conclut-elle.
La consommation de cocaïne pour aider à « s’amuser et à faire la fête »
La cocaïne, dont la notoriété a fortement augmenté des dernières années (74 % de citations spontanées contre 64 % en 2012), est aussi moins souvent perçue comme très dangereuse.
Parmi les personnes en ayant « déjà consommé », 74 % considèrent qu’elle aide à « s’amuser et à faire la fête », et 24 % pensent qu’il est possible de « vivre normalement » en en consommant.
Cette étude « met en évidence l’évolution de la perception de la dangerosité des substances qui ne repose plus uniquement sur leur statut légal, mais de plus en plus sur les pratiques et contextes d’usage », analyse l’OFDT.
En 2023, seuls 20 % des Français citent la drogue parmi les principales préoccupations sociétales, une inquiétude stable depuis 25 ans, devancée par des enjeux comme la pollution qui a « nettement progressé ».

