Donald Trump veut supprimer le penny, faut-il nous aussi en finir avec les pièces d’1 et 2 centimes d’euro ?
![](https://1001infos.net/wp-content/uploads/2025/02/donald-trump-veut-supprimer-le-penny-faut-il-nous-aussi-en-finir-avec-les-pieces-d1-et-2-centimes-deuro.jpg)
Après les migrants, la Chine, Taylor Swift et les « wokes », Donald Trump a une nouvelle cible en tête : le penny. Sur son réseau social Truth, le président des Etats-Unis a annoncé qu’il comptait arrêter la production de cette pièce de monnaie valant un centime de dollar. Le cent, comme il est aussi appelé, est jugé trop coûteux par le locataire de la Maison-Blanche : « Pendant bien trop longtemps, les Etats-Unis ont frappé des pièces d’un cent qui nous coûtent littéralement plus de deux cents. J’ai demandé au secrétaire au Trésor américain d’arrêter de produire de nouvelles pièces d’un cent. Eliminons le gaspillage du budget de notre grande Nation, même si c’est un cent par un cent. »
Aux Etats-Unis, la survie du penny a déjà été remise en question de nombreuses fois, plusieurs textes de loi ayant été présentés au Congrès au fil des années sans être adoptés. Et de notre côté de l’Atlantique, la question du maintien ou non des pièces d’1 ou 2 centimes d’euro agite aussi les débats. Selon un sondage YouGov, 72 % des Européens se disaient en 2022 favorables à leur disparition, et 51 % des Français. La Commission européenne avait prévu leur arrêt au deuxième trimestre 2022, avant de le reporter en décembre de la même année, puis à une date indéterminée.
Des pièces perdues à jamais ?
C’est qu’en Europe comme aux Etats-Unis, « la fabrication des pièces d’1 à 2 centimes coûte très cher », rappelle Bernard Keppenne, chef économique de CBC Banque. Notamment parce que cet argent « disparaît » et ne circule pas, forçant à en produire toujours plus. Illustration. Si vous faites tomber un billet de 20 euros par terre ou qu’une pièce de 2 euros glisse sous votre canapé, il est fort probable que vous ramassiez votre butin égaré. Pour une pièce d’1 à 2 centimes, vous ne ferez sans doute pas l’effort.
Autre argument en faveur de la suppression pour Bernard Keppenne : la tendance est en réalité déjà bien entamée. En 2023, seules 12 % des transactions en France se faisaient en espèces, selon la Banque centrale européenne. D’après une étude menée par la banque ING en 2021, 35 % des Français déclaraient ne pas avoir de cash sur eux dans la vie courante.
Les centimes voient une autre menace planer sur leur existence : « Les entreprises et les commerçants ont de plus en plus de pression de la part des Etats pour arrondir les prix au maximum, afin là encore d’éviter la circulation d’une monnaie inutile et très facilement perdable », poursuit Bernard Keppenne.
L’inflation, gage de survie des centimes
L’heure de gloire des 19,99 euros est-elle alors révolue ? Pas si vite. Car l’inflation qu’a connue le Vieux continent depuis trois ans est venue remettre du crédit dans les petites pièces en cuivre. « Le sujet du prix reste extrêmement sensible », estime Vincent Drezet, fiscaliste à l’Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne (ATTAC). « Et il est quasi-certain qu’au moment de convertir les centimes en dizaine, cela se fera au décile supérieur et non inférieur. Donc une perte de pouvoir d’achat ».
Une perte pour le consommateur, mais aussi pour les commerçants. Bernard Keppenne évoque la fin du « prix psychologique ». A un centime près, lire 9,99 euros plutôt que 10 euros reste bien plus incitatif à l’achat.
Le destin des centimes liés à la valeur de l’euro
Vincent Drezet se réarme d’arguments : En cas de disparition, « il y aurait un impact sur les logiciels de caisses pour les entreprises et des adaptations à faire. Sans compter un réel attachement des Français pour la monnaie, l’importance des petites pièces pour les pourboires ou les personnes en mendicité. Mis bout à bout, on se demande si ce n’est pas beaucoup d’effort pour pas grand-chose. »
Pour Ariane Tichit, économiste spécialiste de la monnaie et enseignante à l’université d’Auvergne, tout va dépendre de la hausse ou de la baisse de l’euro. « Ces petits centimes sont justifiés uniquement s’ils ont une contrevaleur suffisante. Plus un euro a de valeur et est trop »gros » pour acheter un seul produit, plus il se doit d’être divisé. » Elle prend le contre-exemple du bitcoin, « limité à 21 millions d’unités. Dès le départ, ses créateurs ont anticipé l’augmentation de sa valeur et ont prévu dans leur codage des divisions du Bitcoin ».
Jusqu’au satoshi, qui vaut 0,00000001 bitcoin. Et vu qu’un bitcoin pèse désormais plus de 90.000 euros, avoir prévu des divisions étaient salvateurs. « Si l’euro est déprécié, au contraire, il a de moins en moins d’intérêt à avoir des 1 ou 2 centimes. » Une espèce en voie d’extinction donc, mais pas encore disparue.