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Donald Trump permet à la Chine une image « plus verte » qu’en réalité

La Chine s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 7 à 10 % d’ici 2035. En 2024, environ 62 % de l’électricité chinoise est issue de sources non renouvelables.


Dans le désert de Kubuqi, les dunes de sable s’étendent à perte de vue, parsemées de panneaux photovoltaïques. Ces dernières années, la Chine a installé des centaines de milliers de ces structures dans les régions arides du pays. À Ordos, elles couvrent une superficie de 100 km², semblable à celle de Paris. Pour le premier pollueur mondial, l’implantation de panneaux solaires symbolise un tournant vert.

C’est en tout cas ce que Pékin a promis. Mercredi, devant l’ONU, la Chine s’est engagée à diminuer ses émissions de gaz à effet de serre de 7 à 10 % d’ici 2035. Ce nouvel objectif chiffré est un changement, car la Chine s’était précédemment engagée seulement à atteindre son pic d’émission de dioxyde de carbone avant 2030 et une neutralité carbone d’ici 2060. « Il y a, sur le papier, la volonté de se montrer comme une puissance responsable sur le climat », observe Emmanuel Véron, spécialiste de la Chine.

Ces promesses environnementales ont néanmoins déçu de nombreux observateurs. Wopke Hoekstra, le commissaire européen chargé du climat, a qualifié d’« clairement décevant » le niveau d’ambition affiché. Étant donné que la Chine est responsable d’environ un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre (30 %), chaque effort, ou non-effort, de Pékin peut influencer le réchauffement climatique global. Cependant, cet objectif de réduction de 7 à 10 % reste bien en deçà des 30 % nécessaires entre 2023 et 2033 pour parvenir à l’objectif de 1,5 °C de réchauffement climatique.

Pour comparaison, les États-Unis ont connu leur pic d’émissions de gaz à effet de serre en 2007 et ont réussi à réduire celles-ci d’environ 14,7 % une décennie plus tard. Toutefois, le deuxième pollueur mondial emprunte désormais une voie inverse, encouragé par son président. « Tandis que les États-Unis font marche arrière, la Chine cherche à s’imposer comme le leader des énergies vertes », analyse le Washington Post, mettant en lumière le « fossé croissant entre les deux plus grands émetteurs mondiaux ».

La situation est également révélatrice en comparaison avec l’attitude de Donald Trump, qui, à la tribune, n’a pas encensé la lutte contre le changement climatique, la qualifiant de « plus grande arnaque jamais menée contre le monde ». « L’image verte de la Chine prospère sur les discours du président américain, elle semble initiatrice d’un monde plus écologique. Le contraste est efficace », souligne Emmanuel Véron. « Bien que certains pays agissent contre elle, la communauté internationale doit maintenir le cap » sur la transition vers une économie verte et bas carbone, a déclaré Xi Jinping, en référence implicite aux États-Unis de Donald Trump. Le président chinois a également annoncé son intention de multiplier par six la capacité de production éolienne et solaire, tout en augmentant la part des énergies non fossiles à plus de 30 % de la consommation d’ici 2035.

Malgré cela, le bilan reste mitigé. « La Chine s’appuie encore massivement sur des énergies carbonées », note Emmanuel Véron. Selon le think tank britannique Ember, environ 62 % de l’électricité en Chine provient de sources non renouvelables en 2024. « Pékin présente l’image d’une Chine plus verte qu’elle ne l’est réellement. Elle avance sur un certain nombre de sujets, mais demeure le champion de la pollution », conclut le spécialiste. Indépendamment des discours, que ce soit à Washington ou à Pékin, le chemin vers la décarbonation est encore long. Par rapport à l’Union européenne, qui a réduit ses émissions de près de 40 % depuis 1990, ces deux géants de la pollution apparaissent finalement comme des nains sur la voie de l’écologie.