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Discours de mariage, lettre de motivation… Comment l’intelligence artificielle est entrée dans notre vie quotidienne

Lettres de motivation, CV, devoirs, illustrations, chansons, jeux vidéo… Grâce à des instructions simples à donner, le grand public s’est rapidement emparé de ChatGPT et d’autres intelligences artificielles « génératives » de contenus pour des usages du quotidien.

Et ce n’est qu’un début. L’outil peut désormais être utilisé par des entreprises tierces et commence à être intégré dans un nombre croissant d’applications. Et les prochaines semaines verront arriver GPT-4, une nouvelle version plus puissante, et des concurrents chez Google ou Meta (Facebook).

Un véritable « coach de vie »

Des millions de personnes utilisent depuis quelques semaines cet outil d’intelligence artificielle comme boîte à idées jusque dans l’intime. On lui demande de rédiger des lettres de rupture, des témoins de mariage lui commandent leur discours, les créateurs en herbe des scénarios de films ou de livres. Chacun peut s’essayer à des vers dans le style de Victor Hugo.

Des lycéens y ont aussi recours pour leur lettre de motivation pour Parcoursup. L’outil peut aussi traduire ou encore améliorer un anglais bancal. Une lettre à l’administration en langage soutenu ? Il suffit de le préciser dans la requête. « J’ai repéré une annonce en anglais, je l’ai collée dans ChatGPT en lui demandant une lettre de candidature adéquate dans un anglais soutenu », raconte Lucia, jeune sociologue française qui a décroché l’emploi de ses rêves à Berlin.

Des commerciaux lui font également rédiger leur argumentaire. Combinant reconnaissance vocale et ChatGPT, Microsoft a intégré à sa messagerie Teams des comptes rendus automatiques de réunion.

Un outil précieux pour les entreprises

Des grandes entreprises l’utilisent, elles, pour se doter sans efforts de robots conversationnels. Dans la distribution, Instacart, société américaine de livraison, propose d’établir des listes de courses à partir de questions comme « Quel déjeuner sain pour mes enfants ? ».

ChatGPT peut aussi écrire un code informatique à partir de la description d’une tâche – de quoi révolutionner le secteur du logiciel – ou créer un catalogue de produits. Le géant du jouet Mattel a ainsi utilisé une IA pour dessiner de nouvelles petites voitures.

Grâce à ces intelligences, il est aussi possible d’écrire des textes « SEO », c’est-à-dire optimisés pour le référencement par les moteurs de recherche, une compétence recherchée. Ou de corriger les accents, un outil destiné aux call centers… On a aussi vu au Parlement européen ou à la Chambre des communes britannique des élus prononcer un discours rédigé par ChatGPT.

Des IA aussi capables du pire

Côté images, des IA comme Dall-E, MidJourney ou Stable Diffusion produisent à la demande, après avoir ingurgité des milliards de créations d’artistes. Quelqu’un n’ayant jamais tenu un crayon a pu publier un manga, ce qui a fait scandale au Japon. Les productions sont d’autant plus sophistiquées que les requêtes sont élaborées mais des tutoriels foisonnent.

Ces IA sont aussi capables du pire, malgré des garde-fous. Entraînées sur le tout-venant du Web, elles peuvent écrire des textes truffés d’absurdités ou d’agressivité. L’écrivaine Karine Thuil en a fait l’expérience. « En quelques heures, mon Intelligence est devenue pornographe, agressive, perverse. Elle incitait des couples à la séparation, au suicide et au meurtre », raconte celle qui a raconté ses échanges avec l’IA dans une nouvelle savoureuse fin février dans le JDD.

Elle peut enfin créer des fausses informations et des « deepfakes », en générant des vidéos de personnalités, dont elle saura imiter les voix et les visages. Ou créer des mails de « phishing » (hameçonnage) particulièrement convaincants, sans oublier des logiciels malveillants pour des cyberattaques.