France

Diplomatie : Emmanuel Macron annonce une forte hausse des effectifs et des crédits au Quai d’Orsay

Une réforme est allée au bout en ce jeudi agité : celle du ministère des Affaires étrangères. Emmanuel Macron s’est adressé aux diplomates depuis le Quai d’Orsay, à l’occasion de la clôture des Etats généraux initiés il y a six mois pour consulter les agents du ministère sur cette réforme voulue par l’Elysée. Elle prévoit la « mise en extinction » des deux corps historiques de la diplomatie française d’ici la fin 2023 et la création d’un nouveau corps de l’Etat. Les hauts fonctionnaires ne seront plus rattachés à une administration spécifique et pourront en changer en cours de carrière.

« Je sais que je peux compter sur chacun, chacune d’entre vous pour mener les réformes à mener », a déclaré jeudi Emmanuel Macron, qui a aussi appelé à « questionner nos dogmes » et à travailler « en synergie ». Ce projet de réforme avait entraîné une grève rarissime au Quai d’Orsay en juin, les diplomates redoutant une perte de compétences et de prestige du troisième réseau mondial derrière ceux des Etats-Unis et de la Chine.

Un budget porté à près de 8 milliards d’euros en 2027

En contrepartie de cette réforme, l’hôte de l’Elysée a annoncé une forte hausse des effectifs et des moyens alloués au ministère des Affaires étrangères afin de les mettre en « conformité » avec les « ambitions » de la diplomatie française. « Je souhaite un réarmement complet de notre diplomatie », a-t-il souligné, annonçant une augmentation de 700 équivalents temps plein (ETP) entre 2024 et 2027, qui s’ajouteront aux 106 postes supplémentaires prévus cette année. De plus, les crédits alloués au ministère vont augmenter « de plus de 20 % » pour les porter à « 7,9 milliards d’euros en 2027 ».

Pour Emmanuel Macron, cette réforme permettra de gagner en « cohérence », en « agilité » et finalement en efficacité en utilisant les compétences et les expertises y compris d’agents extérieurs au Quai d’Orsay. Son entourage avait invoqué mercredi un « très bon niveau d’adhésion » à la réforme en affirmant que « 60 % des agents concernés » avaient déjà « exprimé le vœu de basculer » dans le nouveau corps des administrateurs de l’Etat.

« C’est de l’enfumage », a réagi un diplomate en poste à Paris qui souhaite garder l’anonymat. Il a souligné que ce « chiffre invérifiable est dû à des raisons purement juridiques », puisque les agents doivent exprimer un potentiel intérêt avant le 1er janvier. « Ce n’est pas parce que vous visitez une maison que vous allez l’acheter », a-t-il ironisé.

Des moyens sur la cybersécurité

L’octroi d’effectifs et crédits additionnels intervient « au moment où la guerre est revenue sur le sol européen, où des réarticulations profondes sont à l’œuvre », a-t-il également fait valoir, en référence à la guerre en Ukraine. Pour Emmanuel Macron, il en va de la « force des démocraties » dans un monde en recomposition, avec la question de savoir « si les autocraties ou les puissances régionales autoritaires » sont plus efficaces que les régimes démocratiques.

La France est en outre confrontée à la montée du sentiment et des narratifs anti-français en Afrique. La cheffe de la diplomatie, Catherine Colonna, avait à cet égard déjà annoncé à l’automne des moyens supplémentaires sur le front de la cybersécurité et de la communication. Quelque 2,5 millions d’euros devaient ainsi être mobilisés pour lutter contre la désinformation en ligne et la propagande hostile, « souvent d’origine russe », avait-elle indiqué devant le Sénat en octobre dernier.