« Dexter : Original Sin » : Pourquoi « Dexter » reste le serial killer le plus populaire du petit écran
Un nouveau sursis pour Dexter ! On l’avait laissé en 2013, lors d’un final complètement foiré, refaire sa vie en bûcheron barbu à chemise à carreaux. On pensait vivre éternellement avec ce final considéré comme l’un des pires de l’histoire des séries. Les dieux de la fiction (et Showtime) l’ont fait réapparaître dans Dexter : New Blood en 2021, un come-back un peu tiède dans lequel il passait la main à son fils et finissait abattu d’un coup de fusil.
Le « Boucher de Bay Harbor » revient sévir à Miami ce jeudi à 21 heures sur Canal+ dans Dexter : Les Origines, une préquelle de la série culte de Showtime. L’action se déroule en 1991, une quinzaine d’années avant la série initiale. Ce nouveau spin-off raconte comment le jeune Dexter Morgan (incarné par Patrick Gibson) est devenu un tueur en série vengeur, comment il a façonné son « code » et comment il a appris à rester sous les radars des forces de l’ordre sous l’égide de son père, Harry (Christian Slater).
Et ce n’est pas fini ! Le serial killer va prochainement ressusciter dans une suite, prévue courant 2025, intitulée Dexter : Résurrection (on peut difficilement faire plus explicite !). Pourquoi vingt ans après le lancement de la série d’origine, Dexter Morgan reste-t-il le serial killer le plus populaire du petit écran ?
« Dexter », un antihéros moralement ambigu
Lorsque Dexter débarque sur Showtime en 2006, la série captive immédiatement les téléspectateurs grâce à un concept innovant et un procédé narratif très audacieux à l’époque : le protagoniste est un antihéros.
Dexter suit l’histoire de Dexter Morgan, un expert médico-légal, spécialisé dans l’analyse des traces de sang, qui travaille pour la police scientifique de Miami. Jusqu’ici, rien de nouveau. Sauf que la nuit, il erre à la poursuite des meurtriers qui ont échappé au système judiciaire afin de les assassiner.
De la cellophane, un couteau ou une tronçonneuse, et une totale absence d’émotion… Un mode opératoire particulièrement méticuleux, qui évoque le générique lancinant et fascinant de la série où l’on voit un rasoir qui glisse sur une joue, un couteau tranchant du bacon, un œuf qui éclate, des gouttes de café filmés en gros plan.
Cette mise en scène reflète le caractère ambivalent du héros, profondément complexe : un expert médico-légal d’apparence normale, timide et charmant le jour, un sociopathe méthodique et soigneux au « code » moralement ambigu (il ne tue que les criminels) la nuit. Du jamais vu dans les drames criminels jusqu’ici !
« Trinity », un des meilleurs antagonistes de l’histoire
L’immense succès de la série tient également à l’interprétation magistrale de Michael C. Hall, qui vient alors d’achever la série phare de HBO, Six Feet Under, et remporte en 2010 un Golden Globe et un Screen Actors Guild Award pour son incroyable performance.
Longtemps considérée comme l’une des meilleures séries de son temps, auréolée de 35 récompenses et 109 nominations, Dexter atteint son apogée lors de l’ultra-tendue saison 4 avec l’introduction de l’antagoniste « Trinity » (incarné par le prodigieux John Lithgow), considéré aujourd’hui comme l’un des meilleurs méchants de l’histoire des séries. Dexter n’aura cessé de se saborder à partir de sa cinquième saison, et finira en eau de boudins en saison 8.
« Dexter », un modèle pour les séries criminelles
La série Dexter a ouvert la voie à une grande vague de séries centrées sur des antihéros et des personnages moralement ambigus : Mad Men, lancée en 2007 sur AMC ou encore Breaking Bad, lancée en 2008 sur AMC.
Le personnage de Dexter Morgan a constitué une sorte de modèle pour les séries criminelles modernes à la télévision : Hannibal, qui suit le Dr Hannibal Lecter, un psychiatre doublé d’un tueur en série, Bates Motel, la préquelle de Psychose, qui aborde également les thèmes de la folie et de la dualité, You, qui suit Joe Goldberg, stalker obsessionnel qui tue pour obtenir l’amour de ses victimes ou encore The Blacklist, qui suit Raymond « Red » Reddington, un criminel qui coopére avec le FBI pour capturer d’autres criminels.
« Dexter », une forte empreinte dans la pop culture
La série Dexter a laissé son empreinte dans la pop culture. Dans l’épisode 8 de la saison 4 des Experts : Manhattan, on voit apparaître une publicité pour la série Dexter placée dans Times Square, tout comme dans un des épisodes de la saison 4 de Californication (autre série de Showtime).
Dans l’épisode spécial Halloween de la saison 23 des Simpson, Ned Flanders est dirigé par une voix mystérieuse qui le pousse au crime… Les meurtres et le générique de fin sont accompagnés par la musique de Dexter.
Dans sa chanson Post Trauma (Groove Sessions II), le groupe français Chinese Man utilise des samples extraits de la série. Dans le titre Same song and dance, Eminem fait référence à Dexter Morgan.
« Dexter », un serial killer plus vrai que nature
Lorsque CBS a annoncé en 2007 rediffuser Dexter en raison de la pénurie de programmes originaux causée par la grève de la Writers Guild of America, le Parents Television Council (PTC) a protesté contre cette décision, arguant que Dexter « devrait rester sur un réseau câblé à abonnement premium » parce que « la série oblige les téléspectateurs à éprouver de l’empathie pour un tueur en série, à l’encourager à vaincre, à espérer qu’il ne soit pas découvert ». En réponse, CBS a ajouté des avertissements.
Il faut dire que le personnage a hélas marqué les esprits criminels. Dexter Morgan est régulièrement perçu comme un modèle, une source d’inspiration et cité dans des interrogatoires d’affaires criminelles partout dans le monde (aux Etats-Unis, en Espagne, en Suède, en Norvège, au Royaume-Uni, etc.) Si le personnage est aussi populaire, c’est probablement surtout parce que Clyde Phillips (le showrunner des saisons 1 à 4) a su parfaitement nous faire entrer dans la psyché malade d’un tueur en série.