Des vacances d’été plus courtes, la copie rêvée par tous les ministres de l’Education et mal notée par profs et parents
Vincent Peillon, Pap Ndiaye, Gabriel Attal, Elisabeth Borne. Ces ministres de l’Éducation passés ou présents ont un point en commun. Tous sont revenus, tôt ou tard, sur la question du nombre de semaines des vacances d’été. La période de repos estivale des élèves français devrait-elle passer de huit à six semaines, comme chez nos voisins allemands ? Enseignants et parents d’élèves ont la réponse. Le débat, lui, est un cercle vicieux que les politiques mettent sur la table à la moindre occasion.
Pour Elisabeth Borne, fraîchement nommée au ministère, pas de temps à perdre. Mardi 14 janvier l’ancienne Première ministre a affirmé au Sénat vouloir lancer « une grande concertation sur le temps scolaire ». Dans un entretien accordé au Parisien deux jours plus tard, elle insiste : « Les coupures longues se traduisent par des pertes de niveau pour les élèves les plus fragiles. » Un argument déjà avancé par Emmanuel Macron en 2023.
Une question déjà tranchée
Pour les syndicats, c’est un éternel recommencement. « Elisabeth Borne lance le débat des six semaines de vacances sans en expliquer les raisons », déplore Guislaine David, co-secrétaire générale et porte-parole du FSU-SNUipp (Fédération syndicale unitaire). Chez les parents d’élèves, le sujet étonne tout autant. « Nous avons été surpris par cette proposition, nous ne comprenons pas pourquoi le débat est encore mentionné », appuie Grégoire Ensel, vice-président de la FCPE (Fédération des Conseils de Parents d’Elèves).
En 2022, Pap Ndiaye alors ministre de l’Education, avait déjà ouvert les concertations. « Le conseil supérieur de l’éducation avait alors mandaté une commission qui avait émis un rapport qui ne faisait pas état de raccourcir les vacances d’été mais de mieux répartir les vacances sur l’année », détaille Guislaine David. Un rapport arrivé sur le bureau du ministère de l’Éducation à l’été 2024.
Pour la syndicaliste, si le débat est incessant c’est parce qu’il est « populaire » et « conflictuel ». « Les temps ont changé, les parents ne sont plus forcément favorables à un rétrécissement des vacances d’été », insiste-t-elle. Et pour cause, la garde alternée, l’offre de loisir sur la période estivale ou encore le réchauffement climatique sont entrés dans l’argumentaire. « Le calendrier scolaire a été pensé pour des impératifs économiques et non pour l’intérêt de l’enfant », regrette Grégoire Ensel, Aujourd’hui on se retrouve à décaler des épreuves du brevet car les classes ne sont pas adaptées aux fortes chaleurs. » Difficile donc, d’imaginer deux semaines de cours supplémentaires en plein été.
Pour le moment les représentants ne sont pas inquiets. La réforme des rythmes scolaires avait déjà fait plouf sous François Hollande à la suite d’une proposition de Vincent Peillon, alors ministre de l’Education. « Je ne pense pas que cette mesure puisse intervenir dans l’état actuel des choses. Mais si c’est le cas, elle n’aurait aucune incidence sur la réussite scolaire des élèves », conclut la porte-parole du NSUipp-FSU. En avril 2024, Gabriel Attal avait déclaré que « les élèves les plus en difficulté » devraient faire leur rentrée deux semaines « avant les autres ». Un dispositif lui aussi passé à la trappe.
Pour contrer la baisse du niveau scolaire des élèves français, syndicat des profs et représentant des parents d’élèves mettent en évidence d’autres urgences au sein des établissements : le manque de professeurs remplaçants, des classes surchargées ou encore, le harcèlement scolaire. De son côté Elisabeth Borne maintient ne pas être « spécialiste » de l’Education nationale.