Des sœurs ne rêvent plus d’une machine pour éviter les tendinites
Les religieuses de l’abbaye d’Echourgnac, qui se transmettent un savoir-faire depuis plus de quarante ans, produisent environ 600 pots de confiture chaque semaine. Dans le but de financer une machine de dosage d’un coût estimé à « un peu plus de 3.000 euros », elles espèrent vendre 2.000 pots de confiture d’ici le dimanche 7 décembre.
C’est un geste précis. Une manipulation relativement simple, mais qui nécessite rigueur et concentration. Plonger le pichet dans une grande cuve en cuivre, le remplir de ce mélange fruité épais chauffé à 110 degrés, puis le verser dans un pot de verre, sans en renverser. Pour éviter de se brûler et ne rien gâcher. Cette action, les religieuses de l’abbaye d’Echourgnac la maîtrisent à la perfection. Depuis plus de quarante ans, ces sœurs trappistines installées en Dordogne perpétuent ce savoir-faire.
« L’atelier de confiserie a été créé après un incendie qui a touché la fromagerie. La communauté a décidé de se diversifier pour ne pas dépendre d’une seule activité », explique sœur Annabelle. La religieuse dirige aujourd’hui la confiserie, d’où sortent environ 600 pots de confiture chaque semaine, vendus uniquement au magasin de l’abbaye. Un succès local qui s’exporte depuis peu sur Internet.
Confrontées à des douleurs physiques dues à ce travail manuel, les sœurs ont pris la décision de vendre une partie de leurs confitures via le site Divine Box, dans le but d’acquérir une machine de dosage. « À force de mettre en pot, on a mal au poignet. Parce qu’on doit prendre le pichet à bout de bras. C’est lourd. Et quand on le répète, ça devient douloureux », admet sœur Annabelle. « Ça nous fatigue beaucoup. On essaie de tourner, pour que ce ne soit pas toujours la même personne qui le fasse pendant trois heures. Mais c’est difficile », confirme sœur Aurore.
### Deux mille pots de confiture à vendre
À cause de ces douleurs, la religieuse a été contrainte de s’éloigner de la confiserie pendant trois mois. Un véritable crève-cœur pour cette communauté catholique, qui vit de prière et de travail manuel. « Notre temps de travail doit s’accompagner de prières. Ce n’est pas juste une production », rappelle sœur Annabelle. Grâce à l’aide de kinésithérapeutes, les religieuses ont pu apaiser leurs douleurs. « Ça va beaucoup mieux maintenant », rassure sœur Aurore.
Pour soulager ce que les médecins appellent des « troubles musculosquelettiques », qui touchent tous ceux qui travaillent à la chaîne, les sœurs souhaitent obtenir une machine. Un simple appareil de dosage serait suffisant pour améliorer leur quotidien. Le coût de l’investissement : « Un peu plus de 3.000 euros. Peut-être un peu plus », précise sœur Annabelle. Une somme triviale pour un industriel, mais un véritable défi pour cette communauté autogérée, qui dépend des ventes de ses fromages, de ses confitures et d’un peu d’hôtellerie.
Pour financer cet achat, les sœurs ont lancé une « opération confitures ». D’ici le dimanche 7 décembre, elles espèrent vendre 2.000 pots de ces délicieuses confitures de fraises, d’abricots-lavande et de poires-gingembre. Ces fruits proviennent du potager de l’abbaye ou sont achetés à des producteurs locaux, et sont proposés en pots de 320 grammes.
### Une connexion « avec le seigneur » mais c’est tout
Pour promouvoir leur vente, les religieuses ont été invitées à se montrer sur la plateforme spécialisée Divine Box qui commercialise leurs produits. Vivant sans télévision, presque sans téléphone portable ni ordinateur, elles ont récemment vu leur visage apparaître sur la plateforme YouTube. « C’était la première fois. Ce n’était pas facile, mais nous avons pris du plaisir », admet sœur Annabelle en riant.
Dans cette communauté cistercienne composée de 19 religieuses âgées de 33 à 90 ans, la prière occupe une place centrale. Les sœurs se lèvent chaque matin à 4h25 pour commencer leur journée dédiée à Dieu, avant de rejoindre leur atelier vers 9h30. Le temps libre ? Il est rare. Mais contrairement à la majorité des Français, elles ne l’utilisent pas sur leur téléphone. « Normalement, nous ne utilisons presque jamais les réseaux sociaux ou Internet. » Sœur Annabelle préfère se connecter « avec le seigneur » plutôt que de se perdre sur la Toile mondiale. « Nous utilisons très peu les téléphones portables ici. C’est un choix de communauté. Les sœurs préfèrent se concentrer sur leur vie monastique », souligne la religieuse. L’urgence d’obtenir cette machine les pousse à s’ouvrir au reste du monde.

