France

Des restaurants rouvrent à Gaza : « Une source d’espoir » malgré la famine

Le restaurant Al-Saada Shafout a rouvert à Gaza quelques mois après avoir été partiellement détruit en octobre 2023, alors que la guerre a éclaté. Hossam Azzam a indiqué que Gaza continue de souffrir de la famine et d’une grave crise alimentaire, soulignant que la situation actuelle ne permet pas de nier cette réalité.


« Les Palestiniens se sont rapidement remis de la famine et du génocide. C’est presque comme si rien de tout cela n’était arrivé. » Ce message circule sur les réseaux sociaux depuis plusieurs jours.

Accompagné de vidéos d’un restaurant moderne qui reçoit de nombreux clients, tant en terrasse que dans la salle, on y voit même ce qui ressemble à une broche à kebab.

De quoi susciter des réactions en ligne : « On a crié à la famine pendant des mois dans tous les médias alors que tout était faux. » Mais que sait-on de cette vidéo devenue virale ?

FAKE OFF

Contrairement à certaines affirmations, il ne s’agit pas d’une vidéo générée par intelligence artificielle. Grâce à une recherche d’image inversée, on retrouve la vidéo originale sur la page Instagram du restaurant concerné, le restaurant Al-Saada Shafout. Elle a été publiée le 24 octobre dernier. 20 Minutes a pu s’entretenir avec l’un des responsables, qui confirme l’authenticité de cette vidéo tournées il y a seulement quelques jours dans leur établissement.

« En octobre 2023, la guerre a éclaté sur la ville de Gaza et le restaurant a été partiellement détruit. Nous avons continué à y travailler jusqu’à ce qu’il soit complètement détruit, au milieu de l’année 2024 », détaille la personne qui a repris le restaurant avec ses frères, après qu’il a appartenu à leurs parents et avant à leurs grands-parents.

« Tout s’est arrêté jusqu’au milieu de l’année 2025. Nous avions décidé de reprendre le travail dès que les conditions le permettraient », explique Hossam Azzam. « Nous avons alors choisi de rouvrir le restaurant ailleurs dans la ville de Gaza, à un endroit qui n’avait pas subi de dégâts importants, dans le quartier animé et économique de Rimal. »

Les prix multipliés par dix

Cependant, ce restaurant est loin d’avoir retrouvé son ambiance d’avant-guerre. Son inauguration après rénovation avait eu lieu quelques mois avant le début des bombardements, et il était alors un établissement luxueux et « très connu dans Gaza ». Aujourd’hui, les propriétaires doivent composer avec les réalités du terrain.

« Nous avons commencé à travailler en fonction des produits disponibles sur les marchés. Lorsque de la viande est accessible, nous l’achetons et la vendons, même si son prix a été multiplié par dix par rapport à son prix normal avant la guerre », précise-t-il. Et d’ajouter : « Nous ne stockons pas les marchandises. Par exemple, la viande doit être réfrigérée, ce qui nécessite des réfrigérateurs et de l’électricité, deux choses absentes à Gaza. Nous travaillons donc selon les passages frontaliers. »

La réouverture de ce restaurant ne peut en aucun cas servir à nier l’existence de la famine. Comme Hossam Azzam l’a expliqué, cette réouverture se fait dans des conditions exceptionnelles et difficiles.

« Gaza continue de souffrir de la famine et d’une grave crise alimentaire »

Données médicales, témoignages, images… La famine à Gaza est aujourd’hui avérée et largement documentée. Elle a été déclarée par l’ONU le 22 août, après des mois d’alerte des associations humanitaires présentes sur place. Cette déclaration repose sur des critères clairs : un outil appelé « Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire », ou IPC, a été mis en place en 2004.

« Gaza continue de souffrir de la famine et d’une grave crise alimentaire, ainsi que de la hausse des prix », souligne Hossam. « Malgré les images que nous montrons de la vie, de la présence de restaurants, ce n’est que le côté positif, mais il y a de nombreux aspects négatifs dont personne ne se soucie. Pour moi, la nourriture que nous servons est une source d’espoir pour les citoyens, même si les prix sont élevés. »

Il convient toutefois de rester vigilant. Bien que le restaurant Al-Saada Shafout ait réellement rouvert, des vidéos d’autres établissements circulent sur les réseaux sociaux et peuvent avoir été générées par intelligence artificielle. Des comptes pro-israéliens les partagent pour promouvoir le discours du gouvernement israélien et pour minimiser la situation des Gazaouis, qui, elle, ne souffre d’aucun doute.