Des manuscrits inédits de Jean Jaurès découverts dans un grenier
Au printemps, un habitant de la région de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) s’est présenté à Pierre-Guillaume Klein lors d’une journée d’expertise gratuite avec une boîte en bois contenant des documents signés de Jean Jaurès. Les écrits inédits mis à prix sont évalués entre 80 et 2.000 euros et seront vendus aux enchères ce lundi après-midi.
Tout commissaire-priseur vous affirmera que des trésors inattendus se trouvent parfois dans vos greniers. Pierre-Guillaume Klein en a eu la confirmation au printemps dernier lorsqu’un habitant de la région de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) s’est présenté lors d’une journée d’expertise gratuite avec une boîte en bois mystérieuse étiquetée « Réserve de linge. » À l’intérieur se trouvait un mélange de vieux papiers un peu jaunis par le temps, apparemment sans grande valeur. « Cependant, certains étaient signés Jean Jaurès, ce qui a intrigué mon client », explique-t-il.
Après un long travail d’expertise mené par un spécialiste des manuscrits, le verdict est tombé. Surprise : les lettres, discours et cartes qui dormaient depuis des années dans un grenier étaient bel et bien signés de la main de Jean Jaurès, une figure majeure de l’histoire politique et fondateur du socialisme français. Au total, une trentaine de documents dans lesquels ce grand orateur exprime sur papier, avec un verbe puissant, ses valeurs d’humanisme et d’universalisme.
« À vous tous citoyens, à vous tous les travailleurs des champs et des ateliers, d’user pour votre libération, par les réformes, par la République sociale, de cet instrument du suffrage universel que l’ennemi voulait briser en ses mains », peut-on lire dans un discours manuscrit signé et non daté, trouvé dans la boîte. « Ce sont des pièces historiques majeures et inédites », s’enthousiasme Pierre-Guillaume Klein.
Parmi les documents rares, on trouve un hommage posthume de Jean Jaurès à Émile Zola ou des manuscrits écrits en 1899, en plein procès Dreyfus, dont il a ardemment défendu la cause. « C’est d’ailleurs émouvant que ces écrits ressurgissent à Rennes, où s’est tenu le procès en révision du capitaine Dreyfus », souligne le commissaire-priseur associé chez Ouest Enchères Publiques, qui organise ce lundi après-midi une vente aux enchères de ce lot. « C’est la première fois que je présente des documents historiques et politiques », confie l’expert. « Je ne sais pas comment le marché va réagir, mais on sent que cette vente suscite un intérêt. »
Plus de 110 ans après la mort de Jean Jaurès, assassiné le 31 juillet 1914 par un nationaliste dans un café en plein cœur de Paris, qui se décide à débourser pour acquérir ces écrits inédits mis à prix entre 80 et 2.000 euros ? « On peut imaginer des personnes de gauche ou proches des valeurs défendues par Jean Jaurès, des historiens, des musées, des institutions ou les Archives nationales », suggère Pierre-Guillaume Klein. « Nous ferons le bilan lundi soir, mais cette vente offre en tout cas l’opportunité à toutes les bourses d’acquérir un petit morceau d’histoire. »

