France

Des établissements scolaires catholiques invitent des associations anti-avortement.

L’enseignement catholique a été alerté par le Snes-FSU et le Fep-CFDT concernant l’intervention d’associations éloignées des principes du programme d’éducation à la sexualité promu par l’Education nationale. Le ministère de l’Education nationale rappelle que l’éducation à la vie affective et relationnelle, et à la sexualité est « une obligation légale » qui « s’impose à l’ensemble des établissements, publics comme privés sous contrat ».


L’enseignement catholique cherche-t-il à imposer son propre programme d’éducation à la sexualité, en contradiction avec ses obligations de conformité à celui de l’Éducation nationale ? Les alertes se multiplient. Après des déclarations ambiguës du nouveau secrétaire général de l’Enseignement catholique et la publication d’un document ressemblant à un programme alternatif, révélé début septembre et ayant suscité l’inquiétude du Snes-FSU, c’est désormais le Fep-CFDT qui exprime ses préoccupations.

Lors de sa conférence de rentrée, le syndicat, l’un des principaux acteurs de l’enseignement privé, a mentionné avoir reçu plusieurs témoignages de professeurs signalant que l’enseignement catholique prévoyait de faire intervenir des associations promouvant un discours très éloigné des principes du programme de l’Éducation nationale pour l’éducation à la sexualité. Ce programme, publié en février dernier et mis en application dès cette rentrée, enseigne aux enfants à « repérer les stéréotypes dans les catalogues de jouets, dans les publicités, le choix des couleurs dans les emballages, etc. ».

Concernant les interventions en éducation à la sexualité, certaines sont programmées par l’association Cycloshow-XY dans des lycées en Rhône-Alpes et en Picardie, malgré son programme ne correspondant pas aux attentes. Cycloshow-XY, fondée par le Dr Elisabeth Raith-Paula, militante allemande anti-IVG, soutient la « contraception naturelle », correspondant à l’absence de contraception. À travers ses documents, l’association promeut des ateliers genrés, en opposition avec la déconstruction des stéréotypes de genre prônée par votre ministère. Un flyer rose-orange annonce des ateliers mère-fille axés sur la « beauté du cycle féminin », tandis qu’un autre bleu-vert propose des ateliers « père-fils » pour « se préparer à la mission amour et vie ».

Dans un autre établissement, une ancienne membre du Cler, défendant une « méthode de régulation naturelle des naissances », doit dispenser le cours d’éducation à la vie affective et relationnelle et à la sexualité (evars), selon le témoignage d’une responsable syndicale en Picardie.

Les informations concernant le recours à des associations non agréées et éloignées des valeurs du programme s’ajoutent à d’autres préoccupations, notamment des propos du nouveau secrétaire général de l’enseignement catholique, Guillaume Prévost, qui semble vouloir adapter le programme aux perspectives catholiques. Le 27 août, l’Enseignement catholique a également publié un document intitulé « Comment grandir heureux ? L’Éducation affective relationnelle et sexuelle dans les établissements catholiques d’enseignement : éléments de discernement », qui produit une sorte de programme bis de celui de l’Éducation nationale, évoquant la « valorisation de la différence entre les sexes », un principe défendu par des groupes tels que le Syndicat de la famille, ex-Manif pour tous.

Cette publication a provoqué une réaction du SNES-FSU, qui estime qu’elle « développe sur dix pages toutes les façons d’échapper à la mise en œuvre de l’EVARS ». Dans un communiqué, le syndicat demande au ministère et à la direction des affaires scolaires de « exposer sa méthode et les mesures prises pour contrôler effectivement la pleine application de l’EVARS dans le privé sous contrat ».

De son côté, le ministère rappelle que l’éducation à la vie affective et relationnelle, et à la sexualité est une « obligation légale » imposée à tous les établissements, qu’ils soient publics ou privés sous contrat. « Les associations non agréées n’ont donc pas vocation à intervenir dans le cadre de l’EVARS », indique le ministère dans une réponse adressée à 20 Minutes.

Concernant les établissements issus d’une stratégie pour contourner cette obligation avec des interventions en dehors des séances d’evars, le ministère précise : « En cas de projet éducatif spécifique proposé par les équipes éducatives de l’établissement privé sous contrat, celui-ci ne peut en aucun cas remettre en cause les contenus du programme d’éducation à la vie affective et relationnelle, et à la sexualité ».