France

Des clips de rap de Lacrim à l’Afrique du Sud… Dans les pas de Ysis et Yoda, deux lions sauvés par un refuge lyonnais

«Tu dis au revoir aux lions ? ! », demande Marjelaine, 33 ans, à son fils Charly, 2 ans. Ce matin-là, elle était « l’une des premières » visiteuses du parc zoologique de Saint-Martin-la-Plaine, à une quarantaine de kilomètres de Lyon. « On voulait profiter une dernière fois d’Ysis et Yoda, on les a connus alors qu’ils n’étaient que des bébés donc ça fait forcément quelque chose de les voir partir. Mais on a bien profité de cette dernière journée avec eux ! », s’exclame cette habituée des lieux.

Ce lundi, Ysis et Yoda, deux lions de l’espace zoologique, vont être transférés vers un sanctuaire en Afrique du Sud, cinq ans après leur arrivée, un périple sui sera suivi par 20 minutes de bout en bout. « C’est à la fois un grand plaisir de les voir partir, parce qu’ils vont avoir une nouvelle vie, affirme Patricia, bénévole pour le parc depuis 2022. Mais d’un autre côté, c’étaient les petits chouchous d’ici, donc on a un petit pincement au cœur. Ça va faire un grand vide. »

Utilisés pour les réseaux sociaux et les clips du rappeur Lacrim

En effet, Ysis et Yoda sont devenus des « emblèmes » du parc zoologique. Ils sont arrivés alors qu’ils n’avaient que cinq mois, en 2020, sauvés par la Fondation 30 millions d’Amis. « Ces lionceaux ont été retrouvés le 31 décembre 2019 dans des cages pour chats devant un parc animalier près d’Aix-en-Provence », précise Alexandre Blanchon, responsable communication et porteur du Roar Project.

« Les animaux étaient détenus par un rappeur qui les utilisait pour ses clips et ses réseaux sociaux. Ce dernier a chargé des complices de s’en débarrasser », poursuit-il. Le rappeur en question, Lacrim, avait d’abord demandé à trois complices de tenter les vendre, « quelques milliers d’euros ». Sans succès, les lionceaux ont alors été abandonnés.

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En juillet 2022, ces trois personnes ont été condamnées à de la prison ferme pour « détention et transport d’espèce non-domestique sans autorisation, et abandon d’animal ». L’artiste, qui n’a pas été mis en cause dans l’affaire, avait publié sur Snapchat des vidéos de lui avec deux lions lui léchant le visage. Selon France 3, il les avait nommés « Simba » et « Nala ».

Peu d’informations sur l’origine des animaux en raison du trafic

« Le problème avec ces trafics, c’est que les animaux restent très imprégnés par l’humain, souligne le responsable communication de Tonga. Quand Ysis et Yoda sont arrivés, il fallait encore les nourrir au biberon tout en réduisant peu à peu le contact. Ils ne manquaient pas une occasion d’être près de nous. Il a aussi fallu qu’on leur réapprenne à être indépendants et à canaliser leur énergie. Comme ils n’avaient pas eu le sevrage de leur mère, ils ne savaient pas contrôler leur force dans leurs actions, ni en jouant. »

Ysis et Yoda, à leur arrivée à Saint-Martin-la-Plaine, en 2020.
Ysis et Yoda, à leur arrivée à Saint-Martin-la-Plaine, en 2020. - Tonga terre d’accueil

Des analyses génétiques ont permis de révéler qu’ils étaient frères et sœurs. « On voyait qu’ils étaient très proches, qu’ils ne s’éloignaient jamais », se rappelle Alexandre Blanchon. Mais à l’exception de ce lien de parenté, l’association n’a que très peu d’informations sur leur vie passée ainsi que sur leur origine.

« On sait simplement qu’ils ont été arrachés à leur mère, puis vendus sous le manteau. Je le rappelle mais on n’achète pas des lions, c’est interdit, tout comme la détention ou le transport. Ce sont donc des animaux qui sont certainement nés en captivité, en Europe ou dans des cirques en France, on ne sait pas. »

Des journées rythmées par « la nourriture » et des visites

Une fois à Saint-Martin-la-Plaine, Ysis et Yoda ont été déplacés du refuge, – endroit où vont les animaux recueillis avant d’être transférés –, pour être installés dans l’enclos du parc zoologique, à la suite de la mort d’un lion. « C’était l’occasion de les placer dans un plus grand terrain de jeu que les installations de l’association pour qu’ils puissent se dépenser et s’amuser », précise Alexandre Blanchon. Ils ont été rejoints quelques mois plus tard par un troisième lionceau, également victime du trafic, Yembé.

« Depuis cinq ans, leurs journées sont rythmées par de la nourriture, beaucoup de repos, résume Alexandre Blanchon. Et par les visites ! Certains enfants ont d’ailleurs grandi avec eux ! »

Notre dossier sur les animaux

À l’occasion du départ des lions, des centaines de visiteurs sont venues participer aux activités proposées par le parc. Devant les vitrines de l’enclos, Laëtitia prend « une dernière photo ». « Il est trop mignon là, avec ses yeux plissés et sa tête posée sur le morceau de bois », lance-t-elle. « On ne les reverra plus mais c’est pour quelque chose de mieux, un retour à leurs origines, donc on est content », dit-elle avec un sourire.

Dans quelques heures, Ysis et Yoda feront plus de 13.000 km pour être recueillis dans un sanctuaire, au nord de l’Afrique du Sud, dans un espace de 5 hectares. Une aventure à suivre sur 20 Minutes.