France

Dénonciation de l’accord de 1968 : le RN vote son premier texte.

Les députés ont adopté ce jeudi une proposition de résolution du Rassemblement national visant à « dénoncer » l’accord franco-algérien de 1968, avec 185 voix contre 184. Le leader du parti Renaissance, Gabriel Attal, était absent lors du débat et du vote, tandis que seulement 40 députés de son groupe étaient présents, dont 30 ont voté contre le texte.


Un cap historique a été franchi par l’extrême droite à l’Assemblée nationale. Ce jeudi, les députés ont adopté une proposition de résolution du Rassemblement national (RN) visant à « dénoncer » l’accord franco-algérien de 1968. Cette victoire, la première de l’histoire du RN, a été obtenue avec une marge très étroite, 185 voix contre 184, grâce au soutien des groupes Les Républicains (LR) et Horizons.

Le RN a réussi à imposer son sujet à l’ordre du jour lors de sa « niche » parlementaire, marquant ainsi un succès sans précédent dès son premier texte. L’enjeu est d’autant plus symbolique : il concerne la dénonciation de la convention de 1968, qui prévoit des dispositions spécifiques pour les Algériens en matière d’immigration et de séjour en France.

L’union des droites a permis ce vote serré, avec le soutien total des députés de Marine Le Pen et de son allié Éric Ciotti, ainsi que de la moitié des membres des groupes LR et Horizons. Laurent Wauquiez, le chef des élus de droite, a justifié ce soutien en affirmant : « Quand le RN porte des projets ou des convictions que nous partageons, il n’y a aucune raison […] de ne pas voter ce que nous voulons pour notre pays », rappelant qu’une résolution similaire avait été présentée par sa formation il y a deux ans.

Du côté de Horizons, le député Sylvain Berrios a également exprimé, « nous demandons cette dénonciation », décrivant ce texte comme « un mandat donné au gouvernement pour qu’il fasse son travail ». Toutefois, le ministre des Relations avec le Parlement, Laurent Panifous, a souligné que l’exécutif souhaitait « privilégier la voie de la renégociation dans le cadre d’un dialogue exigeant avec l’Algérie », précisant que Paris n’aurait « rien à gagner à une aggravation de la crise » déjà prévalente avec Alger.

Marine Le Pen, satisfaite, a ajouté : « il faut que le gouvernement tienne compte du vote de l’Assemblée nationale », qualifiant cette journée d’« historique » pour son parti, dont les propositions ont traditionnellement rencontré une forte opposition au Palais Bourbon.

La gauche a tenté de contrer cette avancée, dénonçant à l’instar du député insoumis Bastien Lachaud, les « lubies racistes » et l’« obsession morbide » du RN qui « rejoue à l’infini la guerre d’Algérie ». Laurent Lhardit, socialiste, a renchéri : « Votre histoire, c’est celle d’un parti qui ne prospère que sur la haine de l’autre. Hier les juifs, aujourd’hui les Arabes, et demain à qui le tour ? » L’écologiste Sabrina Sebaihi, également franco-algérienne, a accusé le RN et ses alliés d’être « la dernière survivance politique de la haine coloniale ». Toutefois, les quatre groupes de gauche, y compris les communistes, n’ont pas su rassembler suffisamment de voix, obtenant 143 votes contre le texte sur un total de 195.

Les critiques se sont particulièrement concentrées sur Gabriel Attal et son groupe Ensemble pour la République, qui n’ont fait présence qu’avec 40 députés (sur 92), dont 30 ont voté contre. Le leader du parti Renaissance, également absent durant le débat et le vote, avait pourtant lui-même appelé à dénoncer l’accord de 1968. Olivier Faure, le patron du PS, a réagi en demandant : « Ils étaient où les macronistes ? » La cheffe du groupe écologiste, Cyrielle Chatelain, a quant à elle affirmé que « cette voix qui nous a manqué pour faire face au RN, c’est celle de Gabriel Attal ».

Suite à cet événement marquant, le RN espère obtenir une seconde victoire avec sa proposition de loi pour rétablir le délit de séjour irrégulier, qu’il considère « majoritaire au sein de l’Assemblée », selon Marine Le Pen. Le RN prévoit également d’autres initiatives, comme un texte pour « limiter les frais bancaires », inspiré par une initiative communiste, et un autre pour la « gratuité des parkings d’hôpitaux », également revendiqué par La France Insoumise (LFI). L’embarras suscité se ressent, le député LFI Éric Coquerel a indiqué que son groupe a pour « règle de ne jamais voter un texte du RN » mais pourrait envisager « de ne pas participer au vote ».