Défense : Le canon Caesar français obtient des commandes internationales
Le 8 décembre, la Croatie a acheté 18 systèmes d’artillerie Caesar MkII et quinze véhicules blindés Serval pour un total de 320 millions d’euros. La Lituanie a, quant à elle, commandé 30 nouveaux Caesar pour 252 millions d’euros, portant à 48 le nombre de Caesar MkII en service dans ses forces.
Le canon Caesar français continue de susciter l’engouement à l’international. Dans une même semaine, la Croatie a signé le 8 décembre une commande pour 18 systèmes d’artillerie Caesar MkII ainsi que quinze véhicules blindés Serval, pour un montant total de 320 millions d’euros. Par ailleurs, KNDS France a annoncé ce jeudi que la Lituanie avait également passé commande pour 30 nouveaux Caesar, pour un total de 252 millions d’euros. « Ce nouveau contrat portera ainsi à 48 le nombre de Caesar MkII en service au sein des forces lituaniennes », a indiqué KNDS dans un communiqué.
Avec cette nouvelle commande, plus de 800 canons Caesar ont été livrés à 15 pays, selon les informations de La Tribune. Les principaux acheteurs à l’étranger comprennent l’Arabie saoudite (156 exemplaires), l’Ukraine (90 et 49 cédés), la République tchèque (62) et l’Indonésie (55). À ce jour, plus de 470 exemplaires ont déjà été livrés.
### « Capable de tirer six coups en une minute, puis de quitter la zone »
Cette situation montre que la France ne se limite pas à vendre des Rafale ou des frégates, mais se démarque également dans le domaine de l’armement terrestre, un secteur où elle est parfois critiquée. Le succès du canon Caesar repose principalement sur sa « fiabilité », qui a été éprouvée depuis le début de la guerre en Ukraine. En tant que principal fournisseur d’armement terrestre à l’Ukraine, KNDS bénéficie d’un retour d’expérience sur le terrain, avec près de 120 Caesar déployés dans le pays.
Le taux de destruction du Caesar, qui se déplace sur roues, « est d’environ 11 % en Ukraine alors qu’il va jusqu’à 50 % pour certains systèmes, plus lourds et souvent chenillés », affirme KNDS. Le canon « a déjà prouvé sa robustesse, sa fiabilité, et la simplicité de sa maintenance aussi bien en contre-insurrection qu’en conflits de haute intensité. Le Caesar allie rapidité et précision, puisqu’il est capable de se positionner en batterie, de tirer six coups en une minute, puis de quitter la zone ».
### Nouvelle cabine blindée et moteur plus puissant
Depuis l’entrée en service du premier Caesar (acronyme de « camion équipé d’un système d’artillerie ») en 2008, ce système a démontré son efficacité en Afghanistan, au Mali et en Irak, et continue d’évoluer. La nouvelle version MkII apporte plusieurs améliorations, s’adaptant notamment aux exigences actuelles en Ukraine, où il doit surmonter des défis posés par la transparence du champ de bataille, engendrée par les satellites et les drones.
La nouvelle génération du système d’artillerie français, équipée d’un canon de 155 mm, bénéficie « d’une meilleure motorisation ainsi que d’une cabine blindée offrant une protection renforcée contre les mines, les IED [Improvised Explosive Device, engins explosifs improvisés], les éclats d’obus d’artillerie, et surtout contre les munitions téléopérées, qui représentent une menace significative pour les pièces d’artillerie depuis le début du conflit en Ukraine », souligne le fabricant. « Enfin, son architecture numérique a été entièrement retravaillée, permettant de meilleures performances en matière d’interopérabilité, de cybersécurité et d’intégration de divers systèmes de contrôle des feux ».
Cette nouvelle génération MkII a déjà été commandée par la France, la Belgique, la Slovénie et la Croatie, en plus de la Lituanie, et « fait l’objet de la signature de lettres d’intention par la Bulgarie et le Portugal », selon KNDS.
### Mobilisation de 150 milliards d’euros par la Commission européenne pour le réarmement des pays de l’UE
Pour faire face à cette augmentation de commandes, l’usine KNDS de Bourges a triplé sa production du canon Caesar depuis le début de la guerre en Ukraine et se prépare à augmenter encore sa cadence. C’est dans cet immense atelier que sont fabriqués les canons de neuf mètres de long qui équipent les Caesar. Ces derniers sont assemblés sur le site KNDS de Roanne, où la production passera à six Caesar par mois en 2024, puis à huit cette année, contre une moyenne de deux avant 2022.
L’achat des Caesar par les États membres de l’Union européenne (UE) est également rendu possible par le programme Safe (Security for action for Europe). Cet accord doté de 150 milliards d’euros vise à faciliter les achats communs d’armements et à encourager l’industrie de défense européenne. La Croatie bénéficie d’un budget d’environ 1,7 milliard d’euros dans ce cadre, tandis que la Lituanie reçoit plus de 6,3 milliards.
Bien que l’Allemagne, notamment avec le puissant industriel Rheinmetall, souhaite s’imposer comme le leader du réarmement en Europe, la France se positionne également comme un acteur clé du réarmement européen et « joue un rôle central dans le renforcement d’une base industrielle et technologique de défense européenne (BITDE) crédible, autonome et souveraine », selon un communiqué du ministère des Armées daté du 1er octobre dernier. En 2024, la France demeurait le deuxième exportateur d’armement au monde, principalement grâce à son secteur aéronautique.

