« Danse avec les stars » : « Je me suis protégé en me réfugiant dans la danse », confie Christophe Licata
Au fil des 13 saisons de « Danse avec les stars », Christophe Licata est devenu l’un des piliers de l’émission, comptant parmi les danseurs emblématiques de la compétition sur TF1. Ce lundi, dans un livre intitulé Révélation(s), 13 saisons, et après ? (Leduc) , il se confie sur cette passion qui a bouleversé sa vie dès l’enfance et dévoile « les bons comme les mauvais moments » de sa participation à « DALS ».
« Les gens ne voient que la partie visible de l’iceberg mais il y a tout un travail interne que j’avais envie de partager », précise-t-il. Dans un chapitre, il révèle notamment la manière dont il a vécu « l’affaire Inès Reg-Natasha St-Pier », la vive polémique qui a secoué l’édition du programme l’an dernier ainsi que son amertume d’avoir raté une fois encore la victoire. Christophe Licata a répondu à nos questions.
Vous vous confiez sur votre enfance et votre décalage avec les autres enfants de votre âge. Une période particulièrement difficile pour vous ?
Je ne me sentais pas à ma place, pas comme eux, pas accepté, un peu comme un extraterrestre. La scolarité a été compliquée pour moi, de la maternelle jusqu’au lycée. Je n’étais pas du tout populaire, j’étais mis de côté et en parallèle j’excellais dans la danse, j’avais cette double facette.
La découverte de la danse a-t-elle changé votre vie ?
Clairement. Même avant que je commence la danse, quand ma sœur faisait du jazz et du classique. Lors d’un de ses galas de fin d’année, j’ai dit à ma mère qu’un jour je serais sur les planches. C’était en moi. Le spectacle m’a toujours attiré. Ça a été un refuge et je me trouve très chanceux d’avoir trouvé ma voie si tôt. Quand on vit du harcèlement scolaire parfois on n’a pas d’échappatoire. Mon moyen de m’évader, de respirer et d’adoucir tout ça, c’était la danse. Mais je ne disais pas que je dansais à l’école, c’était mon jardin secret. Sinon ç’aurait été pire.
La danse a longtemps souffert de préjugés, en étant perçue comme une discipline réservée aux filles. Est-ce que cela a changé ?
Un peu, pas assez à mon goût. En plus, moi je faisais de la danse de salon, perçue comme la danse de papys et mamies et des bals musette… Aujourd’hui, la vie a changé, tant mieux. J’ai eu une école de danse pendant sept huit ans et je l’ai vu, les parents ont moins peur de mettre leurs enfants à la danse, leurs garçons en tout cas.
Vous expliquez que le milieu de la danse de salon peut être très compétitif, dès le plus jeune âge. A l’image du patinage artistique ?
Exactement. On te mouille tes chemises avant de danser, on te cache tes chaussures, on te coupe les tenues… Après, je pense que c’est ce qui a fait aussi mon caractère. Je me suis fait mouiller la chemise mais j’ai gagné la compétition. Il était hors de question que je ne la remporte pas. Des coups bas comme ça, il n’y en a pas que dans le patinage ou dans la danse, il y en a dans le monde du sport, des miss… C’est mauvais et ce n’est pas beau mais ça fait partie du truc.
Dans « DALS » aussi, il y a beaucoup de compétition. Vous racontez que le stress et la pression sont parfois difficiles à gérer. Les tensions sont-elles vraiment fréquentes ?
A un moment donné, on montre son vrai visage. Les tensions que j’ai pu avoir avec certaines partenaires ont fait que j’ai pu voir leurs vrais caractères. C’est aussi ce qui m’a permis de créer de véritables relations avec ces personnes et de garder contact avec elles toutes. Le fait d’être ensemble dans une aventure comme ça, la fatigue, les barrières explosent, on rentre dans l’intimité de la personne et on crée une relation sincère et durable.
Vous évoquez aussi une nouvelle génération de danseurs apparue au fil des saisons, plus jeunes et très sûrs d’eux. L’émission est-elle devenue de plus en plus compétitive ?
Ça a toujours été comme ça. Quand on arrive, au début on ne sait pas à quoi s’attendre et ce qu’on va devoir faire. Certains jeunes sont arrivés sûrs d’eux mais ils se sont vite rendu compte que « DALS » n’est pas qu’une compétition de danse, d’autres critères sont importants, comme le fait d’être psychologue, de gérer les caméras… Et en cela la maturité aide pas mal. Mais ça reste des gens que j’apprécie énormément et ce sont désormais comme des petits frères ou des petites sœurs.
Dans un chapitre, vous revenez sur « l’affaire Inès Reg/Natasha St Pier ». Pourquoi avoir décidé d’en parler maintenant ?
Je raconte chaque saison avec chaque partenaire. La dernière était avec Inès Reg. Mais ce n’est pas un livre sur le clash entre Inès Reg et Natasha St-Pier, c’est une parenthèse. C’est un journal intime pour moi, je raconte des choses que je n’ai jamais dites à personne. Ça a été thérapeutique. Je parle de cette histoire parce que ça fait partie de l’aventure mais c’est du passé et j’ai envie d’avancer.
En avez-vous parlé avec Inès Reg avant d’écrire ce livre ?
Je n’ai demandé l’avis de personne, j’ai voulu écrire mon histoire. Le chapitre Inès Reg ne parle pas que de ça, je suis aussi très fier de ce qu’on a fait artistiquement parlant.
Vous avez peur que cette histoire fasse de l’ombre à cela ?
Ce serait dramatique pour moi. C’est ce dont je suis le plus fier et je me suis accroché à ça pour m’en sortir face à l’acharnement médiatique qu’on a pu vivre, aux critiques des gens, aux réseaux sociaux… Je me suis protégé en me réfugiant dans la danse. Mais je pense que les gens se rappellent qu’Inès Reg dansait bien.
Il y a aussi cette agression que vous avez gardée secrète…
Cela a été traumatisant et je n’ai voulu en parler à personne, même pas à ma femme. J’avais peur. Je n’ai pas compris ce qui m’arrivait, je ne sais même plus ce qui s’est passé, tout était au ralenti… J’avais des bleus, je les ai cachés. Je n’ai jamais reçu autant de haine qu’à ce moment.
Et puis il y a votre défaite lors de la finale. En vous lisant, on a l’impression qu’on vous a volé votre victoire. Est-ce votre sentiment ?
J’ai eu un goût amer. Ce n’était plus le Christophe Licata de 38 ans qui dansait mais le petit garçon avec sa sœur au championnat de France. J’y ai mis mes tripes, mon âme et j’avais envie que la danse triomphe. On était bien parti pour, avant ce drama. Je pense que s’il n’y avait pas eu ça, j’aurais pu l’avoir. Je m’étais préparé mentalement comme un athlète olympique qui va faire les JO, donc bien sûr que j’étais déçu de ne pas l’avoir. Je suis le Poulidor de « Danse avec les stars » mais en écrivant ce livre, je me suis rendu compte que j’ai finalement gagné bien plus qu’un trophée lors de chaque saison, comme l’amitié par exemple.
Ne craigniez-vous pas que certaines critiques de ce livre envers des camarades de l’émission créent des tensions dans la saison à venir ?
Je ne pense pas être critique, je ne veux pointer du doigt personne parce que ce sont des gens que j’aime éperdument, ils font partie de ma vie. C’est comme dans toutes les familles, parfois il y a des coups de bec… Mais j’ai une vraie relation avec ces gens-là et les choses que j’ai pu reprocher ou qu’on a pu me reprocher, on en a discuté. Je repars sur une saison le cœur apaisé.
Notre dossier Danse avec les stars
Revenez-vous avec la volonté de gagner à tout prix ?
Je viens avec la volonté de prendre du plaisir et de retrouver un peu de bienveillance. Bien sûr que je veux gagner et je vais tout faire pour, je suis un compétiteur. Mais mon but est que la partenaire avec qui je vais être se souvienne de son aventure toute sa vie. C’est ce qui est dramatique pour Inès Reg par exemple, j’aurais voulu qu’elle vive une saison magique.
Ce sera la dernière pour vous ?
Cette année, j’avais pris la décision d’arrêter. J’avais fait le deuil. Mais je repars dans des conditions différentes, je reste près de ma famille et de mon cocon, je vais continuer à voir mon fils, c’est important pour moi. J’y vais avec le cœur plus léger. La vie me dira pour la suite.
Aimeriez-vous intégrer le jury ?
J’adorerais. C’est un exercice qui me plairait et qui ne me fait pas peur. Mon rêve serait de rester dans cette famille de « DALS » jusqu’au bout, quoi qu’il arrive.