France

Dans le Nord, les chouettes « en déclin » trouvent refuge dans les fermes

Au chevet des chouettes. Dans le Nord et le Pas-de-Calais, tout le monde s’y met pour protéger ces rapaces que sont les chevêches et les effraies. Cette semaine, c’est une ferme de Steenwerck, dans le Nord, qui a installé un nichoir sur sa propriété. Elle fait partie des 11 exploitations agricoles sélectionnées cette année par le groupement ornithologique du Nord (GON) pour participer à l’opération « Accueillons des chouettes dans nos fermes ».

Voilà six ans que la chambre régionale d’agriculture a lancé ce projet européen qui prend de l’ampleur au niveau local. « Nous avons commencé par le Cambrésis, souligne Sophie Grassien, conseillère biodiversité à la chambre. Aujourd’hui, ce sont 169 nichoirs qui ont été installés chez 112 agriculteurs, dans une démarche gagnant-gagnant ». Car les chouettes ont l’avantage de réguler la population des petits rongeurs, baptisés « ravageurs » dans le monde agricole. Un bon auxiliaire de culture, donc.

Une dizaine de nichoirs occupés

Pour l’instant, seule une dizaine de nichoirs ont été effectivement occupés par des chouettes. « Il faudra encore quelques années pour mesurer l’évolution de ces deux espèces dans la région », poursuit la chambre d’agriculture. Car les agriculteurs ne sont pas les seuls à offrir un logis de reproduction. Des particuliers participent à une opération similaire menée par cinq collectivités territoriales des deux départements nordistes.

Ainsi, près de 50 nouveaux nichoirs ont également été installés, cette année, dans la communauté de communes Flandre Intérieure (CCFI), autour d’Hazebrouck, afin de participer au repeuplement des chouettes dans le secteur. « Il suffit d’avoir un hangar assez haut, un vieux grenier ou un vieil arbre avec une branche parallèle au sol, pas trop haute », précise Melissa Toussaint, conseillère environnement de la CCFI.

Les propriétaires s’engagent ensuite à suivre l’évolution du nichoir, notamment son occupation, pour alimenter une base de données régionale. « Nous apportons une aide technique, souligne Baptiste Boutilleux, du GON. Chaque automne, quand on est sûr que les jeunes se sont envolés, nous allons vérifier si les nichoirs ont été investis par les oiseaux. »

Selon l’observatoire de la ligue de protection des oiseaux (LPO), la chouette chevêche est inscrite en liste rouge dans la catégorie « en déclin » et l’effraie se raréfie de façon inquiétante. Si la disparition de leur habitat (les haies et les prairies naturelles) constitue bel et bien une menace pour les chouettes, l’utilisation croissante de pesticides et de rodenticides (pour tuer les rongeurs) participe aussi à leur déclin.