France

Dans ce département, les chasseurs veulent tuer moins de cerfs

Il n’y a pas que le brame du cerf que l’on entend dans les forêts du Haut-Rhin. La gestion de la faune sauvage et la protection de la biodiversité en Alsace, notamment la protection des cerfs, des chamois des daims et des chevreuils, est une nouvelle fois au cœur d’un débat houleux (et parfois bruyant) entre les chasseurs, écologistes et acteurs agricoles. Jeudi dernier, la Fédération des chasseurs du Haut-Rhin (FDC68), soutenue par l’association naturaliste Sauvegarde Faune Sauvage, a organisé une conférence de presse pour dire son mécontentement face aux quotas de prélèvements des cervidés.

Des quotas jugés bien trop élevés et qui « mettraient la faune sauvage en danger », comme il est indiqué sur leur pétition en ligne et qui a récolté en un mois, plus de 24.000 signatures. Signe selon Gilles Kaszuk, président de la FDC68, d’un large soutien du public à leur cause, la fédération départementale ne comptant que 5.600 chasseurs affiliés.

Alliance chasseurs-naturalistes « dans l’intérêt général »

D’après la fédé de chasse haut-rhinoise, il leur est en effet demandé, par arrêté préfectoral, de prélever, au total jusqu’à la fin de la chasse le 1er février prochain, 2.000 cerfs, 350 chamois, 165 daims et 10.000 chevreuils. Les chasseurs qui n’atteignent pas les objectifs du plan de chasse s’exposent à une contravention de cinquième classe de 1.500 euros, et jusqu’à 7.500 euros pour une association de chasse.

« Les chasseurs reçoivent des contraventions s’ils ne tirent pas assez de cerfs, le monde est devenu fou… J’invite les autorités françaises à aller plus sur le terrain et voir ce qui se passe réellement », a déclaré à l’AFP Jean-Paul Burget, président de Sauvegarde faune sauvage. Aussi, ce dernier estimant que « 80 % de la biodiversité a disparu dans la plaine d’Alsace », il explique s’être allié aux chasseurs « dans l’intérêt général ».

Pas « être les fossoyeurs de tous ces animaux »

Le chasseur Gilles Kaszuk enfonce le clou et dénonce ces exigences de tirs « excessives » car nombreux sont aujourd’hui les « naturalistes, photographes animaliers, promeneurs, chasseurs à faire le constat de la diminution notoire de la grande faune ». Des hommes fusil en bandoulière qui ne manquent pas de faire aussi remarquer aussi qu’ils ont déjà abattu 1.269 cerfs et 200 chamois depuis le début de la saison. Les quotas demandés, ils les jugent irréalisables et imposés « sous la pression des syndicats agricoles, des forêts privées et de certaines entités écologistes ». « Nous refusons d’être les fossoyeurs de tous ces animaux », expliquent-ils sur leur pétition.

Des chasseurs qui ne veulent pas trop tirer, des écologistes comme Alsace nature qui au contraire veulent des quotas plus élevés… Le monde rural marche-t-il sur la tête ? L’argument principal avancé par les défenseurs des quotas, principalement les syndicats agricoles comme la FDSEA, mais aussi les propriétaires forestiers ou bien encore le Parc naturel régional des Ballons des Vosges et la Chambre d’agriculture, est que les cervidés causeraient des dégâts considérables aux cultures agricoles, aux forêts et aux vignes. Ils sont même partisans d’une prolongation de la période de chasse jusqu’à fin février dans le Haut-Rhin.

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Mais tout n’est pas perdu. En cette mi-janvier, malgré ces divergences et ces tensions, chasseurs, agriculteurs, propriétaires forestiers et gestionnaires des forêts se disent être convaincu qu’il faut tirer dans le même sens. Que la solution réside dans un travail collectif pour trouver un terrain d’entente, même si, pour l’heure, la question d’un prolongement de la période de chasse jusqu’à la fin du mois de février demeure un sujet de vives discussions.