Daesh : Deuxième Française condamnée à 10 ans, une « revenante » de Syrie
Carole Sun a été reconnue coupable d’association de malfaiteurs terroriste et condamnée jeudi à 10 ans de réclusion après un procès de trois jours. Elle a raconté avoir passé plus de quatre années avec ses deux enfants dans les camps syriens et décrit ces lieux comme une « jungle, un enfer ».
C’est la deuxième Française rapatriée des camps du nord-est syrien à comparaître devant la cour d’assises spéciale à Paris. Carole Sun a été reconnue coupable d’association de malfaiteurs terroriste à l’issue de trois jours de procès et a été condamnée jeudi à 10 ans de réclusion.
Partie pour la Syrie en juillet 2014 à l’âge de 18 ans avec son frère aîné d’un an, elle a été arrêtée en décembre 2017 par les forces kurdes alors qu’elle se déplaçait le long de l’Euphrate, au moment de la débâcle du groupe État islamique (EI).
Des figures féminines du djihad faisaient également partie du convoi, comme Émilie König. Carole Sun, aujourd’hui âgée de 30 ans, est revenue en France le 5 juillet 2022 lors du premier rapatriement massif d’enfants et de leurs mères depuis la chute en 2019 du « califat ».
Elle s’est radicalisée sur les réseaux sociaux et décrit son départ comme un « colmatage » des blessures causées par des événements traumatiques, dont un viol collectif dont elle a été victime à 14 ans.
Sur place, l’accusée, issue d’une famille de tradition chrétienne, côtoie « des personnes extrêmement médiatisées », « connues pour leurs exactions cruelles » ou combattant dans des unités comprenant des assaillants impliqués dans les attentats du 13-Novembre 2015.
Parmi ces figures se trouve Salaheddine Guitone, un propagandiste français notoire. Rencontré sur Facebook dès son arrivée, leur mariage est célébré mais ne dure qu’une dizaine de jours avant qu’il ne meure au combat. En secondes noces, Carole Sun épouse un membre du service de renseignements de l’EI, l’Amni, un homme qui, comme elle l’écrit à sa mère, « bute les traîtres ». Il est actuellement incarcéré en Irak.
Lorsque le président questionne l’accusée au sujet d’un cliché la montrant avec son bébé et un pistolet semi-automatique sur les genoux, elle « ne [se] l’explique pas » : « c’est juste que j’étais dedans [l’idéologie], ça m’empêchait de voir que c’était grave ».
Concernant les récits de son frère sur ses activités violentes, elle déclare : « je ne me suis pas offusquée », et face aux violences, elle avoue : « je pensais pas que ça serait aussi dur à voir », avant de conclure après plusieurs heures d’interrogatoire que « la vérité, c’était l’État islamique et je fermais les yeux sur les exactions ». Elle reconnaît avoir « intégré les codes de l’EI » et « contribué à sa propagande ».
Lors de l’audience, elle a évoqué les plus de quatre années passées avec ses deux enfants dans les camps syriens pour déplacés et djihadistes présumés. Au-delà de la chaleur torride dans le désert, des maladies ou de la précarité, « le plus dur », selon elle, est « la population qui fait peur ».
Elle décrit ces camps comme « une jungle, un enfer » peuplé de « rumeurs », de « peurs » et de femmes « extrêmement extrêmes », partisans de l’excommunication. Les camps sont le théâtre d’une « guerre de mœurs, même chez les enfants ».
Elle distingue deux groupes aux mentalités différentes : celles « d’avant Baghouz » et « celles d’après », en référence à l’ultime bastion de l’EI tombé en 2019. « On est à l’affût ». Plusieurs Françaises ont expliqué qu’elle demeurait une « pro-Daesh », accusation qu’elle rejette.

