Cyclone à Mayotte : « Quatre jours d’angoisse, c’est long »… L’attente des Mahorais sans nouvelle de leurs proches
D’appels répétés en sonneries dans le vide, de posts sur des groupes Facebook communautaires en messages sur des boucles WhatsApp, la recherche de nouvelles de proches de Mahorais installés en métropole s’étire et s’allonge dans une terrible attente. Cinq jours après le passage du cyclone Chido qui a ravagé Mayotte, et alors qu’Emmanuel Macron s’est rendu sur place ce jeudi, la plupart de ces nouvelles restaient « des bribes d’informations », résume Soifouni, 38 ans et installé à Marseille. « On a fini par savoir mardi que la famille de ma femme qui est Mahoraise allait bien, Dieu merci. » Une bonne nouvelle d’abord parvenue par quelques mots écrits sur Messenger par un cousin de la famille.
Ce jeudi, Soifouni a enfin pu discuter avec son beau-frère, qui a dû parcourir une poignée de kilomètres depuis Sada, une ville côtière de l’Ouest de l’île, vers les hauteurs pour capter un peu de réseau. « Son atelier est en ruine, et j’y avais de la marchandise stockée pour mon entreprise. Mais je n’ai pas encore osé lui demander ce qu’il en restait alors qu’il n’a ni eau, ni nourriture ni électricité. Question de décence », explique le Marseillais.
Comme Soifouni, ils ont été nombreux à vivre dans une pénible attente, suspendue aux terrifiantes images diffusées par les télévisions et les réseaux sociaux. Et pour certains l’angoisse n’est pas finie. Tel Sayam, 28 ans, qui semble errer dans une rue populaire de Marseille. « Je suis toujours sans nouvelle de mon père et de ma mère qui habitent à Mamoudzou », désespère le cariste qui a préféré dire à son employeur qu’il prenait des congés tant que cette situation durait et ne pas s’épancher davantage.
Jamal quant à lui a finalement réussi ce mercredi à joindre sa tante. « Quatre jours d’angoisse, c’est long », souligne le trentenaire qui a depuis décroché des infos après avoir suivi « comme tout le monde les actualités. C’est peut-être égoïste, mais maintenant que je sais qu’elle va bien, je ne m’y intéresse plus vraiment. » Le déplacement du président de la République, ce jour à Mayotte, il l’ignorait.
Bouteilles à la mer 2.0
Des jours d’anxiété qui concernent également les familles métropolitaines de « Wazungu », le surnom des « blancs » installés à Mayotte. « J’ai passé une semaine à essayer d’avoir des nouvelles de Juliette que ses parents n’arrivaient pas à joindre », raconte Eric, qui a vécu six années sur l’île avant de rentrer chez lui, en Provence. « Ils étaient d’autant plus inquiets qu’elle est enceinte, mais aux dernières nouvelles elle allait bien. On cherche aussi des nouvelles de beaucoup d’autres gens, certaines nous arrivent par des groupes WhatsApp où souvent il est simplement écrit : « J’ai vu untel, il va bien » », conclut-il.
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Aussi pour ces collectes de « bribes d’informations », tous les moyens sont les bons. Des groupes Facebook d’entraide relayent ainsi de nombreux messages de recherches, sorte de bouteilles à la mer 2.0. « Bonjour, je suis en France et je cherche à avoir des nouvelles de mes amis à Mayotte. Madame Said Antuati Poroani Magnassini. 97620 Chirongui. Si vous pouvez m’aider merci », écrit par exemple Salima. Un message qui ressemble à tant d’autres, alors que le bilan humain de cette catastrophe ne sera sans doute jamais réellement connu. Ce jeudi soir, les chiffres provisoires publiés par les autorités faisaient état de 31 morts et 1.400 blessés officiellement recensés.