Croissance accélérée au T3 en France : les ménages y contribuent-ils ?
Entre juillet et septembre, la croissance française a augmenté de 0,5 % du produit intérieur brut par rapport aux trois mois précédents. La consommation des ménages ne progresse que de 0,1 % au troisième trimestre, le même chiffre qu’au deuxième trimestre.
Entre juillet et septembre, la France a enregistré une hausse de 0,5 % de son produit intérieur brut (PIB) par rapport aux trois mois précédents, selon les données publiées ce jeudi par l’Insee. Ce chiffre pour le troisième trimestre est supérieur aux attentes. Le ministère de l’Économie a décrit cette croissance comme une « performance remarquable » auprès de l’AFP, malgré les incertitudes politiques et les tensions commerciales avec les États-Unis. Ces résultats placent la France, deuxième économie de la zone euro, en bonne voie pour dépasser la projection de croissance de 0,7 % établie par le gouvernement pour 2025. Une bonne nouvelle pour les ménages ?
« Cette croissance est une bonne surprise », a déclaré Isabelle This Saint-Jean, économiste et professeure à l’université Sorbonne Paris Nord. « Cela prouve qu’au-delà de l’incertitude politique, le moteur de cette énorme machine qu’est la France fonctionne. »
Les exportations, qui ont augmenté de 2,2 %, ont particulièrement contribué à l’augmentation du PIB au troisième trimestre, notamment celles des secteurs de l’aéronautique, de l’armement et de la pharmacie, tout comme l’investissement des entreprises qui a crû de 0,9 %. L’économiste a noté que, malgré la crise, les décisions sont reportées plutôt qu’annihilées. « Cette croissance est une bonne nouvelle pour les questions budgétaires, surtout concernant le déficit de 2025 et de 2026, alors que la situation est hypercontrainte. »
Cependant, « le point noir de la consommation des ménages » persiste, selon Isabelle This Saint-Jean. Cette consommation, qui représente environ la moitié du PIB français, n’a progressé que de 0,1 % au troisième trimestre, identique à celui du deuxième trimestre. L’Insee a observé « un net repli de la consommation alimentaire » (-1 %), ainsi qu’un ralentissement dans les services, pénalisé par l’hébergement-restauration (-0,7 %) et les transports (-0,5 %). D’après les prévisions de l’institut, la consommation des ménages devrait augmenter de 0,3 % sur l’ensemble de l’année, un chiffre inférieur à celui de 2024, prévu à 1 %, et de 2023, qui était de + 0,7 %. L’épargne reste, quant à elle, à un niveau élevé dans le pays.
« Ces chiffres reflètent une grande inquiétude des ménages ainsi qu’une vulnérabilité accrue pour certains, avec un taux de pauvreté ayant considérablement augmenté », a souligné l’économiste Isabelle This Saint-Jean. Elle a également mis en garde contre une aggravation possible si le budget 2026 inclut des mesures telles qu’une année blanche pour les retraites ou une franchise médicale. Un autre indicateur de cette inquiétude des ménages est le « repli des consommations de plaisir, en particulier dans l’hôtellerie et la restauration », selon l’économiste.
Pour la fin de l’année, Isabelle This Saint-Jean prévoit un ralentissement de la croissance française, « en particulier à cause de la forte instabilité politique ». Cependant, elle fait preuve d’un léger optimisme. Elle souligne que la France participe à une « dynamique globale de reprise européenne », constatée dans la zone euro par l’Agence européenne de la statistique Eurostat, un phénomène lié à « la politique monétaire européenne et aux effets de la relance générale liée à l’armement ».
En mars dernier, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a présenté le lancement de « ReArm Europe » (« Réarmer l’Europe »), un programme destiné à mobiliser près de 800 milliards d’euros.

