France

Crise diplomatique avec l’Algérie : Après un coup de fil, les présidents Macron et Tebboune renouent leur relation

Lundi, Emmanuel Macron et le président algérien Abdelmadjid Tebboune ont convenu par téléphone d’engager une relance des relations franco-algériennes, et ce, après de longs mois de crise diplomatique. Leur échange, qualifié de « franc et amical », s’est tenu à l’occasion de l’Aïd-el-Fitr, marquant la fin du Ramadan. Il s’est conclu par un engagement commun à reprendre une coopération active, en particulier sur les dossiers sécuritaire et migratoire, à travers une série de mesures concrètes, selon un communiqué commun.

Cette relance survient après une succession de différends entre Paris et Alger. En juillet 2024, Emmanuel Macron avait publiquement soutenu le plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental, une position vivement rejetée par Alger. La tension s’était accentuée à l’automne avec l’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal, accusé de propos attentatoires à l’unité du territoire algérien.

Retour à une « relation sereine, équilibrée et respectueuse »

Les deux chefs d’État insistent sur « l’ambition commune d’une relation sereine, équilibrée et respectueuse des intérêts de chacun. » Ils ont affirmé leur volonté de reprendre le dialogue entamé avec la Déclaration d’Alger en 2022, qui avait alors permis des avancées sur le dossier mémoriel. Ils soulignent que la proximité humaine et les enjeux communs – notamment en Méditerranée, en Afrique et en Europe – justifient une coopération étroite entre deux partenaires qu’ils qualifient d’« acteurs de premier plan ».

Parmi les chantiers relancés, la coopération sécuritaire reprend immédiatement, notamment dans la lutte contre le terrorisme et les trafics. Une nouvelle phase de coopération migratoire s’ouvre également, visant une gestion « fluide et efficace » des mobilités entre les deux pays. Au cœur des tensions récentes, la question de la réadmission des ressortissants algériens sous OQTF (obligation de quitter le territoire français) reste un point sensible. Cette coopération devra être, selon le communiqué, « immédiatement réinitiée, dans une logique de résultats répondant aux préoccupations des deux pays ».

Un geste attendu pour Boualem Sansal

Emmanuel Macron a profité de cet échange pour évoquer le sort de Boualem Sansal, écrivain franco-algérien récemment condamné à cinq ans de prison. Il a appelé à « un geste de clémence et d’humanité », en raison de l’âge et de l’état de santé de l’auteur.

La commission mixte d’historiens franco-algériens, créée en 2022, reprendra ses travaux sans délai. Elle remettra ses propositions aux deux présidents d’ici l’été. De même, la coopération judiciaire, en suspens, sera relancée avec la prochaine visite de Gérald Darmanin à Alger.

Une visite et une rencontre à venir

Sur le plan économique, les deux chefs d’État souhaitent accélérer les investissements et les échanges, notamment dans les « domaines d’avenir ». Le président français a aussi exprimé le soutien de la France à la révision de l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne.

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Pour concrétiser cette relance, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, se rendra à Alger le 6 avril « afin de donner rapidement à la relation (bilatérale) l’ambition que les deux chefs d’Etat souhaitent lui conférer ». Il devra détailler le programme de travail et fixer un calendrier opérationnel. Une rencontre entre les deux chefs d’État est prévue, mais la date n’a pas encore été annoncée.