Crash à Washington : L’hélicoptère, « le seul engin mécanique qui a sauvé plus de vies qu’il n’en a prises »
La collision aurait « absolument » pu être évitée, estime Donald Trump. Un avion de ligne a été percuté par un hélicoptère militaire mercredi soir à Washington. Les autorités n’espèrent plus trouver de survivants parmi les 64 passagers de l’avion et les trois militaires de l’hélicoptère.
Ces engins à hélices sont considérés comme les plus sûres parmi les moyens de transport, notamment aériens. Daniel Balavoine sur le Paris-Dakar, Olivier Dassault dans le Calvados, les trois sportifs français sur le tournage de « Dropped » en Argentine, Kobe Bryant et sa fille, treize soldats français au Mali… Quand ils se crashent, pourtant, le bilan est souvent lourd et surtout marquant.
L’hélicoptère est-il un aéronef risqué ?
Les chiffres sont assez explicites. Sur 29 accidents d’aéronefs enregistrés en 2023, neufs ont concernés des hélicoptères, dont deux mortels, selon le rapport de sécurité aérienne 2023 publié par le ministère de l’Ecologie. En comparaison, 89 accidents aériens ont impliqué des avions et 91 des ULM. « C’est une machine sûre et fiable », assure dans ce sens Michel Polacco, journaliste et aviateur, expert en aéronautique et défense.
Fier de manier le joystick « depuis 50 ans », il estime que l’une des causes de l’accident survenu dans la capitale américaine pourrait être liée à l’aspect militaire de l’engin qui a heurté l’avion. « Ce genre d’hélicoptères sont faits pour ne pas être vus et voir, alors que d’une manière générale, les avions, au contraire, sont faits pour être vus et voir, explique-t-il. Est-ce que les systèmes qui permettent de détecter l’hélicoptère étaient activés ? Est-ce que les contrôleurs lui avaient donné l’autorisation de pénétrer dans cette zone ? Est-ce qu’il a suivi les consignes ? », s’interroge l’expert qui insiste : « Ce n’est pas lié à l’hélicoptère lui-même ».
Pourquoi les crashs sont souvent dus à des collisions ?
Le facteur collision est souvent à la source des crashs d’hélicoptères. Plusieurs raisons à ce constat. D’abord, « l’hélicoptère vole souvent à basse altitude pour ne pas être repéré », notamment lorsqu’il est utilisé dans des missions militaires, argumente Michel Polacco. A ce niveau, les obstacles potentiels, comme une ligne électrique, un câble de remontée mécanique, un arbre ou une dune de sable, se multiplient.
D’autre part, comme les oies, les hélicoptères « volent souvent en groupes », parfois « de nuit », « ce qui peut augmenter les risques de collision », souligne encore le spécialiste en aéronautique et défense. D’autre part, ils sont souvent déployés dans des zones périlleuses, pour éteindre des incendies ou secourir des alpinistes en montagne, ce qui, là encore, accroît le danger. C’est ainsi qu’un accident d’hélicoptère du Service aérien français (SAF) a coûté la vie à cinq sauveteurs lors d’un exercice d’hélitreuillage en Savoie, sous des conditions météo difficiles, en 2020. « De plus, l’hélicoptère est un engin très maniable ce qui peut être potentiellement amener le pilote à commettre des gestes mal maîtrisés », ajoute Michel Polacco.
Quels sont les avantages des hélicoptères ?
Sa maniabilité reste néanmoins l’un des points forts de l’aéronef à hélices. A la différence d’un avion qui ne peut se poser que sur des pistes d’atterrissage, les solutions se multiplient pour l’hélicoptère, vante Michel Polacco, énumérant les bateaux, jardins, toits d’hôpitaux, petits champs… Et de souligner que la machine peut aussi bien aller « en avant, en arrière, à gauche, à droite, monter, descendre » offrant à son pilote « ce sentiment de liberté, presque de voler ».
Noter dossier sur les accidents de vols
« D’une grande souplesse », l’hélicoptère peut, par ailleurs, changer facilement et efficacement de trajectoire. « Si l’équipage avait été averti ou s’il avait vu à temps l’avion de ligne, il aurait pu entamer une descente ou une montée très rapide », estime Michel Polacco, à propos de la collision à Washington. « C’est d’ailleurs pour cela qu’on les utilise pour les secours, les forces spéciales ou encore les combats », appuie le spécialiste en aéronautique. « C’est le seul engin mécanique qui a sauvé plus de vies qu’il n’en a prises », résume-t-il.