Covid, cinq ans après : « Bons gènes », « chanceux »… Qui sont ces « Novid » qui n’ont jamais eu le virus ?
Trop injuste ! Certains, même vaccinés, l’ont eu plusieurs fois et d’autres, parfois non vaccinés, ne l’ont jamais attrapé. Qui sont les « novid » qui n’ont jamais contracté le virus du Covid-19 depuis qu’il a déferlé en France, il y a cinq ans ? Des warriors avec un système immunitaire béton, des champions des gestes barrières ? Ou simplement des chanceux ? Certains de ces novid ont répondu à un appel à témoignages lancé par 20 Minutes et partagent leurs analyses.
La clé : une bonne hygiène de vie ?
A 75 ans, Maurice n’a jamais été vacciné contre le Covid-19 et ne l’a jamais attrapé. « Je ne suis pas un super-héros, j’ai juste de bons gènes », assure-t-il, vantant une hygiène de vie impeccable alliant nourriture saine, pas d’alcool ni de cigarette et du sport, depuis son plus jeune âge. Jean, mécanicien moto, y a aussi échappé. Ni vacciné, ni testé, il consentait juste à mettre un masque pour faire ses courses. Selon lui son secret résiderait dans la prise d’un « jus d’orange frais tous les matins »…
Kim, n’est pas vacciné et assure n’avoir jamais triché ou évité de faire des tests. « Je suis aussi surpris que les autres par mon « immunité » apparente. Pourtant, je suis convaincu que mon mode de vie a peut-être contribué à me préserver. Je suis végétarien depuis une dizaine d’années, ce qui, je pense, pourrait avoir un rôle bénéfique en renforçant mon système immunitaire. » Jean-François, bientôt 75 ans, n’a jamais été vacciné non plus et tous les tests auxquels il a dû se plier pour prendre l’avion ont été négatifs. Lui aussi vante son mode de vie, ajoutant cependant qu’il « n’utilise pas les transports en commun » et « ne vit pas en collectivité. » L’exposition aux situations à risque est en effet aussi un facteur à prendre en compte.
La vie, cette grande loterie
Catherine, enseignante vaccinée pendant l’épidémie, était, elle, en première ligne auprès d’adolescents. « J’aurais dû l’avoir, vu le peu de précautions prises par certains élèves, estime-t-elle. Mes enfants l’ont eu plusieurs fois. Mais en fait je n’ai jamais eu ni rhume, ni toux durant ces années. » Eric, lui aussi, ignore le nez qui coule et les toux hivernales récalcitrantes. « J’atteste que je n’ai au grand jamais contracté le Covid, de même que j’ignore le rhum, la grippe, je ne mouche jamais. »
Jean s’est fait vacciner et a traversé toute la période Covid sans attraper une seule fois le virus quand toute sa famille, de son épouse à ses petits-enfants, a été contaminée. « J’ai eu beau faire le garde malade auprès d’eux, toujours rien. » Philosophe, il conclut : « Franchement, la vie est une vaste loterie ».
Les explications plus terre à terre
« Je ne me sens pas super-héros, j’ai peut-être été positif et fait partie des 85 % d’asymptomatiques révélés par les tests lors du début de la pandémie », avance Jean, le mécanicien moto. Agnès, épargnée par le Covid alors que son mari l’a eu deux fois et sa fille une fois, ne se perd pas en conjectures mais relève qu’elle est « la reine du lavage de main », dès qu’elle a « touché quelque chose à l’extérieur » de son domicile.
Benjamin, 41 ans, a lui aussi résisté au virus quand femme et enfant défaillaient. « Ai-je été contaminé mais totalement asymptomatique ? C’est mon hypothèse, écrit-il. Je n’ai pas vraiment de secret : sportif du dimanche, hygiène de vie approximative, mais je pense qu’avoir été élevé dans une famille ou on médicamentait peu (à part quand on était vraiment malade et sur recommandation du médecin), a dû m’aider à me forger une immunité en titane. »
Notre dossier sur le Covid-19
En juin 2024, une étude a été publiée dans la prestigieuse revue Nature, sur la résistance au virus SARS-Cov-2. Sur les 36 volontaires (jamais contaminés et jamais vaccinés) sept sont restés négatifs aux tests alors qu’on leur avait administré le virus. Les chanceux ont, semble-t-il, développé des réponses immunitaires « jamais vues auparavant dans le nez », indique dans un communiqué l’Imperial College London, l’un des établissements qui a dirigé l’étude.
« Les chercheurs suggèrent que des niveaux élevés d’un gène appelé HLA-DQA2 avant l’exposition ont également aidé les gens à prévenir l’apparition d’une infection prolongée », ajoute-t-il. Peut-être une piste pour la traduction scientifique de « l’immunité en titane » de Benjamin.