France

Coupe du monde féminine de rugby : Raquel Kochhann, la Brésilienne qui court plus vite depuis qu’elle a vaincu le cancer

Que des numéros 10 dans sa team. Dimanche dernier, Raquel Kochhann entrait dans l’histoire du rugby à XV brésilien en inscrivant les premiers points des Yaras en Coupe du monde de rugby à XV face à l’Afrique du Sud (défaite 66-6). A la 10e minute et sur une pénalité. Double clin d’œil : le premier pour son numéro de maillot, le second pour son habileté au pied héritée de sa première passion, le football. Enfant, elle avait reçu une boîte de 12 poupées qu’elle a toutes décapitées pour jouer au foot avec leur tête.

De manière un peu plus conventionnelle, elle s’essaiera au futsal, mais aussi à l’athlétisme et au tennis de table. « Elle a toujours dit qu’elle voulait représenter son pays, et peu importe le sport », sourit à 20 Minutes Beatriz Futuro, ancienne internationale et pionnière du rugby brésilien et coloc de chambre pendant de longues années, aux premières loges pour subir les coups de fil du soir de sa coéquipière en allemand, la VO familiale.

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Un appel visio sur la Seine pendant la cérémonie d’ouverture des JO

Pour Kochhann, le bonheur se trouvait dans le ballon ovale. Elle le découvre à la fac : coup de foudre total. Moins d’un an plus tard, en 2013, elle passe les essais de l’équipe de rugby à sept, qui profite des JO de Rio 2016 pour accélérer son développement. Puis vient le rugby à XV en bout de chaîne. Le vivier féminin brésilien étant ce qu’il est, à savoir que très peu de structures décentes existent en dehors de São Paulo, capitale nationale du rugby, il a fallu inclure des éléments de l’équipe de rugby à VII dans l’effectif à XV. « La stratégie de développement de l’équipe consistait à la fois à exporter des joueuses de rugby à XV comme Tais [Prioste, pilier de Bobigny passée par Montpellier] ou Larissa Henwood, en Nouvelle-Zélande, tout en centralisant nos forces vives du Sevens, comme Raquel, explique  »Baby » Futuro. C’est notre ouvreuse, notre buteuse et bien plus encore. »

Par son âge (32 ans) et son expérience, Kochhann s’impose naturellement comme une meneuse au sein du groupe qui affrontera l’équipe de France, ce dimanche. Un CV qui s’est étoffé un peu plus aux JO de Paris 2024, où elle a été nommée co-porte drapeau du Brésil lors de la cérémonie. La numéro 10 avait profité de la parade sur la Seine pour partager le moment avec sa famille en visio sur son téléphone. « Ils ont un peu défilé avec moi en quelque sorte, en riait-elle à l’époque. C’était un moment spécial. »

Cancer du sein, lutte, rémission et sensibilisation

Raquel revenait de loin, pas d’entre les morts mais presque. Avant les JO de Tokyo, elle remarque une masse au niveau du sein droit. Les examens sont d’abord rassurants, mais, six mois plus tard, on lui diagnostique un cancer. Une épreuve qui l’éloignera des terrains pendant 20 mois mais qu’elle surmontera, aidée par une mère passée par là avant elle et son inébranlable volonté.

« La première réaction des filles de l’équipe a été de baisser la tête, racontait Kochhann au site du comité olympique brésilien. Mais je leur ai dit que je ne voulais pas de cette atmosphère, de cette énergie. […] J’ai même plaisanté avec les filles en leur disant qu’elles pouvaient faire des blagues. je ne voulais pas que ce soit trop lourd. C’est ce qui m’a aidée à traverser ce processus. »

Elle est prise au mot par une coéquipière qui, pour la rassurer, lui dit qu’elle courra plus vite sans ses seins. Une double mastectomie plus tard, la prophétie traverse la frontière de l’humour. « A mon retour, j’ai effectivement retrouvé mon rythme plus rapidement. Ma vitesse GPS était plus élevée après le traitement. Elle avait raison ! »

Après avoir vaincu le cancer du sein, Raquel Kochhann s’évertue à sensibiliser ses coéquipières. « Elle en parlait toujours d’une certaine manière, en disant  »ça peut aussi vous arriver, alors faites-vous examiner les seins, c’est comme ça que j’ai pu le découvrir et en guérir », raconte Beatriz Futuro. Elle partageait ce moment difficile de son histoire pour sensibiliser les gens. »

Avec l’équipe des Yaras, l’ouvreuse veut porter un autre message. « Montrer qu’on n’est pas seulement des tiktokeuses, on peut courir, on peut marquer des points, on peut plaquer ». Les Brésiliennes auront une nouvelle occasion de montrer leur valeur contre les Bleues, dimanche, même si elles sont loin de partir favorites. Pas de quoi effrayer Raquel Kochhann. Des causes perdues, elle en a connu d’autres.