Coupe du monde 2022 : Giroud-Mbappé, un « je t’aime », une bromance et un cliché pour l’éternité

De notre envoyé spécial à Doha, 

Mbappé, Giroud, Giroud, Mbappé. Pour les médias français qui couvrent cette Coupe du monde au Qatar, il n’est pas toujours aisé de se renouveler quand on parle de l’équipe de France, surtout quand les deux prennent un malin plaisir à tirer toute la couverture à eux depuis le début : Kylian Mbappé, parce que Kylian Mbappé, qu’il marque plus de la moitié des buts français et porte l’équipe sur son dos, Olivier Giroud, parce que Thierry Henry, et son record de buts en sélection égalé contre l’Australie et finalement dépassé contre la Pologne.

Forcément, à force, on finit par tourner en rond, au point de ne plus savoir que raconter. Ou plus exactement comment le raconter. Alors, puisqu’on est d’humeur câline avec cette troisième qualif de rang en quart de finale de Coupe du monde sous l’ère Deschamps, on va tenter quelque chose de différent. Pour le second, car le premier on lui a déjà réglé son compte au coup de sifflet final dimanche soir. Encore que, on va fatalement devoir parler des deux puisque leur histoire n’a jamais été aussi intimement liée que lors de cette Coupe du monde.

Dans mes bras, mon poulet !

On remerciera au passage le numéro 9 des Bleus de nous avoir soufflé l’idée sans le savoir, au détour d’une question sur Mbappé, justement, et sur le symbole que représentait le fait que ce soit lui et pas un autre qui lui ait offert la passe dé’ pour le but historique. « Ouais, il y a un beau cliché après mon but, sourit-il dans la zone mixte après la qualif’. C’était un moment tellement spécial, tellement fort, ça va rester. C’est vrai, c’est beau, c’est le football. » Le cliché dont il parle et qu’il avait peut-être déjà vu dans le court laps de temps qu’il a eu entre le contrôle antidoping au coup de sifflet final et son passage devant les micros, c’est celui-là.

Le coup de sifflet final n’était pas encore donné que la photo faisait déjà le tour du monde et des réseaux sociaux. Elle restera, on est d’accord avec la twittos du dessus, comme l’une des plus marquantes de cette Coupe du monde, et ce qu’importe l’issue finale pour l’équipe de France. Et si elle a malheureusement (mais sans surprise) engendré son flot de commentaires minables et de sous-entendus puants – parce que forcément, voyez-vous, deux hommes qui s’enlacent et se regardent tendrement cachent forcément des envies salaces derrière – au point que l’expression « PETE MOI » est apparue dans les tops tendances sur Twitter, elle a aussi été mise en avant pour ce qu’elle a de plus beau.

Le plot twist le plus inattendu de l’année

A savoir deux coéquipiers qui, un an après s’être affrontés par médias interposés puis les yeux dans les yeux avant l’Euro 2021, ce qui avait eu la fâcheuse tendance de créer une sale ambiance dans le groupe, marchent désormais mains dans la main dans l’idée d’accrocher une troisième étoile sur le maillot de l’équipe de France. Après son but, Giroud lancera même un émouvant « je t’aime » à son passeur décisif en guise de remerciement. « J’étais un peu frustré de ne pas avoir pu concrétiser sur un ou deux centres qu’il avait fait en début de match, dira-t-il au micro de beIN après le match. Donc j’avais vraiment envie de mettre ce but. C’est super pour nous, il me trouve bien, c’est que du bonheur ». En zone mixte, le nouveau pichichi des Bleus continue de donner de l’amour à son nouveau poto. 

« On va continuer à être élogieux à son égard, évidemment. Il met encore deux buts et il le mérite, qu’est-ce qu’on va dire de plus ? Il continue à impressionner. Enfin… Impressionner oui et non parce qu’on sait de quoi il est capable, mais c’est super pour lui », explique-t-il, sincère. 

En attendant, c’est bien lui pour le moment le meilleur buteur de l’histoire des Bleus, il ne faudrait pas l’oublier. « Je n’ai pas eu le temps de regarder tous les messages que j’ai reçus mais j’en ai reçu plein. Ce record représente énormément de fierté, c’est un honneur, nous a-t-il dit en zone mixte. Je l’attendais et le plus tôt serait le mieux car il y avait beaucoup de personnes qui me disaient « bon allez, ça va être pour aujourd’hui ». Contre le Danemark je n’ai pas eu trop l’opportunité, contre la Tunisie je n’ai pas joué, c’est pour ça que le fait de l’avoir fait aujourd’hui, disons qu’on ne parlera plus de ce record désormais, c’est chose faite. »

« Mbappé va bientôt me rattraper ! »

Mais même quand il parle de son record, le Milanais revient amlgré tout et sans qu’on lui demande à son compère d’attaque : « J’espère que lui aussi battra mon record. En tout cas il est prédestiné pour ça. Ne vous inquiétez pas, il va bientôt me rattraper ! », se marre-t-il. Ces renvois d’ascenseurs permanents entre les deux hommes, qui n’arrêtent pas de se lancer des fleurs depuis quelques semaines, disent beaucoup de ce nouvel équilibre du vestiaire. Mbappé en est le leader incontesté et Giroud son bras droit qui se satisfait très bien de ce rôle inespéré il y a encore peu de temps. D’autant qu’il se murmure que la présence de l’ancien Gunner au Qatar n’est pas étrangère à la sortie élogieuse du Parisien à son égard après la victoire en Autriche, qui a convaincu que ce duo pouvait faire de grandes choses ensemble.

Une aubaine pour Didier Deschamps rendue possible, qu’on le veuille ou non, par le départ de Karim Benzema, dont la présence à Doha rejetait fatalement Giroud dans un rôle de supersub pas forcément simple à vivre quand on a passé tant de temps dans la peau de l’attaquant de pointe numéro 1. Interrogé en conférence de presse sur l’état de forme et la complicité de ses deux attaquants, comparé à il y a quatre ans, en Russie, au même stade de la compétition, le sélectionneur a eu cette phrase qui résume bien la situation actuelle : « Si Kylian peut faire la différence tout seul, l’un a toujours besoin de l’autre. » Ho la la, Didier, c’est beau comme un cliché.