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Corée du Sud : L’ex-président Moon Jae-in inculpé pour corruption

C’est une saga qui avait stupéfié le monde entier : en décembre, Yoon Seok Yeol avait tenté d’instaurer la loi martiale. Avant d’être destitué avec fracas. Mais Yoon Seok Yeol n’est plus le seul ancien président sud-coréen à avoir des tracas judiciaires. Les procureurs sud-coréens ont annoncé ce jeudi que son prédécesseur Moon Jae-in avait été inculpé pour corruption. Il est soupçonné d’avoir facilité l’emploi de son gendre dans une compagnie aérienne.

L’ancien président de centre-gauche (2017-2022) a été « inculpé de corruption pour avoir reçu 217 millions de wons (132.200 euros) après avoir facilité l’emploi de son gendre dans une compagnie aérienne », a déclaré le bureau des procureurs du district de Jeonju dans un communiqué. Selon le parquet, le gendre de l’ex-président aurait été nommé directeur général de la compagnie aérienne Thai Easter Jet, « malgré l’absence de toute expérience ou qualification pertinente dans l’industrie du transport aérien ».

Des « pots-de-vin »

L’entreprise, contrôlée dans les faits par un ancien député du parti de Moon Jae-in, a nommé son gendre en vue de s’attirer les faveurs du président. Tout salaire et autres avantages financiers versés par la compagnie aérienne à son gendre entre 2018 et 2020 « ont été confirmés comme n’étant pas des paiements de salaires légitimes, mais des pots-de-vin destinés au président », ont encore fait état les procureurs.

Moon Jae-in est connu pour avoir promu le rapprochement intercoréen, et notamment pour avoir organisé des discussions entre le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un et le président américain Donald Trump lors de son premier mandat. Sa formation, le Parti démocrate qui contrôle le Parlement, a qualifié jeudi l’inculpation de l’ancien président d’ « abus de pouvoir judiciaire incontrôlé ».

L’accusation de corruption n’est « rien d’autre qu’une manœuvre politique visant à humilier un ancien président », a déclaré Park Kyung-mee, porte-parole du Parti démocrate, dans un communiqué. « Le salaire versé au gendre était donc un pot-de-vin au président ? Est-ce la chose la plus logique qu’ils ont pu trouver après avoir fait traîner l’affaire pendant quatre longues années ? », a-t-elle ajouté.

Les destins funestes des anciens présidents sud-coréens

Avec l’inculpation de Moon Jae-in, deux anciens présidents sud-coréens sont donc simultanément dans le collimateur de la justice. Moon Jae-in risque toutefois moins gros que son successeur qui, s’il est reconnu coupable, pourrait être condamné à la prison à vie, voire à la peine de mort. La peine capitale reste toutefois très peu probable, car la Corée du Sud applique un moratoire officieux sur les exécutions depuis 1997.

En Corée du Sud, les présidents connaissent souvent des sorts funestes. Les deux autres ex-présidents encore vivants – Lee Myung-bak et Park Gueun-hye – ont été condamnés pour corruption et ont fait de la prison. Roh Moo-hyun (2003-2008) s’est lui jeté du haut d’une falaise en mai 2009. Il était visé par une enquête sur des versements d’argent suspects par un riche fabricant de chaussures à son épouse et à un autre membre de sa famille.