Conspués, bâillonnés, supprimés… Les coqs, ennemis numéro 1 des campagnes françaises ?

On aurait pu croire que les troubles de voisinage dus aux nuisances sonores d’animaux dans les campagnes, notamment des chants des coqs, étaient, après la célèbre loi dite du coq Maurice datant du 21 janvier 2019, de l’histoire ancienne. Il n’en est rien. Il y a quelques jours à peine, un habitant d’un paisible village de 750 habitants en Haute-Garonne au sud de Toulouse a carrément décidé de zigouiller treize de ses coqs après avoir reçu une lettre du maire lui demandant simplement de prendre des mesures pour limiter les troubles auprès de ses voisins. Des voisins, nouvellement installés dans le village et irrités par les chants matinaux et intempestifs de qui vous savez.
Il y a quelques jours également, à Pézenas dans l’Hérault, un habitant n’a pas hésité à demander l’intervention des gendarmes pour faire taire le coq de son voisin qui lui cassait les oreilles. Intervention qui n’a évidemment pas eu lieu, les militaires, à demi agacés, rappelant sur leur page Facebook que le standard était réservé aux urgences. En octobre dernier, c’est le coq Ricco en Isère qui défrayait la chronique avec pétition à l’appui après l’assignation en justice de son propriétaire.
Aux quatre coins de l’hexagone, les embrouilles se manifestent. Emblème autrefois de la ruralité, le coq semblerait plus sûrement aujourd’hui devenir le symbole des tensions entre ruralité et néoruraux. Odeurs de fumier, cloches qui carillonnent, bruit de tracteurs… vivre à la campagne, comme en ville, comporte aussi son lot de nuisances sonores pas toujours anticipées par les nouveaux arrivants.
Un élément essentiel de la biodiversité sonore
Des solutions de compromis sont pourtant proposées pour désamorcer ces tensions. Certaines municipalités ont opté pour l’instauration de zones de « cohabitation harmonieuse », où les nuisances sonores des animaux de ferme, y compris donc des coqs, sont réglementées en fonction des horaires. Des associations de défense du patrimoine rural, comme la Fédération Française des Exploitants Agricoles (FFEA), militent pour la préservation des animaux de ferme et l’importance de la ruralité dans l’histoire de France et mènent plusieurs campagnes de sensibilisation, expliquant que le chant du coq fait partie de la « culture de terroir » et qu’il est un élément essentiel de la biodiversité sonore et du patrimoine sensoriel des campagnes françaises.
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En attendant que les esprits ne s’apaisent, c’est la loi qui s’adapte. Notamment avec celle du 20 janvier 2021 la fameuse « loi du coq Maurice », issue du différent judiciaire en 2019 sur l’Île d’Oléron. Elle a été depuis renforcée par celle d’avril 2024 et qui consacre le principe d’antériorité. En clair, si votre voisin était là avant votre arrivée dans le village et que ses animaux étaient déjà présents, il est difficile de se plaindre sous réserves notamment que tout soit en conformité avec la législation et la réglementation en vigueur. De quoi avoir des lendemains qui chantent… et des riverains qui déchantent.