Conflit entre l’Inde et le Pakistan : Sur quels alliés peuvent s’appuyer les deux puissances nucléaires ?

Nouveau coup de chaud sur les tensions mondiales. Alors que le monde avait déjà les yeux rivés sur la guerre en Ukraine et le plan d’Israël pour raser Gaza, un nouvel embrasement est à craindre au Cachemire. Tôt mercredi, l’Inde a bombardé le Pakistan, qui a riposté. Et l’élection d’un nouveau pape, Léon XIV, n’a pas été un temps de trêve entre les deux pays ennemis. Accusations et attaques mutuelles se poursuivent entre New Delhi et Islamabad. Le dernier bilan publié jeudi par l’Inde faisait état de 16 morts civils. De son côté, le Pakistan déplorait 37 morts.
Un tel niveau de violences entre les deux puissances nucléaires rivales n’avait pas été observé depuis plus de vingt ans, faisant craindre le pire. La plupart des acteurs de la communauté internationale appellent les deux parties à la « retenue » et à la « désescalade ». Une relative mise sur un pied d’égalité des deux pays, comme pour éviter d’avoir à choisir un camp dans un nouveau conflit. Mais si la situation devait dégénérer, sur quels alliés pourraient compter l’Inde et le Pakistan ? 20 Minutes dresse la liste.
L’Inde, championne de l’ambiguïté stratégique
Membre fondateur du mouvement des non-alignés dans les années 1950, l’Inde joue depuis longtemps sur plusieurs tableaux pour conserver de bonnes relations avec les autres puissances, sans nouer de véritable relation de dépendance. Le pays fait ainsi partie des Brics, alliance de pays à l’économie en plein essor et luttant contre l’hégémonie américaine. On y retrouve le Brésil, mais aussi la Russie et la Chine. Mais, comme le souligne le site Modern Diplomacy, l’Inde, « passée d’une stratégie de non-alignement […] à une stratégie de multi-alignement », a développé une culture de « l’ambivalence totale ».
En parallèle de cette alliance économique, l’Inde fait aussi partie du Quad, un groupe informel qui réunit aussi les Etats-Unis, le Japon et l’Australie, avec cette fois-ci des exercices militaires conjoints dans le but de contrer l’influence grandissante de la Chine dans le Pacifique. Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Inde a accru ses liens économiques avec la Russie, par ailleurs principal importateur d’armes pour le pays. Mais l’Inde a aussi commandé 26 avions de chasse Rafale à la France la semaine dernière. En outre, le pays entretient de très bonnes relations avec l’Iran, également frontalier du Pakistan.
Le Pakistan isolé ? Pas vraiment
Puissance musulmane, le Pakistan s’appuie essentiellement sur les autres pays sunnites. C’est notamment le cas de la Turquie, qui a dénoncé « l’initiative provocatrice » de l’Inde. Les deux pays entretiennent une coopération économique et militaire de longue date, et le président turc Erdogan s’est rendu à Islamabad en février pour signer de nouveaux accords. La Pakistan peut également compter sur les pays du Golfe, en particulier pour soutenir son économie. Comme le soulignent Les Echos, « l’Arabie saoudite, la Chine et les Emirats arabes unis avaient dû lui apporter collectivement 12 milliards de dollars » en 2024.
La Chine est aussi, en effet, un partenaire stratégique de longue date du Pakistan, loin de la rivalité larvée qu’elle entretient avec l’Inde. Coopération technologique, intérêts chinois avec la construction d’un « corridor économique » et liens militaires étroits sont au menu. Le Pakistan représentait 61 % des exportations d’armes chinoises en 2023 et soutient la politique dite « d’une seule Chine » visant à réintégrer Taïwan dans la Chine. Mais Pékin, qui a « déploré » les frappes indiennes, semble se lasser peu à peu d’un partenariat qui ne rapporte pas autant que prévu, alors que des Chinois ont été ciblés par des attaques dans la province du Baloutchistan ces dernières années.
L’Occident, entre indifférence et arbitrage
Si la position chinoise semble clé dans le conflit, l’attitude des Occidentaux n’en demeure pas moins capitale. Ancienne puissance coloniale des deux pays, le Royaume-Uni s’est dit « prêt » à intervenir pour une « désescalade ». Moins engagées, la France et l’Allemagne se sont contentées d’appeler à « éviter toute escalade » dans la région. Les deux pays œuvrent surtout pour continuer à soutenir l’Ukraine et à sécuriser l’Europe, les pays baltes craignant une nouvelle intervention russe.
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Reste à situer un acteur central, parfois qualifié de « gendarme du monde » : les Etats-Unis. « C’est une honte », a lancé Donald Trump au sujet des échanges de tirs, espérant que les affrontements « se termineront très rapidement ». Fin avril, Washington avait appelé les deux pays à trouver une « solution responsable ». Une manière de s’en laver les mains sans en avoir l’air.