Condamnation de Marine Le Pen : Quand elle réclamait « l’inéligibilité à vie » pour les détournements de fonds publics

Le journal satirique Fakir a été l’un des premiers à partager l’extrait. Dans cette vidéo enregistrée en avril 2013 sur le plateau de la chaîne Public Sénat, on voit Marine Le Pen s’exprimer face au journaliste Guillaume Durand. À grand renfort de punchlines, celle qui est alors présidente du Front national s’agace. « Quand allons-nous tirer les leçons et mettre en place l’inéligibilité à vie pour tous ceux qui ont été condamnés pour des faits commis grâce ou à l’occasion de leur mandat », s’énerve l’élue d’extrême droite.
Elle souhaite alors aller au-delà de ce que proposait le président de la République de l’époque (le socialiste François Hollande) en écartant « à vie » les élus condamnés pour corruption et fraude fiscale mais aussi « pour favoritisme, pour détournement de fonds publics, pour emploi fictif », liste Marine Le Pen en lisant ses notes. Avant d’ajouter : « Moi, ma veste, elle est immaculée. Ils auront beau essayer de s’agiter, ils n’arriveront pas à me salir, parce que j’ai une éthique, j’ai une morale, que je m’y tiens. Et moi quand je la réclame, je me l’applique à moi-même ».
Cette vidéo captée il y a onze ans est revenue en masse sur les réseaux sociaux lundi, après la condamnation de la leader du RN à une peine de cinq ans d’inéligibilité pour détournement de fonds publics. Reconnue coupable d’avoir fait travailler des assistants parlementaires européens pour le compte de son parti, Marine Le Pen a écopé de la peine la plus lourde avec quatre ans de prison dont deux ferme. Une peine qui a été totalement évincée par le débat de l’inéligibilité immédiate prononcée à son encontre. Une peine qui pourrait la priver de l’élection présidentielle de 2027. « Vœu en partie exaucé grâce à la justice française ! », a commenté la journaliste Nassira El Moaddem en partageant l’extrait.
Cette séquence avait été enregistrée au moment de « l’affaire Cahuzac ». Celui qui était alors ministre délégué au Budget était accusé d’avoir « un compte bancaire non déclaré à l’Union des banques suisses (UBS) de Genève » comme le révélait Mediapart. Ce proche de François Hollande a pendant plusieurs semaines démenti fermement ces allégations, y compris devant le président de la République. Avant de reconnaître en avril 2013 qu’il était bien coupable. En 2016, l’ancien ministre est condamné à trois ans de prison ferme et cinq ans d’inéligibilité par le tribunal correctionnel de Paris (peine ramenée à deux ans en appel). Son ex-épouse, également impliquée, est condamnée à deux ans de prison ferme. La banque suisse Reyl chez qui le compte avait été ouvert, écopait en 2016 d’une amende de 1,875 million d’euros.