Condamnation de Marine Le Pen : A Hénin-Beaumont, on oscille entre « tant mieux » et « scandale »

A Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais),

Aux mains du Rassemblement national depuis 2014 et au vu des scores réalisés par le parti à toutes les dernières élections, on pouvait s’attendre à trouver Hénin-Beaumont en deuil après la condamnation de la députée du coin, Marine le Pen, dans l’affaire des assistants du FN. Ce n’est pas le cas. Les rares passants passent, profitant du soleil, inconscients de ce qui était en train de se jouer au tribunal de Paris. En bons oiseaux de mauvais augure, ce sont les nombreux journalistes présents qui ont ainsi annoncé la nouvelle que la championne locale ne pourrait être candidate à la présidentielle de 2027.

Reprenant à sa sauce les arguments avancés par la principale concernée, Christian dénonce un « procès politique », comme « pour Sarkozy ». Balayant une justice censée être indépendante, le sexagénaire voit dans cette peine « une vengeance commanditée par des partis politiques ». Juste derrière Christian arrive Thibaut, 17 ans. Lui aussi est dégoûté, parce qu’il comptait glisser un bulletin Marine pour son premier vote à une élection présidentielle : « Comme par hasard le procès arrive à deux ans de la présidentielle, moi je pense que c’est fait exprès. »

« Je trouve ça quand même choquant »

Dans cette ville, sous le feu des projecteurs à chaque élection, les habitants ont quand même tendance à presser le pas quand ils flairent un journaliste. Entre les « je parle pas » et les « je fais pas de politique », les candidats à la question ne sont pas franchement légion. « J’ai pas d’avis sur la politique », lâche d’abord Jessica, 40 ans, avant de confirmer qu’elle a néanmoins toujours voté Marine le Pen. Du coup, quand elle apprend la disqualification de sa candidate, elle « trouve ça quand même choquant ». Toujours dans le centre-ville, une autre électrice de Marine le Pen est « en colère ». Elle estime la décision « scandaleuse », affirmant que ce procès « est uniquement pour l’empêcher de passer ».

Non loin de là, un barbu, la soixantaine, tente de nous esquiver en sortant du tabac. « J’ai pas le temps », lâche-t-il avant de finalement trouver deux minutes. « C’est bien qu’elle puisse pas se représenter », affirme-t-il, laissant en suspend un « parce que ses idées hin… ». Farid, lui, nous répond avec plaisir après une petite halte au bistrot. « Tant mieux !, s’exclame-t-il. C’est une voleuse, elle n’a rien à faire à la présidence. »

« Il n’a pas la capacité, c’est un gamin »

Sur la suite, à savoir qui représentera le RN en 2027, tous ne s’accordent par sur l’hypothèse Bardella. A commencer par Farid : « Il n’a pas la capacité, c’est un gamin. » « La France c’est un Etat, c’est pas […] », balance-t-il dans une comparaison que nous ne retranscrirons pas ici. Pareil pour Christian, dans des termes plus policés : « Ça va être difficile pour lui, il n’a pas encore la stature. » Mais paradoxalement, il est « sûr et certain que le RN va encore gagner des points ».

Sans trop chercher, Thibaut, futur électeur du RN, assure qu’il va « voter Bardelle du coup ». Parce que, selon lui « Bardella et Le Pen, c’est un peu la même chose côté politique ». Même point de vue pour le barbu du tabac. « Bardella n’est pas plus dangereux que Marine le Pen, analyse-t-il, pour moi, c’est à peu près pareil ».

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Face à l’église récemment ravalée, passe opportunément une autre Marine célèbre du coin : l’élue locale d’opposition et patronne des écolos, Marine Tondelier. Elle peine à cacher sa satisfaction : « Je ne vais pas commenter une décision de justice, mais je ne suis pas comme Marine le Pen, pour moi une décision qui vient de la justice est juste. » Sur l’après Le Pen, « je laisse le RN se réorganiser mais je pense qu’on voit se profiler un peu les Jordan Bardella, etc. », élude la patronne d’EELV.