Conclave sur les retraites : La fumée blanche signe-t-elle la fin de François Bayrou à Matignon ?

François Bayrou fait-il preuve d’un optimisme béat (rnais) ? Son conclave sur la réforme des retraites, lancé en janvier dernier, touche à sa fin ce mardi avec une ultime rencontre entre les syndicats. « Je pense que la possibilité existe de trouver un accord dynamique, car ce qui est en gestation, c’est le retour de la démocratie sociale », a positivé le maire de Pau, selon des propos rapportés par La Tribune Dimanche. Une issue sans accord fragiliserait encore davantage le chef du gouvernement, qui pourrait être menacé d’une nouvelle motion de censure pour fêter comme il se doit ses six mois à Matignon.
Sorti du chapeau palois à la surprise générale lors de sa déclaration de politique générale, ce conclave visait à améliorer la très impopulaire réforme des retraites, adoptée dans la douleur et par 49.3, par Elisabeth Borne malgré des mois de mobilisation sociale. Très critiqué, le conclave avait permis au Premier ministre de trouver un accord tacite avec les socialistes l’hiver dernier pour éviter la censure. « La démarche est allée jusqu’au bout, c’est déjà notable dans notre monde politique marqué par tant de tensions et de radicalités », souligne Erwan Balanant, député MoDem du Finistère.
Mais alors que s’achèvent les négociations ce mardi entre les syndicats, les fruits de la récolte pourraient s’avérer plus maigres que ne l’espérait le Parti socialiste. La suppression espérée du report de l’âge légal à 64 ans, paraît définitivement illusoire, d’autant plus depuis que la CGT et FO ont claqué la porte des négociations. « Ce conclave, il n’y a rien à en attendre, rien n’en sortira. C’est une manœuvre dilatoire qu’a inventée François Bayrou pour gagner du temps et éviter la censure avec l’aide du PS… », soupire David Guiraud, député La France insoumise du Nord. Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon prône toujours l’abrogation pure et simple de la réforme des retraites.
Le retour de la censure
Le Parti socialiste regarde avec bien plus d’intérêt les conclusions du conclave. « On ne lâchera pas François Bayrou, qui s’était engagé par écrit à ce qu’un texte issu des négociations soit débattu au Parlement sans tabou », résume Laurent Baumel, député PS d’Indre-et-Loire. « Ce sera un moyen de poser à nouveau la question de l’âge légal. Et si Bayrou ne tient pas ses promesses, il s’exposera à la censure », ajoute-t-il.
Pour tenter décrocher un accord, le Premier ministre a confirmé ce lundi avoir proposé aux syndicats et au patronat « l’idée » d’une « prime » pour les salariés seniors qui « décident de rester au travail ». Suffisant pour mettre d’accord la CFDT et le Medef, qui tiennent jusqu’ici leurs lignes rouges, notamment sur la pénibilité ? En cas d’accord syndical sans suppression des 64 ans, le Parti socialiste se trouverait probablement de nouveau tiraillé. « Il y aura une pression pour ne pas gâcher les fruits du dialogue social s’il y a des avancées sur la pénibilité ou les séniors et la peur du chaos d’une nouvelle censure », reconnaît Laurent Baumel. « Mais Bayrou a exaspéré les socialistes ces derniers mois », remarque cet élu de l’aile gauche du PS. Erwan Balanant résume à sa manière les incertitudes du moment : « Dans un conclave à Rome, on ne sait pas quand ça finit, mais on est sûrs que l’un des cardinaux ressortira pape. Là, on sait que ça se termine demain, mais sans savoir ce que donnera la fumée blanche. »