Concerts de l’été : Free balance plein pot sa 5G pour que les festivaliers puissent streamer en toute liberté
Alors que le festival We Love Green se prépare à envoyer ses décibels au Bois de Vincennes du 6 au 9 juin, les opérateurs de téléphonie mobile eux, sont aussi sur les chapeaux de roues. Leur mission : mettre en place des réseaux 4G/5G parfaitement dimensionnés et permettre à leurs abonnés de bénéficier sur site d’une connexion de qualité suffisante pour pouvoir communiquer, mais aussi de streamer sans contrainte les prestas de leurs artistes préférés. Free est de ceux-là. Omar Naouar, responsable Performance chez l’opérateur nous explique quelle est sa stratégie pour couvrir les principaux festivals de l’été.

« Couvrir » We Love Green, Les Vieilles Charrues, Le Hellfest, Les Eurokéennes de Belfort… cela fait aussi partie du travail d’un opérateur de téléphonie mobile ?
Oui. Nous déployons des infrastructures temporaires dans beaucoup de festivals afin de dimensionner notre réseau face à l’affluence de public, chaque opérateur prêchant pour ses abonnés. On se bat donc pour être présents sur certains festivals et installer des infrastructures à très forte capacité.
En quoi cela consiste-t-il ?
Pour faire simple, on place un camion ou une petite remorque avec des grosses antennes 4G/5G qui ont la capacité de plus de quatre sites standards. Si, il y a 60.000 personnes sur le site, comme aux Vieilles Charrues, cela suffit. S’il y en a moins, les festivaliers bénéficient de plus de débit. Mais tous ne sont pas abonnés Free. Les deux festivals les plus gourmands en datas pour Free, sont le Hellfest et la Fête de l’Huma. C’est là où notre réseau est le plus éprouvé.

Notre objectif numéro un est que tous nos abonnés puissent profiter de leur forfait partout, et qu’ils ne se sentent pas bridés. Que quel que soit le festival, s’il veut streamer des vidéos, faire du live, il y arrive !
Un camion ou une remorque suffisent ?
Non ! D’abord on identifie les lieux, les festivals les plus pertinents. Parfois, les festivals se situent dans des endroits très bien couverts par les réseaux, mais souvent, ils se situent aussi en pleine campagne ou sur des lieux qui ne sont pas destinés à être couverts en 4G/5G. Nous prenons d’abord contact avec le directeur du festival et lui proposons nos services. Ensuite, le grand challenge est celui de la fibre : tous les sites que l’on couvre doivent être fibrés pour bénéficier de la 5G.
Et s’ils ne le sont pas ?
Dans ce cas, nous amenons la fibre au plus proche et la tirons jusqu’à une remorque ou un camion relais. Sur les remorques, nous installons des petits pilonnes avec les antennes en haut, et toute la partie système en bas. Sur les camions, nous avons un mas rétractable avec toutes les antennes qui se déploient au-dessus.
Les antennes, elles, sont faites pour émettre le réseau auquel se connectent les abonnés depuis leur smartphone. Sur un festival, comme les Eurockéennes de Belfort avec un site camping, nous pouvons doubler ces antennes pour élargir la couverture. Reste la contrainte de l’alimentation. Parfois, c’est facile, parfois, un groupe électrogène est nécessaire.
Ces installations sont-elles longues à mettre en place ?
C’est toujours le challenge. Nous avons la chance d’avoir nos équipes terrain qui travaillent avec nous. Elles s’occupent du tirage de la fibre. Cela peut être long dans le cadre d’une première collaboration avec un festival. Ensuite, on conserve cette infrastructure pour les années suivantes, où le fourreau sera prêt. Reste que Free est en mesure « d’allumer » un site en 48 heures : on pose le camion, on déploie, on intègre, on allume !
Du coup, tout le monde peut streamer en 5G dans les festivals que vous couvrez ?
Je ne veux pas vous dire que l’on propose des dizaines de milliers de connexions en simultané. Si tout le monde envoie un SMS, il n’y a pas de problème. Si tout le monde regarde la télévision en même temps, le débit sera forcément réduit. Et s’il y a 10.000 ou 20.000 personnes qui streament en 4K en même temps, il est possible que ce soit un peu plus compliqué… Mais cela n’arrive jamais !

Dans le cadre d’un festival, les usages sont inversés par rapport à ce qu’ils sont au quotidien: on émet plus que l’on reçoit. On paramètre ainsi le site pour qu’il ait une plage destinée à l’envoi plus grande que pour la réception. La partie « montante » a une part plus importante que sur les autres sites, de l’ordre de trois à quatre fois.
Et vos collègues d’Orange, SFR et Bouygues Telecom ?
L’objectif n’est pas de mettre des bâtons dans les roues des concurrents. Sur Solidays, on a eu un passage de fibre difficile, un autre opérateur également. On s’est mis sur le même poteau et on a avancé. Nous, nous parvenons à tirer la fibre tout le temps. Les autres opérateurs n’ont pas forcément la même stratégie et peuvent utiliser du faisceau hertzien.
Finalement, ces déploiements éphémères ne révèlent-ils pas que le réseau en France est sous-dimensionné ?
Si les lieux de ces festivals étaient des lieux de vie classique, je vous dirai que oui, vous avez raison. Mais a-t-on pour vocation, en serait-ce qu’en termes de dépenses d’énergie et d’émissions carbone, de maintenir un site « full capacité », comme dans les champs où se déroule le Hellfest, et où il ne se passe rien le reste de l’année ?