Comment redonner confiance aux travailleurs dans le marché de l’emploi ?
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La vision des travailleurs devient vraiment trouble. Selon le dernier baromètre Actual sur le rapport au travail (basé sur le deuxième semestre 2024), les indicateurs sont au rouge. Au cours de la période, la confiance globale en l’avenir a baissé de 3,6 %. Cette perte de confiance des actifs quant à leur horizon professionnel et leur « employabilité » n’est pas homogène. Le document produit par Actual, entreprise partenaire de 20 Minutes, dégage quatre tendances type d’actifs, en fonction de leur employabilité et de leur niveau de confiance en l’avenir. Les « décrocheurs », dont l’employabilité est faible et qui ne croient plus à une possible embellie (14,1 %), les stables « pessimistes » (27,1 %) et « optimistes » (22,5 %), dont l’employabilité est moyenne, et enfin les avant-gardistes, très employables et très optimistes (14,9 %).
Des milliers d’offres d’emploi en un clic
Plusieurs causes expliquent cette crainte globale : une conjoncture délicate, marquée par une économie en difficulté et un chômage à la hausse. Mais aussi, des troubles géopolitiques majeurs et une instabilité politique qui a entraîné l’adoption tardive du budget annuel de l’Etat. Côté entreprise, le champ de vision est aussi bien embrumé. « Les résultats de l’étude confirment ce que nous observons au quotidien dans nos agences », explique Samuel Tual. « D’un côté, des entreprises qui sont contraintes d’adopter une posture de prudence face à un environnement instable, et de l’autre, des candidats dont les comportements se segmentent davantage », poursuit-il.
Pour Jean Pralong, professeur en gestion des ressources humaines à l’EM Normandie, « on voit à travers ce baromètre l’apparition de différentes Frances au travail. Dans ce contexte, il faut que les entreprises réinventent l’emploi, un nouvel imaginaire du recrutement pour redonner confiance aux candidats. »
Des dynamiques positives chez les plus employables
Le pessimisme gagne du terrain. Pourtant, une partie des travailleurs — les avant-gardistes et les stables optimistes — conservent un état d’esprit positif contre vents et marées. Mais aux yeux des entreprises, il se pourrait bien que l’arbre cache la forêt.
Jean Pralong relève que les yeux des entreprises sont rivés sur ces profils optimistes, au détriment des moins enthousiastes. Ce qui leur donne in fine une vision biaisée du recrutement en 2025 : « Elles imaginent le marché composé en grande partie par ces optimistes très employables et difficiles à fidéliser. Elles en perdent de vue les autres, moins confiants. »
Changer les vieilles habitudes
La dernière étude de LinkedIn sur les tendances du marché de l’emploi, publiée en janvier 2025, révèle qu’un tiers des actifs estiment le marché français trop incertain pour chercher activement un nouvel travail. La faute à un recrutement jugé trop frustrant.
Reste que malgré ce contexte difficile, les entreprises ont de la marge de manœuvre pour rassurer les moins optimistes selon Jean Pralong : « Il faut réinventer les pratiques de recrutement et les rendre plus rassurantes. Elles doivent se faire avec plus de transparence et d’humain. »
Pour le professeur de l’EM Normandie, la digitalisation à tout-va dans le processus de recrutement ne rassure guère les actifs, qui peuvent avoir l’impression d’être un numéro parmi d’autres : « Il doit être digitalisé quand c’est vraiment utile, pour donner des informations essentielles entre le candidat et le recruteur. Les entreprises croient simplifier les choses pour les candidats avec des chatbots et des mails automatiques, mais ça ne convainc pas du tout ces derniers. » Avec le développement récent de solutions IA de recrutement, difficile d’imaginer un retour en arrière…