France

Comment préparer la France à un réchauffement de 4°C en 2100 ?

« La réalité globale du réchauffement climatique s’impose (….) il faut donc se préparer concrètement à ses effets inévitables sur notre territoire et sur nos vies », explique ce dimanche le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, dans un communiqué. Et comment se préparer ? En donnant, mardi, le coup d’envoi d’une consultation publique jusqu’à la fin de l’été pour définir la trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation de la France (Tracc), sur lequel le gouvernement basera le prochain plan d’adaptation français au changement climatique. Un Pnacc attendu pour la fin de l’année, en parallèle des efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

« Nous voulons doter notre pays d’une trajectoire claire en termes d’adaptation » afin de « construire un modèle de résilience au plus près des réalités du terrain et d’éviter la mal-adaptation », fait encore savoir le ministre. L’été 2022 avec ses 40°C et sa sécheresse exceptionnelle a marqué les esprits. Un scénario qui pourrait t’être qu’un avant-goût de la France de 2100. Cette consultation imagine donc à quel scénario la France doit se préparer en matière de réchauffement climatique, avec notamment l’hypothèse d’un réchauffement de +4°C à la fin du siècle, très loin de l’objectif de +1,5°C fixé par l’Accord de Paris.

Prévoir un « scénario plus pessimiste »

Les deux premières versions du Pnacc, datant de 2011 et 2018, ne prenaient en compte que l’hypothèse des objectifs de l’accord de Paris. Une hypothèse qui peut être renvoyer aux vestiaires alors que la France en est déjà à +1,7°C et que le dernier rapport du Giec a lui estimé en mars que le réchauffement climatique atteindrait la barre des 1,5°C au niveau mondial dès 2030-2035.

Ceci sans compter que l’année 2022, plus chaude jamais enregistrée en France depuis 1900, avec l’été le plus chaud jamais enregistré en Europe, et les récents événements météo extrêmes dans le monde (sécheresse en Espagne, canicules en Asie, ouragan en Birmanie, sécheresse dans la Corne de l’Afrique, etc.) montrent que les effets du changement climatique s’accélèrent. Le gouvernement veut donc désormais prévoir un « scénario plus pessimiste » correspondant « à la tendance probable en l’absence de mesures additionnelles », dans lequel le réchauffement mondial serait de 3°C, et donc de 4°C en France métropolitaine.

Dans ce scénario, les canicules pourraient durer jusqu’à deux mois et certaines zones particulièrement exposées (arc méditerranéen, couloir rhodanien, vallée de la Garonne) pourraient connaître jusqu’à 90 nuits tropicales par an. Le gouvernement s’attend à des pluies extrêmes plus intenses, notamment sur une large moitié nord, et des épisodes de sécheresse de plus d’un mois l’été dans le Sud et l’Ouest. Les pénuries d’eau se multiplieront avec de « fortes tensions sur l’agriculture et la forêt » et la « quasi-totalité des glaciers français auront disparu ».

Le gouvernement français propose trois chantiers

Des « risques importants sur tous les bâtiments, les infrastructures de transport et les réseaux d’énergie, d’eau et de télécommunications » sont également à prévoir avec des « effets marqués sur les zones côtières (érosion du trait de côte, submersions marines) ».

Enfin, la multiplication des inondations aura un « fort impact » sur les assurances, sur l’aménagement du territoire et sur les transports. Et à +3°C dans le monde, la baisse du produit intérieur brut (PIB) serait comprise entre 6,5 % et 13,1 %, estime le géant de la réassurance Swiss Re. Du côté des assurances, les dégâts pourraient augmenter de 30 % à horizon 2050. Des pertes de récoltes agricoles de 7,4 % pour le blé et de 9,5 % pour l’orge sont attendues en 2050, et pour la forêt, le rendement baisserait entre 4,6 % à 11,6 % pour le pin.

Face à cela, le gouvernement français, en plus des mesures déjà effectives (plan Eau, Fonds vert, etc.), propose trois chantiers. Le premier visera à mettre à jour les différents référentiels (Drias, Drias Eau, Climadiag) sur lesquels s’appuient les autorités pour anticiper les effets du réchauffement. Le deuxième sera un plan d’accompagnement des collectivités locales tandis que le troisième lancera des études de vulnérabilité pour adapter l’activité économique. Et l’exécutif de prévenir : « Les mesures d’adaptation à mettre en place dès aujourd’hui, quelle que soit la trajectoire d’adaptation fixée, représentent au minimum 2,3 milliards d’euros additionnels par an. »