Comment le phénomène « Pokémon Pocket » va vous forcer à devenir dresseur
Si vous ne savez pas ce qu’est un « gold pack » (qui se prononce : « Ho mon dieu ! Un gold paaaaaaaaaack !!! » quand on est influenceur), vous êtes passé à côté du phénomène Pokémon Pocket. Ce jeu en ligne, disponible sur smartphone, permet de collectionner des cartes Pokémon virtuelles. Chaque jour, l’appli propose un booster (un paquet de 5 cartes) gratuit, qui s’ouvre d’un coup de doigt sur l’écran. A l’intérieur, il y a des cartes Pokémon qui ressemble beaucoup aux « vraies ». Parfois on tombe sur une « immersive », qui s’anime et permet d’entrer dans le décor de la carte. Il y a aussi toutes les variétés habituelles de cartes plus ou moins rares. Et enfin, il y a les « gold packs », des boosters de 5 cartes d’exception. C’est rarissime, mais ça arrive…
Les personnes qui ont vécu la folie Pokémon Go (le jeu où l’on chassait les créatures virtuelles dans le monde réel avec une appli mobile de réalité augmentée) savent qu’il ne faut pas prendre à la légère un phénomène lié aux Pokémon. Ainsi, en un mois, l’application Pokémon Pocket a été téléchargée 60 millions de fois. En une semaine, le jeu était déjà deux fois plus rentable que Pokémon Go. Comment ? Avec les pass payants bien sûr. Il faut avoir une volonté d’airain pour se contenter d’un booster par jour. Ainsi, les joueurs aisiatiques dépensent en moyenne 13 euros par jour dans l’appli (on tombe à moins de quatre euros en moyenne en Europe).
Débarquement sur « L’Île fabuleuse »
Déjà, certains joueurs particulièrement mordus se vantent d’avoir réuni tous le Pokémons disponibles. Selon une estimation du New York Times, il faut avoir dépensé près de 1.500 euros pour espérer une telle collection. Par ailleurs, depuis ce mardi 17 décembre, la première extension intitulée « L’Île Fabuleuse » a été lancée avec de nouveaux Pokémon…
Il faut dire que quand il s’agit d’encourager le goût pour la collection de cartes, la Pokémon Company sait s’y prendre… Ainsi, l’interface de Pokémon Pocket regorge de détails qui titillent les addicts au « craquage » de boosters. « L’expérience d’ouverture est similaire à celle du jeu de cartes à collectionner Pokémon sur table, et vous pouvez créer vos propres routines sur la façon dont vous souhaitez vivre le jeu, explique Ryo Tsujikawa, directeur général de Creatures, le studio qui développe les jeux Pokémon. Nous avons apporté une attention toute particulière au processus de sélection du booster qui apparaît dans un carrousel, puis de son ouverture et enfin de la manière dont on peut observer les cartes. »
Satoru Nagaya, directeur artistique, raconte notamment comment Creatures a conçu le son qui est émis au moment de l’ouverture du booster virtuel :
« « Puisque nous savions que les joueurs ouvriraient des packs chaque jour, nous voulions que le bruit de l’ouverture des paquets soit bien identifiable. Nous avons ouvert un certain nombre de packs physiques pendant que nous recherchions un son agréable. Nous avons soigneusement testé les sons à différents endroits du pack, notamment pendant que vous faites glisser votre doigt dessus, ou au moment où le paquet est complètement ouvert. Et je pense nous avons pu trouver un son qui suscite un sentiment d’excitation. » »
Des cartes virtuelles, mais des cartes tout de même
Finalement, Pokémon Pocket reprend exactement la recette des cartes à collectionner en papier. Ryo Tsujikawa ne s’en cache pas : « Il n’y a pas vraiment de différences avec le jeu de cartes physique dans lequel vous apprenez à connaître les Pokémon en regardant la carte… Nous voulions garder cette expérience passionnante de rencontre avec de nouveaux Pokémon, par l’ouverture de packs. Et pour garder la même excitation, nous avons conservé les mêmes informations sur les cartes, mais aussi le même niveau d’équilibre de la rareté des cartes dans un pack. »
Ainsi, alors que la technologie aurait pu permettre d’animer les cartes autrement qu’avec un simple effet de brillance quand on la manipule, Pokémon Pocket reste assez sobre. Pourtant, avec le succès de cette version digitale, Pokémon prend une sacrée avance sur ses concurrents. Le marché des jeux de cartes à collectionner (JCC) à exploser ces dernières années. Le vétéran Magic connaît un retour de flammes impressionnant, Disney s’est lancé dans la partie avec le jeu Lorcana, un géant du secteur commence à s’imposer avec un JCC Star Wars, Unlimited. Et même des youtubeurs français s’en mêlent avec Wankul. Et on ne parle même pas des nombreux outsiders, comme le génial Altered (français, en plus…)
Se prendre au jeu
Outre le fait de s’imposer dans les smartphones, Pokémon pourrait profiter du succès de Pokémon Pocket pour rattraper le seul retard qu’il a encore sur ses concurrents : le jeu en lui-même. Depuis de nombreuses années, s’il s’écoule des millions de cartes Pokémon, les joueurs restent considérablement peu nombreux, par rapport aux collectionneurs. Pokémon ne ménage pas ses efforts pour apprendre à ses adeptes à jouer avec les cartes. Régulièrement, des boîtes d’initiation sont mises en vente à des prix attractifs. Récemment, Pokémon a lancé une collection de « decks » : des paquets de cartes déjà construits pour la compétition. Bien que très bien conçus, ces « decks » ne parviennent pas à imposer le jeu Pokémon (qui est plutôt pas mal en plus…)
Nos articles Jeux de société
Comme pour tous les jeux de cartes, l’une des difficultés, au moment de s’y mettre, est de trouver des adversaires. Or, si les millions de collectionneurs Pokémon Pocket se mettent un jour à jouer en ligne avec leurs cartes virtuelles, le jeu Pokémon pourrait connaître un essor considérable. « Bien que Pokémon Pocket se concentre sur la collection, il existe diverses opportunités pour chacun de découvrir le plaisir des batailles, explique Satoru Nagaya. Par exemple, Pokémon Trading. Les fonctionnalités de l’application incluent des decks de location, la personnalisation des decks, des batailles automatiques contre l’appli… Nous serions ravis que les gens découvrent et apprécient l’expérience de combat Pokémon… »