France

Comment candidater au patrimoine mondial de l’Unesco ?

Gravé dans la roche. Les candidatures des plages du Débarquement en Normandie et des forteresses de Carcassonne et alentour à l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco ont été « déposées », a indiqué, lundi, le ministère de la Culture, précisant que l’institution les examinera « en juillet 2026 ». Mais comment un lieu peut-il faire acte de candidature ? Et pourquoi ?

Une sélection à l’entrée

Pour figurer sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco, les sites doivent satisfaire à au moins un des dix critères de sélection. Il faut, par exemple, qu’ils représentent un chef-d’œuvre du génie créateur humain, témoigner d’un échange d’influences considérable pendant une période donnée ou, encore, être directement ou matériellement associé à des évènements ou des traditions vivantes, des idées, des croyances ou des œuvres artistiques et littéraires ayant une signification universelle exceptionnelle.

A ce jour, la France compte cinquante-trois biens inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. Quarante-quatre sont des biens culturels, sept des biens naturels et deux des biens mixtes. Les premiers lieux français inscrits datent de 1979. On y retrouve la basilique et colline de Vézelay, la Cathédrale de Chartres, le Mont-Saint-Michel et sa baie ou encore le Palais et parc de Versailles. Les derniers en date sont les sites funéraires et mémoriels de la Première Guerre mondiale (Front Ouest), en 2023.

De nombreux vestiges

Pour les derniers dossiers déposés, ceux des forteresses de Carcassonne et des plages du Débarquement de Normandie, la demande formulée a été collégiale. « Ces candidatures ont été élaborées en étroite collaboration avec le département de l’Aude, la ville de Carcassonne et les collectivités concernées pour la première, et avec la Région Normandie pour la seconde », est-il précisé le ministère de la Culture dans un communiqué.

En matière de critères, les plages du Débarquement furent « le théâtre de l’opération Neptune déclenchée le 6 juin 1944 sur les côtes normandes (qui) conduira à la libération de l’Europe occidentale et à la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe », rappelle le ministère. Le bien proposé à l’inscription est composé d’un « vaste espace terrestre et maritime qui couvre les cinq secteurs du Débarquement définis par les Alliés en 1944 : Utah Beach, Omaha Beach, Juno Beach, Gold Beach et Sword Beach, soit plus de 80 km de côtes », indique, pour sa part, la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) Normandie sur son site.

Ce littoral est jonché de nombreux vestiges : bunkers du mur de l’Atlantique, épaves de bateaux de guerre français, anglais et allemands, pièces de collection. Devenues « lieu de rassemblement autour d’un message universel », ces plages portent « la mémoire d’un combat pour la liberté et la paix », décrit le ministère.

« Une période charnière de l’histoire »

Autre candidat, « le système de forteresses de la sénéchaussée de Carcassonne (XIIIe-XIVe siècles) est composé de huit monuments répartis entre les départements de l’Aude et de l’Ariège : les fortifications de Carcassonne et autour d’elles les châteaux de Lastours, Termes, Aguilar, Peyrepertuse, Quéribus, Puilaurens et Montségur », précise le ministère de la Culture.

« Édifiés sur des pitons rocheux dans des paysages grandioses », ces monuments « illustrent une période charnière de l’histoire et offrent un exemple unique d’architecture militaire leur conférant une valeur universelle exceptionnelle », ajoute l’instance. Ces citadelles sont aussi appelées, de façon impropre, châteaux cathares.

Un processus parfois long

Cette candidature, amorcée en 2014, avait initialement été déposée en 2018, mais son examen par le comité du patrimoine mondial de l’Unesco prévu en 2019 avait été reporté, l’institution indiquant mener une réflexion sur « l’évaluation de sites associés à des conflits récents ». Le comité a levé ce moratoire en janvier 2023, permettant aux candidatures mémorielles, déposées avant 2022, d’être examinées hors du quota d’une candidature par an et par Etat, rappelle le ministère.

L’organisation onusienne a également adopté plusieurs principes directeurs concernant notamment la participation de toutes les parties prenantes potentiellement concernées par un conflit. La candidature des plages du Débarquement a, elle, été redéposée en janvier 2025, après une mise à jour du dossier, précise le ministère.

« Nous espérons tous que cette candidature aboutira, c’est la suite logique dans le processus du souvenir et de la commémoration », a déclaré à l’AFP Michael Dodds, directeur du Comité régional du tourisme de Normandie.

Un atout pour le tourisme

Etre inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco a plus d’un avantage. C’est, avant tout, un engagement international avec des obligations de préservation de la valeur universelle exceptionnelle du bien. Une surveillance est réalisée grâce à des outils tels que les rapports périodiques de l’Unesco et des plans de gestion obligatoires. Ces plans de gestion contiennent des actions de protection, de préservation, mais aussi de valorisation du bien.

Autre avantage, et pas des moindres : la reconnaissance de l’Unesco pour un bien en fait un facteur d’attractivité pour le territoire. Les nouveaux sites inscrits connaissent souvent une augmentation rapide du nombre de visiteurs. Ainsi, la fréquentation de la Maison Carrée à Nîmes, inscrite à l’Unesco en 2023, a progressé de 11 % par rapport à 2022. Un rayonnement national donc qui, grâce au label « Unesco », devient mondial.