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Comment « À l’aube de l’Amérique » sur Netflix enfonce le dernier clou dans le cercueil du western à la papa

Flinguez d’une rafale de Winchester les westerns de papa ! Avec À l’aube de l’Amérique, la mini-série Netflix diffusée le 9 janvier, la conquête de l’Ouest dans l’Amérique du XIXe siècle dessine dès la première séance un horizon que personne n’avait osé imaginer. Crépusculaire en diable, hypnotisante comme rarement, hyperviolente, cette épopée vertigineuse déterre le hashtag de guerre : #bingewatching ! 20 Minutes a avalé ses six épisodes d’une traite.

À bord d’un convoi de mormons

Ça commence presque comme dans La Petite maison dans la prairie. La carriole de Sara Rowell, une mère de famille qui arrive de Boston avec son fils Devin, pénètre à Fort Bridger. Dans ce coin paumé du Wyoming, la jeune femme cherche un guide pour les accompagner jusqu’à Crooks Springs, une lointaine ville où l’attend, prétend-elle, son époux.

Elle est du genre obstinée Sara. Malgré les refus («trop loin », « trop dangereux », « trop de grizzlis »…) que lui opposent les plus endurcis des locaux, la mère parvient à se joindre à un convoi de mormons parti lui aussi à la conquête du Grand Ouest. Et bientôt, ce sera le drame…

À l'aube de l'Amérique raconte un autre récit collectif sur la conquête de l'Ouest.
À l’aube de l’Amérique raconte un autre récit collectif sur la conquête de l’Ouest. - © 2023 Netflix, Inc.

Une pionnière au passé trouble

Des plaines désertiques et enneigées peuplées par quelques tribus d’Amérindiens pas toujours gentils ; de vaillants colons qui ont déjà pris possession de certaines terres ; une milice mormone qui ne prend pas de gants (mais plutôt des cagoules !) pour étendre son territoire par la force ; l’Armée à l’impuissance notoire ; Sara la pionnière au passé trouble ; son gosse estropié ; et Isaac, l’homme des bois solitaire… : voilà pour le décor ! De la crasse, de la boue, du sang aussi. Beaucoup de sang.

Une série où on flingue et on scalpe

Car si au milieu coule une rivière, les vastes étendues que convoitent ici les uns et défendent les autres sont le théâtre d’affrontements extrêmement sanglants. Sara avait été prévenue dès son arrivée : « Je vous assure Mme Rowell, que rien de tout ça ne sera simple ». Le spectateur savait lui aussi à quoi s’attendre…

Dans À l’aube de l’Amérique, on pend, on noie, on caillasse, on charcute, on éviscère, on immole, on flingue et on scalpe. Les images de la série ne nous épargnent rien. Côté violence, ce western ténébreux danse plutôt avec les fous qu’avec les loups ! Le réalisme forcené de cette traversée de l’ouest américain en signe l’identité et la singularité.

À la manœuvre, Mark L. Smith, le coscénariste de The Revenant, signe un récit d’une noirceur inouïe, aux personnages ciselés à la machette mal aiguisée. Derrière les héros qui se révèlent peu à peu gravite toute une galerie de personnages qui, pour beaucoup, ont troqué ce qui pouvait leur rester d’humanité contre la plus immonde des lâchetés. Peu d’âmes à sauver ici bas !

L'hyper violence fait d'À l'aube de l'Amérique sur Netflix une série à ne pas mettre devant tous les yeux!
L’hyper violence fait d’À l’aube de l’Amérique sur Netflix une série à ne pas mettre devant tous les yeux! - © 2024 Netflix, Inc.

À la caméra, Peter Berg (22 Miles, Deepwater) livre six épisodes de 50 minutes chiadés, rythmés. Sa caméra virevolte, casse les codes du cadrage, immortalise des images léchées et bistrées, presque monochromatiques. Celles-ci ajoutent à la noirceur de cette série qui pue le lisier et le cadavre en décomposition, qui sent l’alcool, la crasse et la peau de bête.

Dans l’objectif, le duo Sara/Betty Gilpin (découverte dans Glow et récemment vue en nonne intrépide dans la série Mme Davis sur Warner TV), et Isaac/Taylor Kitsch (Navy Seal dans The Terminal List sur Prime vidéo) essuie les tirs croisés.

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Un survival dans le Grand Ouest

Si À l’aube de l’Amérique enfonce les derniers clous dans le cercueil du western à l’ancienne, cette série en forme de survival raconte une autre histoire, pendant haut et court les récits binaires ou les gentils Cow-boys affrontent les méchants Indiens. Une histoire beaucoup plus nuancée dans laquelle la religion trouve une place décisive dans un récit collectif où une femme, aussi, occupe le premier rôle.