Collègues hier, ennemis aujourd’hui… Entre Elon Musk et Sam Altman, une rivalité pas du tout artificielle
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Elon Musk part encore au clash. Après Xavier Niel, le patron de SpaceX, Tesla et X, haut placé dans l’administration de Donald Trump, a pris en grippe la figure de la tech américaine : Sam Altman, patron d’OpenAI, l’entreprise derrière l’agent conversationnel ChatGPT. Lundi soir, alors que celui-ci était à l’Elysée en marge du sommet, il a appris qu’un groupe d’investisseurs menés par Elon Musk proposait de racheter l’organisation non lucrative derrière OpenAI, pour un peu moins de 100 milliards de dollars.
Réponse de Sam Altman : « OpenAI n’est pas à vendre ». Peu après, il assure que cette annonce vise purement à déstabiliser l’entreprise. Et ajoute une attaque personnelle, qu’Elon Musk lui-même aurait pu sortir. « Je crois que toute [la] vie [d’Elon Musk] s’explique par un manque de confiance, a critiqué Sam Altman au micro de Bloomberg TV mardi. Il me fait de la peine. »
« Elon Musk est vexé de ne plus faire partir d’OpenAI »
Pourtant, les deux milliardaires n’ont pas toujours été si opposés. Il y a une dizaine d’années, « au moment où Altman se lance dans Open AI, il fait appel à tout le gratin de la tech. Et dès qu’on cherche des investisseurs, le nom d’Elon Musk ressort tout de suite », raconte Boris Manenti, auteur d’Elon Musk, Le Bonimenteur, et chef du service économie au Nouvel Obs. En 2015, ils sont co-PDG de l’entreprise, aux côtés de neuf autres fondateurs. A l’époque, l’objectif était de s’assurer que tout le secteur de l’IA ne reposerait pas entre les mains de Google. Elon Musk quitte finalement le projet en 2018. « Il pensait qu’il s’en sortirait mieux s’il s’en occupait tout seul et a essayé d’absorber OpenAI dans Tesla », mais le reste de l’équipe n’a pas cédé, retrace Boris Manenti.
Aujourd’hui, l’homme le plus riche du monde détient xAI, une entreprise d’intelligence artificielle dont le modèle, « Grok », a été intégré à l’interface de X. Et il apprécie peu de ne pas faire les gros titres comme ChatGPT, Claude, Le Chat ou Deepseek. « Elon Musk est vexé de ne plus faire partie d’OpenAI et de ne pas être cité parmi les créateurs, reprend Boris Manenti. Ça a été pareil avec Tesla, dont il a évincé les deux fondateurs. » « Je suis la raison pour laquelle OpenAI existe », décriait l’homme d’affaires dès mai 2023 sur la chaîne américaine CNBC. Et la taille de son ego ne s’arrête pas là. « Il perçoit peut-être chez Sam Altman une version de lui plus jeune : multi-entrepreneur, accueilli partout », détaille l’auteur. C’est aussi son « autre » au niveau politique : « il est démocrate, favorable aux droits LGBTQ+ et au revenu universel. »
En 2024, Elon Musk revient à la charge. En mars, il a porté plainte contre OpenAI, accusant Sam Altman de « trahir » les principes fondateurs de l’organisation (à but non lucratif) en cherchant à restructurer l’activité. Puis à l’été, il a engagé une nouvelle procédure, toujours pour empêcher l’organisation de devenir une société à but lucratif. « Il a besoin d’exister et sent que d’autres entreprises d’IA américaines vont bientôt avoir un coup à jouer », souligne Boris Manenti. S’il souhaite faire parler de lui, c’est réussi. S’il souhaite vraiment racheter OpenAI, il devra encore surmonter un obstacle de taille : Microsoft, qui a investi plus d’une dizaine de milliards dans le projet et intègre l’IA dans ses propres logiciels, ne compte peut-être pas lâcher son allié.