Coiffure, Israël, harcèlement raciste, Disney en PLS… « Blanche-Neige » croule sous les polémiques

Disney a choisi de ne pas dérouler le tapis rouge à son propre film… Blanche-Neige sort le 19 mars en France et le 21 aux Etats-Unis. Mais la grande avant-première hollywoodienne, prévue ce vendredi 15 à Los Angeles, se déroulera en catimini, sans journaliste et avec un nombre d’invités limités. Bien sûr, Rachel Zegler et Gal Gadot, stars du film, seront bien là, mais elles ne répondront pas aux traditionnelles interviews sur le tapis rouge.
Ce plan archi-réduit de l’avant-première vient clôturer un chemin de croix de ce film qui a connu des polémiques à répétition depuis l’annonce du projet. Ce film en live action reprend la trame du dessin animé culte de Disney, tout premier long métrage d’animation de la firme sorti en 1937.
20 Minutes fait le point sur la succession de controverses qui ont assailli le film en escadrille ces derniers mois.
Les 7 nains
Dès que le projet de Disney d’adapter Blanche-Neige en live action a été annoncé, la première polémique est venue de Peter Dinklage. L’acteur, connu pour ses rôles dans X-Men et Game of Thrones, a interpellé Disney sur sa volonté de mettre en scène, à nouveau, des personnages de nains stéréotypés. La firme s’est défendue, arguant que l’histoire serait différente du film original et les 7 nains des créatures fantastiques. Par ailleurs, le choix – censé calmer la polémique – de mettre en scène ces sept personnages non pas incarnés parc des acteurs mais en images de synthèse a relancé les critiques. Absents du titre du film, les 7 nains seront particulièrement scrutés.
La coiffure de Rachel Zegler
Celle-là, personne ne l’avait vue venir. Dès le dévoilement des premières images de Rachel Zegler – découverte dans West Side Story version Spielberg – en Blanche-Neige, des commentaires par milliers ont critiqué la coiffure de l’actrice. Sa coupe courte, plus moderne que les cheveux noirs mi-longs de la Blanche-Neige d’origine, a été comparée à celle de Farquaad, le ridicule méchant de la saga Shrek.
Au-delà de la coupe, la couleur des cheveux de Rachel Zegler, trop bruns et pas assez noirs au goût de « fans puristes » autoproclamés, a été critiquée. Dans de nombreux commentaires en ligne, relayés abondamment par des figures réactionnaires d’extrême droite aux Etats-Unis, c’est le choix de « modernisation » de l’héroïne par Disney qui était visé. Et surtout le casting d’une actrice non-blanche…
Les « fans » racistes
Et c’est là la principale polémique. Rachel Zegler, actrice métisse d’origine colombienne et polonaise, est la cible, depuis de nombreux mois, d’un harcèlement raciste en ligne. Disney a connu la même chose lors de la sortie de La petite sirène, dont le personnage éponyme était incarné par Halle Bailey, jeune actrice noire, dans le remake en live action. Avant cela, les femmes et interprètes racisés du casting de la nouvelle trilogie Star Wars avaient également été la cible de harcèlements systématiques de la part de « fans » de la saga, avec des relents masculinistes et racistes.
Les dernières interviews de Rachel Zegler – dans lesquelles elle explique comprendre que des « fans passionnés du film originel » soient véhéments et attendent beaucoup de ce remake – semblent montrer que Disney a demandé à son actrice de calmer le jeu. Cela fait suite à une prise de position tout à fait banale de Rachel Zegler qui disait son inquiétude pour de nombreuses communautés aux Etats-Unis après l’élection de Donald Trump. Bien sûr, la stratégie de Disney d’envoyer l’actrice au front se dédire et flatter les racistes n’a pas fonctionné. Rachel Zegler est encore et toujours la cible d’un harcèlement ultra-violent.
Voilà sans doute pourquoi, plutôt que de défendre son actrice et son film, Disney semble avoir choisi de faire profil bas lors de la sortie en salle.
Israël-Palestine
C’est la dernière polémique en date. Alors que Rachel Zegler a pris position pour une « Palestine libre », dans le contexte de la guerre menée par Israël à Gaza pour annihiler le Hamas, sa partenaire à l’écran dans Blanche-Neige, Gal Gadot, défend elle la politique de l’Etat hébreu. Les dissensions supposées au sein du casting entre l’interprète de Blanche-Neige et celle de la méchante Reine ont donné lieu à des spéculations sur l’ambiance au sein de l’équipe du film. Lors de la cérémonie des Oscars, Rachel Zegler et Gal Gadot sont apparues côte à côte sur scène pour remettre un prix. Cela n’a pas calmé les esprits et, là encore sur les réseaux sociaux, les montages vidéo et fausses informations pullulent sur une prétendue haine entre les deux actrices.
Disney et le wokisme
Cette pluie de polémique survient à un moment où Disney essaye, dans le sillage de l’élection de Donald Trump, d’arracher l’étiquette de firme woke que l’extrême droite américaine lui a collée depuis quelques années. Plusieurs indices d’un recul de Disney sur des engagements progressistes – tels que la représentation, dans ses films et séries, de communautés invisibilisées et discriminées – font penser que Blanche-Neige sera la dernière victime en date d’un mouvement de « dé-wokisation » de la firme aux grandes oreilles.