Coca-Cola : Que risque-t-on à boire une canette avec une trop forte teneur en chlorate ?
Du moment fraîcheur au moment frayeur. Lundi, le groupe Coca-Cola a annoncé le rappel massif de certaines de ses boissons en raison d’une teneur trop élevée en chlorate. La question de la qualité l’eau revient une fois encore à la surface. Car sa présence dans l’eau provient des désinfectants au chlore utilisés dans le traitement de celle-ci et dans la transformation des aliments. Boire une canette de (choisissez votre boisson parmi toutes ces marques) – Coca-Cola, Sprite, Fuze Tea, Minute Maid, Fanta, Nalu, Royal Bliss et Tropico – avec une trop forte de chlorate est-il pour dangereux pour la santé ?
Pour les hypocondriaques surtout, mais pour les autres aussi, ce rappel concerne des canettes et des bouteilles en verre consignées des marques citées ci-dessus (une paille !). En Belgique, où ont été embouteillées ces boissons, mais aussi dans les pays européens où elles ont été distribuées, dont la France, il n’est pas utile de céder à la panique.
Le chlorate est bien connu de l’industrie agroalimentaire et son utilisation est normalement maîtrisée. Lorsqu’il est ingéré en quantités élevées, ce qui est peu probable, expliquent les spécialistes, il peut avoir des effets néfastes sur la santé, d’où des contrôles rigoureux.
La chloration de l’eau, « une avancée de santé publique » majeure
« L’eau est l’aliment qui reste le produit dont la microbiologie est la plus contrôlée, souligne Nathalie Davoisne, directrice du Centre d’information sur l’eau (Cieau). La chloration est l’une des dix plus importantes avancées en santé publique au XXe siècle. » Elle poursuit : « L’eau répond à des normes de l’Organisation mondiale de la santé, mais aussi a des directives européennes plus strictes et qui ensuite sont traduites en droit local et sont encore plus strictes que ce qui est demandé, notamment en France. »
Pour l’agroalimentaire, il faut trouver l’équilibre « entre le fait d’assurer la désinfection de l’eau et la santé publique », explique le docteur Philippe Beaulieu, responsable qualité au Cieau, en prenant en compte par précaution les populations les plus fragiles. En France, pour les chlorates, « la valeur fixée est inférieure à 0,25 milligramme par litre, sans compromettre la désinfection pour avoir toujours une eau de bonne qualité microbiologique, c’est un impératif », annonce-t-il.
Pas « de chiffre précis »
Le chlorate, dangereux pour la santé ? Tout est finalement question de quantité, précise le docteur. Dans une étude scientifique de 2015 de l’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), que reprend Philippe Beaulieu, seule l’exposition à long terme au chlorate dans les aliments, surtout dans l’eau potable, « peut constituer un problème potentiel de santé pour les enfants », les femmes enceintes et les personnes fragiles. Elle « pourrait être toxique pour l’homme, car il peut limiter la capacité du sang à absorber l’oxygène, entraînant ainsi une insuffisance rénale ». Cependant, rassure l’étude, même en cas d’un niveau élevé, « il est improbable que l’apport total d’une seule journée dépasse le niveau recommandé », pour tous les consommateurs et quel que soit leur âge.
Reste à savoir la teneur en chlorate qu’il y avait dans les boissons rappelées. Coca-Cola Europacific Partners Belgium, filiale du géant des sodas, a partiellement répondu à l’AFP indiquant : ne pas avoir « de chiffre précis, […] il est clair qu’il s’agit d’une quantité considérable ». En attendant que tous les lots soient encore retirés de la vente, l’embouteilleur belge a présenté ses excuses et demande de ne pas consommer les produits concernés.