France

Cinquante-deux ans après son tube « Maman », Roméo a tenté sa chance dans « The Voice »

«Je te promets, si jamais tu pleures/De te serrer fort sur mon cœur/Il n’y aura pas d’amour aussi grand/Que mon amour/Pour toi, maman. » Ce refrain rappelle sans doute bien des souvenirs à celles et ceux qui ont grandi dans les années 1970. C’est celui de la chanson Maman, sortie en 1973, dont le disque s’est écoulé à 900.000 exemplaires. Elle était interprétée par Roméo, qui avait 12 ans à l’époque. Sous ce pseudonyme, l’enfant star Georges Brize a connu son heure de gloire il y a un demi-siècle : son premier album a atteint le million de copies vendues.

Cinquante-deux ans plus tard, c’est sur le plateau de « The Voice » qu’il a fait son retour. Son audition à l’aveugle a été diffusée samedi sur TF1, dans le premier épisode de la quatorzième saison du télécrochet. Georges Brize/Roméo confie à 20 Minutes qu’il n’a pas fait acte de candidature mais que la production est venue le chercher. « Je n’aurais jamais osé m’inscrire moi-même, raconte-t-il. J’ai rencontré par hasard Vonnie Marshall-Edwards, coach de « The Voice Kids », qui m’a dit qu’il fallait absolument que je tente ma chance. J’ai répondu en plaisantant que j’irais volontiers s’ils organisaient une version Ehpad. Je me disais que je n’avais pas ma place au milieu des jeunes pleins de talent. »

Il avait un a priori sur les télécrochets

Le chanteur était aussi échaudé par le monde du spectacle. Sa fin de carrière a été abrupte. Il garde un souvenir intact de ce jour de mai 1976 où alors qu’il s’apprêtait à entrer sur le plateau d’une émission d’Antenne 2, il a entendu Guy Lux dire à Sophie Darel : « Il paraît que c’est sa dernière télé, il va muer et il veut se consacrer à ses études. » « Ce n’était pas vrai, j’avais déjà mué et l’école me semblait loin. En réalité, il y avait une mésentente entre mes parents et la production et les ventes baissaient, raconte-t-il. Le gamin que j’étais avait grandi et il intéressait moins le public de mamans, de mamies et d’enfants. Personne n’avait osé me prévenir, pas même mes parents, alors d’apprendre cela ainsi m’a fait un choc. Et à l’époque, il n’y avait pas de cellule psychologique. »

Georges Brize avait donc un a priori sur les télécrochets « qui font espérer plein de choses à des jeunes et finissent par les jeter comme des chaussettes usées ». Mais, après son aventure dans « The Voice », il a « totalement changé d’avis » : « Ici, ils sont bienveillants et prennent soin des gens, ils les accompagnent. » C’est Bruno Berberes, le directeur de casting de l’émission, qui l’a convaincu de passer une audition. « On a à peu près le même âge. Il m’a bien présenté les choses, avance-t-il. Je ne sais pas me vendre, c’est mon problème. Il m’a expliqué que mon passage à la télévision me permettrait d’avoir de la visibilité pour vendre le spectacle que j’ai monté avec quatre musiciens. »

« C’est du jamais vu »

Georges Brize confie que sa première idée n’était pas de venir chanter son tube Maman dans « The Voice » parce qu’elle ne permet pas vraiment de montrer son étendue vocale. « Mais, symboliquement, c’était important, admet-il. De son côté, la production m’offrait une plateforme et moi, je leur apportais modestement un peu de buzz. Un artiste qui vient interpréter sa chanson à succès cinquante-deux ans après c’est du jamais vu, toutes versions de « The Voice » confondues. »

Malheureusement pour lui, aucun coach n’a retourné son fauteuil sur sa prestation. « Je comprends tout à fait qu’ils n’aient pas réussi à se projeter », assure l’artiste qui n’a cependant « aucun regret » et qui referai volontiers cette « expérience fabuleuse ». Parmi les jurés, seul Florent Pagny connaissait sa chanson. « On a le même âge. Et, pour l’anecdote, je savais qu’il avait un sentiment positif envers Maman. J’avais eu l’occasion de discuter avec sa sœur qui m’avait raconté qu’enfant, il la chantait à tue-tête dans la voiture de leurs parents. »

Un refus d’Aznavour

A la fin des années 1970, Georges Brize avait envisagé de représenter la France à l’Eurovision. Il avait demandé à Charles Aznavour de lui écrire une chanson. « Il m’a dit qu’il était d’accord, mais quand je lui ai dit que c’était pour ce concours, il a refusé. Je ne sais pas pourquoi. J’ai été idiot, je n’ai même pas songé à lui proposer de m’écrire quand même une chanson pour l’ajouter à mon répertoire », se souvient-il.

L’enfant star devenu jeune adulte a alors repris les études, fait l’armée et, à son retour, a monté sa boîte de production. « On a fait beaucoup de choses pour la télévision, des génériques, notamment, mais on s’est tellement fait enfler que cela a fini de me dégoûter du showbiz », poursuit-il. Il s’est alors lancé dans le journalisme, en se centrant d’abord sur l’informatique, puis sur l’aéronautique, sa grande passion. Puis, vingt ans après avoir fermé la porte à ses rêves de carrière, il l’a entrouverte à nouveau après avoir participé, en 2000, à une émission de Mireille Dumas. Il s’est depuis produit à droite à gauche, de concerts en gala et a fini par livrer, il y a deux ans, un double album intitulé Roméo 2023. Soit quarante titres, comprenant des inédits et des versions modernisées et réécrites de ses succès d’antan – à l’époque, il avait sorti vingt-sept morceaux en l’espace de trois ans seulement.

Notre dossier sur The Voice

Sur scène, il se rend compte que le public ne l’a pas oublié. Lorsqu’il interprète un medley de ses chansons de jeunesse, il est surpris d’entendre son auditoire reprendre les paroles en chœur, lui qui a parfois besoin d’une antisèche pour se raccrocher aux textes. Georges Brize, qui a soufflé sa soixante-quatrième bougie mercredi, est désormais prêt à repartir sur les routes avec le tour de chant qu’il a finalisé. Il est « dans les starting-blocks », prompt à répondre aux sollicitations d’organisateurs de concerts que son passage télé pourrait lui apporter.