Cinq chasseurs jugés pour la mort d’un cheval en Nièvre
Altesse de la Serre, une jument de compétition âgée de 14 ans, a été tuée le 6 novembre 2024, par accident, par des chasseurs sur la propriété de Diane de Charmasse. Cinq chasseurs comparaissent ce mercredi après-midi, devant le tribunal de police de Nevers, pour des actions de chasse irrégulières, et deux d’entre eux sont poursuivis pour atteinte involontaire à la vie d’un animal.
Altesse de la Serre, une jument de compétition âgée de 14 ans, avait été confiée à Diane de Charmasse en 2021 pour « faire un poulain », « prendre des vacances » et « se remettre en forme », avec une valeur de 30.000 euros. Diane de Charmasse décrit Altesse comme « super attachante » et explique qu’elle aurait dû retourner à la compétition ou devenir poulinière à l’hiver 2024. Cependant, elle s’est retrouvée confrontée à une triste nouvelle le 6 novembre 2024, lorsque des chasseurs l’ont informée qu’ils avaient tué sa jument par accident. En découvrant le corps de l’animal dans son champ, elle exprime son chagrin en soulignant : « Là où ils l’ont abattu, je m’y trouvais trois heures avant pour faire les soins aux chevaux. Ça aurait pu être moi. »
Un an plus tard, ce mercredi après-midi, cinq chasseurs comparaissaient devant le tribunal de police de Nevers. Ils sont poursuivis pour des actions de chasse irrégulières, et deux d’entre eux pour atteinte involontaire à la vie d’un animal, comme l’explique Me Christophe Gérard, avocat représentant l’association Stéphane Lamart, qui s’est portée partie civile.
Le jour des faits, Diane de Charmasse a été prévenue que son cheval avait été touché. Pensant d’abord que l’animal était seulement blessé, elle découvre ensuite Altesse morte, allongée sur le flanc. Les chasseurs lui ont assuré qu’ils se trouvaient « dans le champ d’à côté » à la recherche de sangliers. Diane de Charmasse doute de leur version : « Je ne les ai pas crus, avec le relief, ce n’était pas possible. Il faudrait vraiment ne pas avoir de chance pour qu’une balle traverse deux haies très épaisses et tue un cheval. »
Suite à la plainte de Diane, les gendarmes et l’Office français de la biodiversité ont mené une enquête. Les résultats révélèrent que les chasseurs évoluaient sur le terrain voisin. « Ils ont lâché les chiens et certains se sont retrouvés chez moi. Les chasseurs les ont suivis. Ils se sont postés dans le pré où il y a des chevaux. C’est d’ailleurs la première chose qu’ils ont vue en arrivant. Mais ça ne les a pas empêchés de tirer en direction d’un groupe de chevaux. » Malheureusement, Altesse se trouvait « juste derrière le sanglier » ciblé.
Depuis cet incident, Diane de Charmasse vit une expérience difficile. « Ce n’est pas facile, confie-t-elle. Depuis que la chasse a repris, je ne dors pas très bien. Je ne suis vraiment pas sereine. En plus, j’habite dans une région où tout le monde se connaît, et il y a beaucoup de chasseurs, beaucoup de mes amis le sont. Les gens parlent et racontent tout et n’importe quoi. Je passe pour la méchante de service qui ne les laisse pas chasser tranquillement, qui porte plainte alors qu’il aurait suffi de faire une déclaration à l’assurance. Mais si les gens respectaient les règles de sécurité, arrêtaient de faire n’importe quoi et de se protéger entre eux, il y aurait moins d’accidents, moins de problèmes. » Elle espère que les prévenus « n’auront plus le droit de chasser » et recevront une « grosse amende ». Diane souhaite également le remboursement de la jument et la réparation de son préjudice.
Cependant, les deux chasseurs accusés d’atteinte involontaire à la vie d’un animal risquent chacun une amende de seulement 68 euros, ce qui représente une contravention de 3e classe. Me Gérard déplore cette disparité entre les faits reprochés et le montant dérisoire de l’amende : « Ce n’est pas ça qui va leur mettre du plomb dans la tête, ça ne va pas les dissuader de recommencer, cela ne va pas les conduire à être plus prudent une prochaine fois. Le droit français ne protège pas les animaux. »
L’avocat souligne également que cette affaire met en évidence les « problèmes de cohabitation entre les chasseurs et le reste de la société, qu’on ne veut absolument pas prendre en considération ». Il alerte sur le fait qu’un chasseur, armé, constitue par définition un danger, et qu’il y a chaque année un « nombre très important d’accidents de chasse », y compris des victimes humaines.

