Cinq ans du Covid-19 : « Calme », « introspection », « solidarité »… Pourquoi ils ont tant aimé le confinement

Un moment gravé dans les mémoires. Comme, dans des styles évidemment différents, le 11 septembre 2001 ou la finale de la Coupe du monde de foot en 1998. Pour ce confinement du printemps 2020, chaque Français sait à peu près où il était.
Malgré la gravité de la période, en pleine pandémie de Covid-19, certains ont apprécié ces huit semaines à part. Mieux, ils ont « adoré » et ont raconté leur expérience après l’appel à contributions lancé par 20 Minutes.
Comme Sarah, qui parle même d’un « des meilleurs souvenirs de (sa) vie ! » « Si seulement on pouvait être confinés chaque année pendant deux mois », exagère-t-elle avant de détailler. « Le silence, le calme et les rues désertes, la nature qui reprend ses droits, la planète qui respire, le télétravail en full remote (pour ma part loin d’un climat de bureau toxique), la solidarité entre les gens, les applaudissements à 20 heures pour les soignants, les concerts ou DJ improvisés au balcon pour distraire les voisins ! On pouvait enfin prendre soin de soi et de ses proches, se centrer sur l’essentiel. Le confinement a permis de montrer que l’hyperconsommation, le superflu n’étaient pas indispensables à la société. C’était une période bénie pour moi… »
Cette sérénité retrouvée est mise en avant par de nombreux lecteurs. « J’ai adoré cette période car j’ai apprécié le calme et la douceur de vivre au quotidien sans la circulation bruyante et incessante d’un jour de semaine malgré les restrictions ! Entendre le chant des oiseaux et le calme généralisé était agréable à vivre ! », écrit Adel. « Ce que nous avons le plus aimé, c’est ne plus entendre le bruit de la quatre voies qui passe à un kilomètre de chez nous. Nous entendions tous les bruits de la nature. Installés sur la terrasse pour télétravailler avec le bruit des oiseaux, c’était vraiment paisible et chouette », complète Aurélie.
« Je me suis mise au vélo »
D’autres se souviennent que ce confinement a aussi été l’occasion de changer de rythme, voire de trouver de nouvelles occupations. « Je me suis mise au vélo. J’ai vécu le bonheur de partir tôt le matin avec le lever du soleil et zéro voiture, je pouvais pédaler sans crainte moi qui n’avais jamais circulé en ville », explique Nérita. « J’habite Sèvres, pas très loin de la forêt. Tous les matins, malgré l’interdiction, je grimpais pour faire une petite balade. J’arrivais, essoufflée mais contente. Pas un chat, et les rares personnes rencontrées me saluaient avec un grand sourire comme des enfants commettant une bêtise. Tous les jours, je faisais cela. Ça a été un grand souvenir », appuie Zineb, qui n’a donc pas fui la région parisienne.
Au contraire de Marie-Christine. « J’avais pu rapatrier ma fille et ses deux enfants qui vivaient à Paris dans le Var ce fut une expérience magique », témoigne-t-elle. « Le hasard a fait que j’étais en week-end dans ma maison de vacances en Bretagne le week-end avant le début du confinement. J’avais le choix entre rentrer à Paris dans 70 m² ou rester au milieu des champs dans les Côtes-d’Armor… Je suis resté, avec mon ordi, en télétravail, avec plein de visio », ajoute Eric. « Mais le soleil, le calme, le rythme ralenti, les apéros visio tous les soirs (j’ai failli devenir alcoolique !)… J’ai redécouvert ma maison, j’ai vu les fleurs pousser, j’ai tout nettoyé, j’ai dû cuisiner : bref, des trucs que je ne faisais jamais ! Et j’ai vraiment aimé ça, une sorte de parenthèse enchantée », écrit-il, ce qui a même provoqué un déclic chez lui.
« Ça m’a permis de réfléchir à mon projet de vie, à 55 ans. En quelques semaines, j’ai décidé de prendre le chèque « départ volontaire » de mon entreprise. Ce n’était pas du tout prévu : je venais de décrocher le poste que je visais. Mais j’étais zen, serein, contrairement à mon entourage qui ne comprenait pas ce choix. Je n’ai jamais regretté. » Pas plus que Steven, lui aussi radical après avoir pris « le temps de (se) reposer et de bénéficier d’une introspection qui a été bénéfique ». « J’ai donné ma démission de retour au travail et ne regrette pas un seul instant ma décision qui m’a permis d’appréhender la vie d’un nouvel œil », assure-t-il.
« En tant que commerçant, j’ai adoré ! »
Du 17 mars 2020 au lundi 4 mai 2020, tous les Français ne sont pas tous restés chez eux. Soignants, éboueurs et tant d’autres ont poursuivi leur mission sur leurs habituels lieux de travail. Ce qui ne les a parfois pas empêchés d’apprécier le moment. « Je travaillais tous les jours puisque je gère la collecte des déchets. Mes agents avaient eux un ou deux jours de confinement par semaine. Mais on était tranquille sur les routes, pas de coups de téléphone, pas de réclamation, c’était bien ! », se rappelle Franck.
« En tant que commerçant, j’ai adoré la période ! », savoure Gérald. « Fermeture à 18 heures au lieu de 19 heures, dimanche de repos, chiffre d’affaires qui explose, les clients nombreux qui nous remercie d’être ouverts pour les nourrir… Depuis, la réalité à repris ses droits. » « Comme personnel hospitalier, je sortais tous les jours pour travailler et je n’ai jamais fait la queue dans les supermarchés en utilisant les horaires prioritaires auxquels les soignants avaient droit », note Pierre, qui ne devait alors pas croiser Dominique, qui donnait rendez-vous à sa fille pendant ses commissions !
« Le plus difficile a été de ne pas voir ma famille, notamment mes petits-enfants. J’ai pu voir ma fille de temps en temps lors de courses dans les magasins, mais le temps de rencontre était réduit », avoue-t-elle. « Par contre, sur le plan professionnel, j’ai vécu des moments de solidarité, d’entraide, d’attention avec l’équipe dont j’étais responsable. Cette période a donc été longue et parfois complexe pour les relations familiales, amicales, malgré les outils de communication, et une expérience humaine particulière, enrichissante sur le plan professionnel. Elle m’a surtout rappelé que la vie est courte et qu’il est important de profiter de nos proches et de chaque jour. »
« Plus de cohésion d’un pays tout entier »
Car certains en ont perdu pendant ces huit semaines, marquées aussi par de nombreux décès à cause de l’épidémie. De quoi lier la population face à cette adversité… Elisabeth veut se souvenir de ça. « J’adorais le soir venu sur mon immense terrasse rendre hommage aux soignants en tapant avec ma cuillère sur le rebord métallique du balcon ; un grand moment de symbiose national […] Je retiens plus de communication pour rendre hommage, plus de cohésion d’un pays tout entier. Cela manque aujourd’hui ! »
Enfin, la période a parfois été marquée par des rencontres ou… des séparations. Evelyne a eu le bonheur de « rencontrer un senior avec qui je raconte des sottises régulièrement, ça nous fait du bien ». Pour Jérémy, c’était plus compliqué. Quoi que. « Alcoolisation massive, oisiveté et disputes conjugales incessantes ont eu raison de notre couple », détaille-t-il avant de conclure sur une note d’humour. « Du coup j’ai adoré devenir alcoolique et célibataire ! »