Chute de Barnier : Le PS va-t-il se détacher des insoumis pour faire un pacte de non-censure avec les macronistes ?
«Chers collègues socialistes, affranchissez-vous ! » Quelques minutes avant la censure du gouvernement de Michel Barnier, mercredi soir, Gabriel Attal s’est directement adressé aux députés socialistes à la tribune pour leur demander de rompre avec La France insoumise. Comme bon nombre de macronistes, l’ancien Premier ministre a appelé « la gauche de gouvernement » à « se mettre autour de la table » avec le « bloc central » afin d’envisager une nouvelle coalition. Une hypothèse envisageable ?
« Sortir de la crise par des compromis »
Il y a quelques jours déjà, le chef des députés PS Boris Vallaud proposait à tous les partis, sauf le Rassemblement national, un pacte de non-agression pour dégager une majorité… autour d’une personnalité de gauche à Matignon. « L’idée est de se mettre autour de la table pour s’accorder sur les conditions d’une non-censure. Cela permettrait à un Premier ministre de gauche de former un gouvernement. Il faut sortir de la crise politique par des compromis », précise Arthur Delaporte, député du Calvados et porte-parole du groupe socialiste.
Certains, comme le patron du PS, ajoutent que le futur Premier ministre d’une telle coalition pourrait promettre en échange de ne pas utiliser le 49.3 pour faire passer des textes. « Cela forcerait le Parlement à trouver des équilibres et dégager des compromis », pousse Laurent Baumel, député PS d’Indre-et-Loire. Dans cette perspective, les responsables du Parti socialiste ont appelé Emmanuel Macron à « recevoir » ce jeudi les chefs des partis ayant participé au « front républicain » lors des dernières législatives.
Les insoumis disent « non »
Mais si cette piste est également défendue par les écologistes, et à un degré moindre par les communistes, c’est loin d’être le cas du côté de La France insoumise. Mathilde Panot, ce jeudi, a répété qu’il ne pouvait pas y avoir d’alliance – ou tout ce qui y ressemble – avec les macronistes. Les insoumis ont clairement indiqué qu’ils censureraient tout Premier ministre non issu du NFP. Ayant conscience que Lucie Castets n’est plus une priorité chez les alliés de gauche pour Matignon, les insoumis réclament désormais la démission du chef de l’Etat pour sortir de la crise. Mathilde Panot a d’ailleurs mis en garde, en indiquant qu’un accord avec les macronistes serait « une rupture avec le Nouveau Front populaire ». Le PS y est-il vraiment prêt ?
« C’est normal de ne pas être d’accord sur tout dans une coalition. Mais la question est de savoir si les socialistes sont capables de se libérer de l’emprise des insoumis », doute un proche de Gabriel Attal. « On peut travailler avec les sociaux-démocrates, peut-être les écologistes, mais la gauche modérée doit avoir une prise de conscience et se détacher de Jean-Luc Mélenchon », abonde Erwan Balanant, député MoDem du Finistère.
La fin du NFP en jeu ?
De nombreux élus pensent que le PS n’osera pas risquer de faire imploser l’accord électoral du NFP, à quelques mois d’une potentielle dissolution qui entraînerait de nouvelles élections législatives. « Cette injonction à la rupture avec LFI est ridicule, c’est du baratin. De fait, au PS et chez les écolos, nous ne sommes déjà pas en accord avec les insoumis, puisque nous n’appelons pas à la démission d’Emmanuel Macron. Par ailleurs, LFI n’aurait non plus aucun intérêt à rompre un accord électoral », balaie Laurent Baumel.
L’initiative reste toutefois mal embarquée. Les discussions budgétaires ont montré l’écart important entre les propositions de la gauche et celles du bloc central. Et les écolos ont prévenu qu’ils se verraient mal s’asseoir à la même table que Les Républicains… pourtant conviés par les socialistes. Toutes ces discussions pourraient être vite balayées par Emmanuel Macron s’il choisissait de nommer un Premier ministre de droite. Le président doit prendre la parole ce jeudi à 20 heures.