France

Christophe Dechavanne : Pourquoi l’argument d’un baiser contaminé à la coke n’est pas si bancal

Chopé la main dans le sac lors du tour de France 1998, le cycliste Richard Virenque avait nié s’être dopé intentionnellement. Il a été condamné. Chopé en récidive de conduite sous l’emprise de stupéfiants, l’animateur Christophe Dechavanne a plaidé la « contamination passive ». Il a été condamné en première instance et a fait appel. Pourtant, son histoire de baiser à la cocaïne expliquant le test positif des forces de l’ordre n’est pas si invraisemblable qu’il n’y paraît. Avant lui, bien d’autres ont sauvé leur peau grâce à cet argument.

Le tribunal judiciaire de Moulins (Allier) n’a pas été convaincu par la défense de Christophe Dechavanne dans son argumentaire pour assurer que s’il avait été testé positif à la cocaïne au volant de sa Porsche, ce n’était pas de sa faute. Peut-être parce que, selon Le Parisien, il avait d’abord reconnu les faits auprès des forces de l’ordre avant de se rétracter et de plaider une contamination par un baiser donné à une femme qui avait, elle, consommé.

La « jurisprudence Richard Gasquet »

Tout n’est pas perdu pour l’animateur, la cour d’appel pouvant très bien rendre une décision qui lui serait favorable, notamment en se basant sur la « jurisprudence Richard Gasquet ». Le tennisman français, en mars 2009, avait été testé positif à la cocaïne lors d’un contrôle antidopage, ce qui lui avait valu une suspension de la part de la fédération internationale de tennis. Il avait alors brandi la contamination passive après avoir échangé « une bonne dizaine de galoches » avec une jeune femme la veille. Huit mois plus tard, il avait été blanchi par le Tribunal arbitral du sport grâce à des tests capillaires revenus négatifs et l’instance avait donc estimé « plausible » la contamination passive et involontaire.

Cette « jurisprudence Gasquet » a déjà bénéficié à d’autres sportifs. C’est le cas notamment du perchiste canadien Shawnacy Barber, contrôlé positif à la cocaïne quelques semaines avant son engagement aux JO de Rio en 2016. Ecarté de la sélection nationale, il avait alors plaidé une contamination involontaire après avoir eu une relation avec une femme. Celle-ci avait reconnu avoir pris de la cocaïne sans lui en avoir parlé. Selon Radio Canada, le Centre de règlement des différends sportifs s’était basé sur le cas Gasquet pour reconnaître que la thèse soutenue par le perchiste était valable et Shawnacy Barber avait été blanchi.

La solution miracle de l’analyse capillaire

La Québécoise Laurence Vincent Lapointe, en canoë, a aussi vu sa carrière sauvée en plaidant la contamination passive par un échange de fluides corporels. En 2021, dans la revue médicale Esanum, le professeur Pascal Kintz, expert agréé par l’Agence française de lutte anti-dopage pour les analyses de contrôle, expliquait qu’elle devait son salut à une analyse capillaire. Selon lui, « chaque centimètre de cheveux représente ce qui a circulé dans le corps pendant le mois correspondant ». Donc, si la substance incriminée est retrouvée dans les cheveux, « cela signe une consommation chronique et ancienne ». En revanche, « s’il n’y a rien dans les cheveux, c’est la piste de la contamination accidentelle qui est étayée », affirme le spécialiste.

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Plusieurs études scientifiques montrent en effet que le risque de contamination passive, notamment à la cocaïne, existe. Une étude de cas sur le dépistage de la consommation de cocaïne dans le milieu du travail réalisée par le centre antipoison et de toxico-vigilance de Paris en 2024. On y expliquant notamment que « les échanges de liquides biologiques peuvent également être à l’origine d’expositions significatives pouvant positiver des tests de dépistage ». L’étude concluait que « la réalisation d’analyses capillaires permet […] de ne pas incriminer les personnes contaminées à leur insu ».