Chlamydia : des hommes ne veulent pas porter de préservatifs.
Lisa, une jeune femme de 33 ans, évoque son expérience avec les hommes et leur refus des préservatifs, notant que 31 % des 16-34 ans se sentent plus puissants sans capote, tandis que 32 % estiment que les femmes doivent respecter ce choix. Selon un sondage OpinionWay commandé par Sidaction, un homme sur dix (11 %) admet comprendre le « stealthing », une pratique où un homme retire son préservatif sans prévenir son/sa partenaire.
C’est l’histoire d’une jeune femme de 33 ans qui souhaite s’amuser sans avoir de problèmes de santé. Lisa raconte à 20 Minutes son expérience face à des hommes réticents à utiliser des préservatifs : « On a tous eu le charo du lycée ou des études supérieures qui tentait de le faire sans capote, avec des arguments qui montraient simplement qu’il n’écoutait pas en SVT. »
Cependant, à plus de 30 ans, le « charo du lycée » n’est pas toujours devenu plus sage ou responsable. « Soit c’est un non catégorique pour eux concernant la capote, en mode « je débande bla-bla-bla », soit ils affirment avoir fait tous les tests et que tout est OK. Comme si les hommes ne mentent jamais… » Sa technique pour les convaincre ? « Je leur dis que je suis d’accord parce que je veux avoir un enfant et que c’est le moment de mon ovulation. Faut voir leur tête après, ça part direct dans le tiroir de la salle de bain. »
Bien que le récit de Lisa puisse prêter à sourire, la réalité de la santé sexuelle est plus préoccupante. Elle n’est pas seule. Un sondage OpinionWay commandé par Sidaction, publié lundi 1er décembre, révèle des chiffres alarmants sur ce que beaucoup de femmes vivent quotidiennement : le refus des hommes de se protéger. Quelles en sont les raisons ? Selon ce sondage, la virilité joue un rôle essentiel dans la décision de porter un préservatif ou non. 31 % des 16-34 ans se sentent plus puissants sans préservatif ou estiment que les femmes doivent respecter les hommes qui refusent d’en porter (32 %). Un jeune sur six considère même que le préservatif est un signe de faiblesse (16 %).
Camille, 29 ans, ressent colère et inquiétude à la vue des chiffres de Sidaction. « S’ils refusent de porter un préservatif et qu’on doit en plus les respecter, qu’ils ne se plaignent pas d’être seuls », s’indigne la juriste. « Eux, ils ne vivent pas les conséquences d’un rapport sans capote, ou moins en tout cas. Je ne vais pas tomber enceinte du premier abruti qui pense être viril parce qu’il ne se protège pas. » Elle s’inquiète encore plus pour les générations futures. « Ma génération est encore un peu ancrée dans le réel, mais ça m’inquiète pour ma petite sœur. Elle a à peine 19 ans et elle doit affronter ces imbéciles ? »
Léa, qui a également accepté de témoigner auprès de 20 Minutes, raconte son expérience : « Au lycée, il y avait déjà des garçons comme ça. Mes copines me disaient qu’il était hors de question pour eux de porter une capote. L’un d’eux avait même dit qu’il se sentait émasculé. J’étais surprise qu’il sache ce mot, plaisante l’étudiante en Staps. Mais ce n’était pas le cas de tous les garçons, heureusement. Ce n’était même pas la moitié. » Lors de soirées étudiantes, elle a déjà vécu la « négociation » : « J’avais l’impression d’être le GIGN des capotes, sérieux. » Léa est rentrée chez elle. Pas Philippine, une de ses amies, qui a cédé un soir : « J’avais envie, j’avais un stérilet donc on ne s’est pas protégés parce qu’il préférait sans. Sur le moment, je n’ai pas réfléchi. » Résultat : « Chlamydia… Quel enfoiré ! »
Axelle, 24 ans, a également vécu cela après une relation de six ans où la pilule suffisait. « J’ai rencontré deux garçons depuis. Et à chaque fois, dans l’intimité, c’est compliqué de leur faire mettre un préservatif. « Je n’en ai pas », « je n’aime pas les sensations »… J’étais presque obligée de leur donner un cours d’éducation sexuelle. Je comprends que les sensations ne soient pas les mêmes, mais de là à risquer sa santé ? » Elle transporte désormais des capotes partout. « Et tant que je ne connais pas bien le mec, qu’on n’est pas en couple, c’est niet. »
En termes d’accès, la France se montre plutôt efficace : les préservatifs sont gratuits en pharmacie sur simple demande pour les moins de 26 ans, et remboursés depuis 2019 sur prescription. Les données du ministère de la Santé montrent que 15,7 millions de préservatifs ont été distribués en pharmacie et pris en charge par l’Assurance maladie entre janvier et juillet 2023, soit 2,4 fois plus qu’en 2022. Toutefois, cela s’avère insuffisant : l’usage du préservatif chez les adolescents de 15 ans sexuellement actifs diminue significativement en Europe depuis dix ans, selon un rapport de l’OMS publié en 2024.
Les adolescents sont également concernés. Émeline, 17 ans, a vécu un vrai cauchemar il y a six mois. « Il m’a fait du chantage pendant trente minutes pour ne pas mettre de capote. Je l’aimais beaucoup, il le savait et il s’est servi de mes sentiments pour me manipuler. Il refusait catégoriquement de mettre un préservatif. Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi. Pour lui, c’était tout simplement un grand « non ». J’ai fini par pleurer et je suis partie. J’en ai parlé à ma psy après parce que je ne comprenais pas son attitude et pourquoi ça m’avait mise dans cet état-là, et elle a mis un mot là-dessus : le refus de consentement… »
Si de nombreux hommes refusent ou négocient la protection durant les rapports, les choses pourraient empirer, selon Sidaction. Un homme sur dix (11 %, et un jeune homme de 25-34 ans sur cinq, soit 18 %) affirme comprendre le « stealthing », qui consiste à retirer un préservatif sans prévenir son/sa partenaire si l’on estime que c’est imposé. Parmi ceux qui adhèrent aux théories masculinistes, 34 % cautionnent cette pratique répréhensible. Cependant, la France ne considère pas le « stealthing » comme une agression sexuelle ou un viol, malgré l’absence de consentement.

