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« Chauves, la revanche » : France 5 raconte comment la calvitie est passée « de la honte à la fierté »

Nous sommes les 6 décembre 2022 lorsque dans un coup de communication magistral, Kyan Khojandi apparaît sur le plateau de Quotidien… chevelu. Chauve depuis plusieurs années, l’humoriste s’est fait poser un complément capillaire sans en parler à personne. « Quand j’ai laissé tomber mes cheveux, j’ai ressenti une vraie paix, en mode : « Je n’ai plus à me battre, en fait. » […] En accédant à une certaine notoriété, de plus en plus de gens se sont mis à me rappeler que j’étais chauve. », confiera-t-il dans une vidéo-révélation postée sur Instagram une semaine plus tard. Il confesse la complexité « pour un homme de perdre ses cheveux ».  « D’ailleurs j’embrasse toute la team chauve, je sais qu’à chaque fois qu’on se croise, il y a une vraie empathie entre nous. »

Et si après des décennies de dénigrement, les chauves tenaient leur revanche ? « On s’est dit que c’était un terrain de jeu assez enthousiasmant car complètement vierge malgré une thématique qui concerne beaucoup d’hommes », indique Paul Sanfourche à 20 Minutes. Il a co-réalisé le documentaire Chauves, la revanche, diffusé ce vendredi sur France 5, avec la voix du même Kyan Khojandi en fil rouge.

Si la masculinité se résume parfois aux muscles, à la voix ou au sexe des hommes, elle serait aussi dressée par milliers sur leur tête. Ce film est un trait d’union entre le regard porté sur les crânes dépourvus de cheveux et les représentations des chauves dans les médias. Le duo à la réalisation propose une « épopée culturelle masculine, de la honte à la fierté ».

« De Jean-Claude Dusse à The Rock »

Comment le fanfaron dégarni est devenu une machine de guerre stylée ? Depuis des décennies, les chauves sont l’objet de nombreux fantasmes nourrissant à la fois un imaginaire qu’on espère souvent lointain et une répulsion. « Les hommes qui ont des cheveux se posent aussi des questions », insiste Valentin Mollette, le second co-réalisateur. « On regarde souvent son père, son grand-père pour savoir ce qui va nous arriver. »

Comment petit et grand écrans alimentent-ils depuis toujours nos imaginaires sur la calvitie. « Il y a une évolution très nette », assure Paul Sanfourche. « On est passé de Jean-Claude Dusse à The Rock. On a rapidement vu qu’il y avait une trajectoire assez précise où on est passé de quelque chose de mal assumé à quelque chose d’empouvoirant. »

D’une calvitie toujours subie – car personne ne choisit d’avoir un front qui s’élargit au fil du temps – à une libération du cheveu par un crâne lisse comme une prise de pouvoir que cet état de fait, il n’y aurait qu’un pas. Comme lorsque Kyan Khojandi a choisi de laisser la tondeuse finir le travail après avoir vu tomber ses premiers cheveux à 20 ans. « Moi j’ai assumé et je me sens bien, je me trouve plutôt cool avec mon crâne chauve », confie-t-il par vidéo interposée.

« Ils avaient envie de se livrer »

Les crânes lisses, les sans cheveux, les boules à zéro… C’est à ceux dont la morphologie crânienne brille sous les projecteurs que le film donne la parole. Durant trois mois, le binôme de réalisateurs est parti à la rencontre du youtubeur Carlito, du comédien Éric Judor, du danseur François Alu, ou encore de l’ex-footballeur Franck Leboeuf. Ils racontent leur « révolution intime et collective », ce moment où se départir de leur masse cappilaire a été une révélation.

« Comme c’est une question qui n’a pas été beaucoup explorée, ils avaient envie de se livrer, de raconter quelque chose, dévoile Paul Sanfourche On a senti qu’ils avaient retenu des choses en eux pendant de nombreuses années. »

De leurs enregistrements, ils retiennent des histoires marquantes qui se rejoignent. « On s’est rendu compte qu’ils étaient passés par les mêmes étapes, avaient vécu la même évolution, le même apprivoisement de son reflet dans le miroir », se souvient Valentin Mollette. Et jusqu’à l’expérience du bisou sur le crâne, porte-bonheur à l’équipe de France de football et son emblématique capitaine Fabien Barthez en 1998. « D’ailleurs on n’embrasse pas le crâne des chauves, on arrête avec ça », conclut Paul Sanfourche.