Chantage à la sextape : protagonistes de l’affaire à Saint-Etienne.
À partir de lundi et jusqu’à vendredi, le tribunal judiciaire de Lyon va juger le maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, et plusieurs proches, dans l’affaire dite « du chantage à la sextape », rendue publique grâce aux révélations de Mediapart en août 2022. Gaël Perdriau a été mis en examen dans l’affaire pour « chantage », « détournement de fonds publics » et « association de malfaiteur ».
À partir de lundi et jusqu’à vendredi, le tribunal judiciaire de Lyon jugera le maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, ainsi que plusieurs de ses proches, dans l’affaire dite « du chantage à la sextape », qui a été dévoilée par Mediapart en août 2022. Qui sont les acteurs de cette affaire ? Quels sont leurs rôles ? Pourquoi sont-ils impliqués ? 20 Minutes présente les protagonistes de cette affaire politico-judiciaire singulière.
Gaël Perdriau, le commanditaire ?
Âge : 53 ans, né à Cholet.
Situation familiale : non divulguée.
Parcours : Diplômé de l’ESC Saint-Étienne, il a fait carrière dans l’énergie en tant que cadre commercial chez EDF avant de se lancer en politique. Militant de droite, proche des centristes, membre de l’UMP puis des LR, il entre à la mairie de Saint-Étienne en tant qu’adjoint en 1995 sous Michel Thiollière. Élue maire et président de la métropole de Saint-Étienne depuis 2014. Il a été vice-président des Républicains, parti dont il a été exclu en octobre 2022. Il est toujours en poste à la mairie malgré les accusations portées contre lui.
Rôle présumé dans l’histoire : Il est accusé d’avoir commandité le piège contre Gilles Artigues pour « éradiquer » cet opposant. Il a été mis en examen pour « chantage », « détournement de fonds publics » et « association de malfaiteurs », des accusations qu’il conteste depuis les révélations de Mediapart.
Gilles Artigues, la victime
Âge : 60 ans, né à Saint-Étienne.
Situation familiale : Marié, père de quatre enfants. Sa famille l’a toujours soutenu.
Parcours : Professeur de mathématiques, ex-député (2002-2007) et figure centriste locale. Il se présente à la mairie en 2014 et est nommé ex-premier adjoint à la mairie de Saint-Étienne (2014-2022). Très catholique, conservateur et proche de l’Église. Il démissionne de ses fonctions de premier adjoint quelques jours avant d’être nommé directeur diocésain de l’enseignement catholique du Tarn, à Albi.
Rôle dans l’histoire : En janvier 2015, lors d’un déplacement à Paris avec d’autres collaborateurs, une vidéo de lui est tournée à son insu dans une chambre d’hôtel. On le voit y recevoir des massages érotiques d’un escort-boy. Il déclare ne pas se souvenir de cet événement, précisant qu’il était allé simplement boire un verre. Un an et demi plus tard, Pierre Gauttieri, le directeur de cabinet du maire, lui aurait montré les images de cette nuit-là, cherchant à lui faire comprendre qu’il risquait un scandale s’il prenait trop d’indépendance politique vis-à-vis de Gaël Perdriau. Il aurait qualifié ce piège de « assurance-vie politique ». Gilles Artigues aurait alors été soumis à un chantage par Pierre Gauttieri et par le maire lui-même. Pendant des années, il a vécu un cauchemar et a envisagé le suicide, enregistrant toutes les conversations qu’il avait avec le maire et son équipe pour que sa famille puisse comprendre les raisons de son acte. Il est la victime déclarée et partie civile dans ce procès.
Pierre Gauttieri, le bras droit de Gaël Perdriau
Âge : 55 ans, d’origine italienne.
Situation familiale : non connue.
Fonction : Titulaire d’un diplôme en stratégie militaire et de Sciences Po, il a travaillé dans la presse écrite en tant que pigiste. À la fin des années 1990, il devient responsable éditorial auprès d’Alain Madelin (Démocratie Libérale) à Paris. Il est recruté à Saint-Étienne dans les années 2000 par l’ancien maire Michel Thiollière, puis a été attaché parlementaire de Paul Salen, député de la Loire, de 2011 à 2014. Il a été directeur de cabinet du maire (ville, puis métropole) pendant douze ans et bras droit de Gaël Perdriau de 2014 jusqu’à son licenciement en 2022.
Rôle présumé dans l’histoire : Il est accusé d’être l’un des organisateurs de l’opération de chantage. Il est mis en examen pour « chantage », « utilisation, conservation ou divulgation d’un document ou d’un enregistrement portant sur des paroles ou images à caractère sexuel et obtenu par une atteinte à l’intimité de la vie privée d’autrui », « complicité de détournement de fonds publics » et « association de malfaiteurs ».
Gilles Rossary-Lenglet, le cerveau du « kompromat » ?
Âge : 53 ans.
Situation familiale : Ex-compagnon de Samy Kéfi-Jérôme, ancien adjoint au maire.
Parcours : Ancien voyant, libraire, chroniqueur et conseiller en communication, il est arrivé à Saint-Étienne dans les années 2000. À cette époque, il s’engage en politique d’abord au sein du Parti socialiste puis dans le mouvement MRC de Jean-Pierre Chevènement, dont il devient le leader. Il se désiste pour soutenir Gaël Perdriau aux élections municipales de 2014, où figure également Samy Kéfi-Jérôme.
Rôle présumé dans l’histoire : Il a affirmé avoir organisé le piège contre Gilles Artigues, en concevant le scénario, en trouvant la caméra et l’escort-boy. Il aurait agi avec son ancien partenaire en échange de financements [40.000 euros], distribués via des subventions à deux associations. Il déclare avoir agi à la demande du maire et de son entourage pour neutraliser le centriste quelques mois après les élections. C’est lui qui a révélé l’affaire à Mediapart, affirmant ne pas avoir été correctement rémunéré. Il fournit également des enregistrements concernant une tentative de complot impliquant une prostituée mineure, avec Michel Thiollière, l’ancien maire. Il est mis en examen pour « participation à une association de malfaiteurs », « complicité de chantage », « utilisation, conservation ou divulgation d’un document ou enregistrement portant sur des paroles ou images à caractère sexuel et obtenu par une atteinte à l’intimité de la vie privée d’autrui », et « recel de bien obtenu à l’aide d’un détournement de fonds ». Il reconnaît les faits et se considère comme un « lanceur d’alerte ».
Samy Kéfi-Jérôme, le bon élève
Âge : 45 ans, originaire de la région parisienne.
Situation familiale : Ex-compagnon de Gilles Rossary-Lenglet.
Parcours : Ancien professeur et directeur d’école, il s’engage en politique dans les années 2000. Il adhère au Parti socialiste lors de son arrivée avec son ancien compagnon dans l’Ondaine. Après déménagement à Saint-Étienne, il rejoint le Modem puis l’UMP avec Gaël Perdriau en 2014. Il devient adjoint à l’éducation et au numérique et conseiller régional sous l’étiquette des LR. Il a démissionné de ses deux mandats après les révélations de Mediapart.
Rôle présumé dans l’histoire : Selon son ex-compagnon, il aurait suggéré au maire et à son directeur de cabinet les compétences de Gilles Rossary-Lenglet pour le chantage. Il était également présent lors du déplacement à Paris en 2015. Il est mis en examen pour chantage et association de malfaiteurs, les mêmes chefs d’accusation que les autres.

