C’est quoi le « juste prix » d’un sapin de Noël ?

Avec l’hiver venu, il est temps de mettre la main à la poche. Non pas à cause du froid, mais pour acheter le traditionnel sapin de Noël qui trônera dans son salon pendant les fêtes de fin d’année. Oui mais voilà, combien ça va coûter ? Avec la baisse du pouvoir d’achat, la hausse des coûts, les aléas climatiques, va-t-il falloir hypothéquer sa maison pour y arriver ? C’est quoi le « juste prix » du roi des forêts ? 20 Minutes n’a pas hésité à se pencher sur cette épineuse question.

Un juste prix, pas si facile à définir. Car il dépend des commerçants, de leur localisation, de la taille du sapin, de sa catégorie, de son esthétique… La liste des critères à prendre en compte est interminable. Rappelons d’abord que la filière du sapin de Noël naturel a été touchée par la sécheresse en 2022, certains ayant perdu jusqu’à 25 % de plants sur leur parcelle, mais aussi par la hausse des coûts qui perdure depuis. Autant d’épines dans le pied qui avaient amené les producteurs de sapins de Noël à pratiquer une augmentation « raisonnée » du prix à la vente.

Pour ce nouveau cru 2024, une météo favorable avec de bonnes pluies, le tout saupoudré d’une légère diminution du prix des carburants, a redonné (en partie) le sourire aux producteurs. Dans la sapinière O’Vent des sapins, à Loie en Vendée, Valérie Picard annonce : « En volume, on a plutôt la même quantité de sapin que les autres années mais ils sont beaux et de bonne qualité parce qu’ils n’ont pas souffert de la chaleur et ont eu de l’eau comme il fallait. » Si la productrice se dit également satisfaite, c’est aussi parce qu’elle n’a pas trop subi les hausses du coût de transport. « On n’a pas modifié nos tarifs cette année et l’année dernière nous n’avions augmenté que de 2 ou 3 % le prix. Cette fois-ci, le prix du carburant a pourtant rebaissé, mais le pouvoir d’achat aussi, donc on a décidé de maintenir les mêmes prix ».

Le roi du salon ? Le Nordmann de 175 cm

Alors, le prix juste pour un beau sapin ? Les plus demandés chez Valérie Picard sont les Nordmann mesurant entre 175 cm et 200 cm. « Le cœur du marché » les 150-175 cm avec 80 % des ventes, annonce l’Association française du sapin de Noël naturel (AFSNN). « A la ferme, en direct, qualité extra, nous les vendons 44 euros aux particuliers. Les magasins eux vont les vendre un peu pus cher pour se faire une marge, mais on leur vend moins cher aussi. »

Direction maintenant le Morvan, principale région productrice des sapins de Noël de l’Hexagone, devant la Bretagne et Rhône-Alpes, avec plus d’un million de conifères spécial Noël. La région donne un peu « le la » de la tarification. Jean-Christophe Bonoron, producteur, mais aussi président de l’Association française du sapin de Noël naturel (AFSNN), rappelle d’abord les dures lois du marché. « On est toujours un peu juste au niveau des quantités produites mais au total, entre 5,8 et 6 millions de sapins sont vendus chaque année en France, dont 20 % sont importés, essentiellement de Belgique, du Danemark, des Pays-Bas. »

« Le prix du cœur »

Si le spécialiste confirme « la qualité exceptionnelle cette année des sapins », la difficulté a été que la pluie a rendu le travail du sol bien plus difficile. « On s’est adapté, lors de la plantation, de la coupe, on a pris du matériel plus léger, mais c’était plus long et donc cela augmente les coûts pour le producteur. Les salaires aussi ont augmenté, ainsi que toutes les matières premières comme le filet, les palettes en bois, les étiquettes. » Malgré cela, « on part plus ou moins sur les mêmes prix que l’année dernière », confirme Jean-Christophe Bonoron.

Beaucoup plus à l’Est, dans les Vosges, chez le producteur et grossiste Déco sapins, Nicolas Masson explique aussi avoir « rechigné à augmenter le prix de vente », tout comme d’autres producteurs de la région. En cause, la crainte d’un pouvoir d’achat limité, « déjà nettement ressenti à la Toussaint ». A qualité égale, pour un Nordmann 150-175 cm premier choix, le consommateur paiera, selon Déco sapins, entre 39 à 45 euros son conifère. La taille supérieure dans les 50 à 55 euros.

Bien sûr, si l’on n’est pas très regardant, il est possible d’en trouver des moins chers. Il est évidemment possible de les acheter en ligne, sans trop savoir à quoi il ressemble exactement. Mais aussi auprès d’associations, qui elles font souvent des précommandes et ne margent pas comme un commerce.

Notre dossier sur les sapins de Noëlhttps://www.20minutes.fr/dossier/sapin_de_noel

Ou bien encore carrément de se le faire rembourser, sous certaines conditions et sous forme de coupon de réduction, comme dans une enseigne de meuble en kit bien connue. Là, le prix approche les 25 euros pour les sapins allant jusqu’à 170 cm et les 30 euros pour les plus grands. Difficile donc, voire impossible, d’établir un seul « juste prix », si ce n’est, comme dit par un fleuriste de Rhône-Alpes, que « son prix, c’est juste celui du cœur ».