France

C’est quoi ces soirées « offline » qui cartonnent un peu partout en ce moment ?

«Je vous le laisse volontiers ! Je suis venue pour ça », lâche Lois Shafier, en abandonnant son téléphone à l’entrée d’une soirée du « Offline Club » à Londres. Ici, pas de notification, pas de réseaux sociaux mais des rencontres, dans le monde réel.

Les tickets s’arrachent pour ces « digital detox » de deux heures. Mi-février, la soirée affichait une nouvelle fois complet, avec plus de 150 personnes présentes, la plupart des jeunes adultes entre 20 et 35 ans. Pour ce moment sans téléphone, ils ont payé 9,50 livres sterling (11,40 euros).

« Les gens recherchent une connexion authentique »

Depuis le lancement du club fin octobre, plus de 2.000 personnes ont participé. « Cela grossit très vite », explique Ben Hounsell, le fondateur du club à Londres. « Beaucoup de gens réalisent que tenir son téléphone à l’écart pendant quelques heures leur fait du bien », ajoute le jeune homme de 23 ans. Des clubs ont également ouvert à Paris, Barcelone, Dubaï.

Mais le tout premier club a été créé il y a un an à Amsterdam, par Ilya Kneppelhout et deux amis. « Il y a bien une addiction au smartphone et aux réseaux sociaux. Nous l’utilisons même si nous savons que cela ne nous fait pas de bien », explique Ilya Kneppelhout, qui confie avoir été inspiré par des clubs de lecture, comme Reading Rhythms à New York ou le Silent Book Club. Selon lui, le « Offline Club » répond donc aussi à « une épidémie de solitude […] Les gens recherchent une connexion authentique avec d’autres personnes, loin des écrans ».

Contrôler son usage du smartphone

Des influenceurs ont eux-mêmes essayé de lever le pied. La Française Léna Mahfouf a raconté mi-novembre son « mois sans écran » à ses millions d’abonnés. Venetia La Manna, militante sur les réseaux sociaux pour une mode équitable, se déconnecte tous les week-ends et le fait savoir avec le mot dièse #offline48. « Je suis davantage présente avec mes proches. Je dors mieux. Je suis plus créative », explique-t-elle.

Pour la plupart des gens, le smartphone et les réseaux sociaux « ne nuisent pas à la santé mentale », affirme Anna Cox, professeure à l’université UCL à Londres, spécialisée dans l’interaction entre l’humain et les technologies. Il s’agit plutôt « d’occasions manquées », comme une discussion avec son conjoint plutôt que du temps passé sur l’écran.

Mais il existe « d’excellentes stratégies » pour contrôler son usage du smartphone. On peut ainsi trouver des applications qui fixent des limites de temps passé sur les réseaux sociaux. Autre astuce, mettre l’écran en noir et blanc permet de le rendre aussi moins attrayant. « Nous devons nous éduquer – et en particulier les jeunes – à prendre le contrôle de nos appareils », insiste la spécialiste dans l’interaction entre l’humain et les technologies.